ATHENA-DEFENSE

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A propos de Clausewitz

« L’heure du triomphe sonne avec l’exploitation de la victoire » - « La victoire ne saurait être consommée si l’on ne poursuivait pas derechef le vaincu » Est-ce l’effet de mon ignorance ? Est-ce l’effet de mon incorrigible tendance à combattre cet intellectualisme parfois justifié parfois outrancier, celui qui parfois suit un effet de mode, de tendance.. Mot qui ne veut rien dire, je vous l’accorde.. Mais ces deux affirmations « Clausewitzienne » sorties de leur contexte ne sont-elles pas des truismes ? Je sens déjà le murmure provoqué par mes rodomontades, l’iconoclaste que je suis, assume. Ces phrases que l’on qualifie d’actualités, ne pourraient-on pas les remanier de manière irrévérencieuse ?
Par exemple : « L’exploitation de la victoire vient après le succès des batailles » ou bien, « Sans victoire il ne peut y avoir de retour à la paix » et encore « Gagner la guerre est la condition minimum pour préparer la paix » et enfin « On peut gagner une guerre et perdre sa victoire » Je persiste assume et signe. Est-ce si judicieux d’affirmer que la destruction de l’autre est essentielle pour obtenir un rapport de force plus favorable pour la poursuite de la guerre future ? J’en reste coi.
Aurais-je mal compris ? Epargner l’ennemi n’est-il pas justement le moyen d’atteindre l’objectif, et singulièrement dans la guerre contre insurrectionnelle et asymétrique ? Clausewitz tenait-il compte d’un élément déterminant qui avait moins d’importance à son époque qu’aujourd’hui, celui de l’opinion publique et des médias ? Quant à l’exploitation ne devrait-on pas dire plutôt la phase de stabilisation, et de retour à la normalité, (l’état de paix étant aussi difficile à définir que l’état de guerre), celle-ci réussira d’autant mieux que la victoire en sera mesurée non pas à l’aune de la destruction de l’autre mais à l’aune de sa capacité à assumer sa propre reconstruction. Parmi les 100000 citations de Clausewitz, qui les aura lue dans leur intégralité ? J’en retiens une, « En aucun cas, la guerre n’est un but par elle-même. On se bat jamais, paradoxalement que pour engendrer la paix, une certaine forme de paix. »

Et j’appelle à l’aide un autre stratège, qui curieusement, peut-être parce qu’il est français (corse oui je vous l’accorde) et qui reste, malgré tout, furieusement mésestimé. On lui doit nos réelles dernières grandes victoires, on lui doit aussi nos plus glorieuses défaites.. Napoléon Bonaparte, peut-être que son pragmatisme dérange, n’est pas à la mode. Et pourtant ? Je le préfère, peut-être parce qu’il est tellement moderne, et qu’il parle plus à ma sensibilité « N’interrompez jamais un ennemi qui est en train de faire une erreur » Le génie est justement celui de comprendre qu’il est justement en train d’en faire une… N’est-il pas ?

Je laisse le mot de la fin à celui que je place au-dessus de tous les autres : « Quoi qu’on dise, les guerres civiles sont moins injustes, moins révoltantes et plus naturelles que les guerres étrangères quand celles-ci ne sont pas entreprises pour sauver l’indépendance nationale » A méditer : François René de Chateaubriand -Essai sur les révolutions-

Un dernier mot, ce qui me gêne chez Clausewitz, c’est son universalité, donc sa compromission, mais je lui reconnais son irresponsabilité dans cet état de fait. En tout cas on lui fait dire ce que l’on veut bien lui faire dire. Talent ou imposture ? Ainsi selon le monde diplomatique de novembre 2009, on aurait retrouvé un exemplaire annoté « de la guerre » dans une grotte de Tora Bora. appartenant à Al Quaïda. Après Hitler, Lénine, et Mao Tsé Toung…Et fort heureusement Raymond Aron, promis, juré, je vais m’y mettre.



22/04/2010
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