ATHENA-DEFENSE

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A propos de communicants et de communication

Alors que nous entrons dans une forme exacerbée de la communication en période d'élection majeure,

Je me demande si suggérer  que  la communication est une forme de  perversion de la démocratie, ne revient pas à proposer en échange une forme de totalitarisme, comme si l’alpha et l’oméga était justement la maîtrise de toute communication. Heureusement que celle-ci  échappe de temps en temps à ses gourous et parvient à un objectif inverse aux buts recherchés. Combien de communications maîtrisées n’ont eu pour finalité d’échapper à leurs concepteurs en accentuant l’incompréhension des masses ?  Pour avoir vécu de l’autre côté du rideau de fer, j’ai quelques souvenirs de la communication qui s’adressait aux masses en RDA et en Pologne. C’était une communication maîtrisée, mais totalement déconnectée des réalités à tel point que les sujets et objets de la communication faisaient semblant d’en accepter les valeurs, en déconnectant encore plus ceux qui étaient censés orienter la pensée et ceux qui étaient censés la recevoir.. La communication depuis toujours n’est pas seulement le fait de transmettre quelque chose à quelqu’un, mais bien le fait d’entraîner ce quelqu’un vers sa propre pensée. Ce qui est vrai d’individu à individu est tout aussi vrai d’une classe dirigeante à  une opinion qui ne sait pas à quel point elle peut être manipulée. A moins qu’elle ne soit entretenue volontairement dans l’ignorance. Ce qui fait la différence entre un système totalitaire et une démocratie, c’est justement le fait que la première essaye de maîtriser sa communication pour déresponsabiliser et fondre les individus dans une masse cohérente et plus facilement malléable ; ce que la seconde essaye de réaliser de manière tout aussi insidieuse avec l’aide de médias souvent complice par défaut. Cependant la démocratie offre une nuance d’importance, celle que tout individu peut  sans risques et s’il en a le goût et l’effort rechercher et recouper son information afin de se forger une opinion autant que possible objective. La difficulté vient souvent  du fait que « communicants » et « médias par journalistes interposés» appartiennent souvent au même monde, celui d’une certaine forme de militantisme. Les processus de médiatisation et de circulation d’informations semblent difficilement analysables.  L'Etat démocratique tire sa légitimité de l'adhésion du citoyen, mais désormais celui-ci se sent de plus en plus exclu du processus démocratique, ce qui ouvre les portes à toutes les dérives. La faute a une simplification à outrance des faits sociétaux et à une réduction de la politique à une forme communicante.. Dominique WOLTON, dans  « Penser la communication », indique que la communication normative serait une communication "de fond", où l'important est la compréhension mutuelle, alors que la communication fonctionnelle est une communication "de la forme", dont le but est l'efficacité du moyen.. Je crains que l’on soit désormais uniquement dans une communication de forme et non de fond. L’issue est de croire en la capacité de critique du citoyen or celle-ci sera de moins en moins réelle, la suppression de l’enseignement de l’histoire est une  atteinte à cette capacité puisque sans connaissance du passé, il est de plus en plus difficile de décoder le présent et encore moins d’orienter l’avenir.

Les communicants s’arrogent finalement un pouvoir qu’ils ne maîtrisent que par défaut.  

 



19/01/2012
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