ATHENA-DEFENSE

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Écoutes: au bal des faux-culs la Stasi s'est invitée. (actualisé)

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La référence à la Stasi et au film «  La vie des autres » que j’avais moi-même mentionnée dans un précédent article,  cf  -Quelques conseils si vous êtes sur écoutes-, citée par Nicolas Sarkozy, je n’ai pas la prétention de penser qu’il m’ait lu,  largement reprise et commentée par les médias et  ceux qui nous gouvernent, me renvoie à mon propre dossier, celui de la Stasi de l’ex Allemagne de l’Est et par extension,  ceux du KGB et du SB polonais.

 

J’ai fait, en effet,  l’objet de la sollicitude de ces trois services étrangers, autant par les écoutes, que par les filatures, les tentatives de déstabilisation et de compromission sur moi-même et ma famille. Ces dossiers ont au moins un mérite, celui de reconnaître la spécificité du métier qui fut le mien, des risques encourus, et donne un semblant  de reconnaissance officielle, à défaut de celle qui ne vint jamais de la part  des autorités françaises pour lesquelles j’ai ( mais je pourrais dire nous)  travaillé, et au profit desquelles j’ai ( je devrais dire nous)  risqué ce qui sur l’échelle des valeurs ne vaut pas grand-chose, modestement  ma peau. Que ceux qui pourraient en sourire me contacte directement, je leur dirais ce que j’en pense.

 

Nous sommes pas très nombreux à avoir eu cet « honneur » et je tiens  ces documents à la disposition des journalistes ou des historiens, au cas où, par honnêteté intellectuelle, ils souhaiteraient savoir à quoi ressemble un dossier de la STASI et j’y inclus volontiers Monsieur Sarkozy et Maître Herzog.

 

C’est en date du 14 juillet 2010 que j’ai reçu, les fiches de renseignement de la part du Bundesbeauftragte für die Unterlagen des Statsicherheitsdienstes des Ehemaligen Deuteschen Demokratischen Republik pour faire simple, de la chargée d’affaire pour les dossiers de la sécurité d’Etat de l’ex DDR par l’intermédiaire du BsTu, services secrets de la RFA.

 

Ce dossier a été obtenu légalement suite à ma demande, conformément à la loi votée par le Bundestag.  Quelques courtes années après la réunification, la RFA a eu la sagesse d’ouvrir les archives de la STASI et de les rendre accessibles aux citoyens allemands de l’Est comme de l’ouest,  (nous qui  donnons des leçons à la terre entière, nous continuons à ne pas rendre accessible certains dossiers datant de la seconde guerre mondiale ou de la guerre d’Algérie). 

Cette loi  qui autorise tout citoyen allemand à accéder à son dossier personnel, s’il  soupçonne  d’avoir été l’objet de surveillance de la part de la STASI a été étendue  à tout citoyen européen.  Autre bel exemple de démocratie..  Nos politiques qui aujourd’hui, sans cesse, font référence à la Liberté, Liberté chérie, à l’égalité et à la fraternité devraient s’en inspirer.

 

Ayant été   considéré comme un espion par les services de l’Est durant plus de 7 ans,  j’ai donc demandé d’effectuer des recherches afin de trouver des traces officielles portant mon nom.  

 

Je ne suis pas de ceux qui confondent  le simple agent de renseignement militaire que j’étais, c'est-à-dire agissant sous sa propre identité avec nos agents français de la DGSE qui agissent  en toute clandestinité. Je laisse donc  le qualificatif espion à ceux qui le méritent.

 

Sauf que, je fus "espion" en quelque sorte  par extension,  désigné et ciblé  par les services secrets Est-allemand, et par le KGB en RDA puis par le SB en Pologne. Pire encore, je suis cité en Pologne comme espion dans les minutes d’un procès concernant un  citoyen Polonais. - Merci  Miroslaw de m’avoir contacté - Bref espion officiel sous couverture militaire en RDA et diplomatique en Pologne. Cependant il convient de souligner  que sur le terrain, la différence entre un clandestin en civil tenant un appareil photo ou des jumelles et un non clandestin est parfois ténue. (je salue au passage le colonel C. qui se reconnaîtra - le port  de guerre de Świnoujście vous vous souvenez de mon arrestation ? )  sans compter  mes 6 arrestations en RDA appelons cela blocage et une  en Pologne, plus une multitude de chaud au fesses..  La nuit à l’Est dans les gares il fait plus froid qu’ailleurs. Ceux qui ont connu cela s’en souviennent.

 

Ainsi, à  la MMFL, comme dans certaines ambassades de l’Est,  au-delà du rideau de fer, si  nous avions le sens de la nuance, nos adversaires eux, ne l’avaient pas.

 

Cette remarque frappée au coin du bon sens  est tout aussi valable aujourd’hui pour les  opérateurs du 13°RDP, ceux du 1° RPIma  de la brigade de renseignement et ceux de la brigade des forces spéciales, qui exécutent des missions Humint sans savoir réellement où commence l’espionnage et où finit la simple ballade touristique.  Aujourd’hui, comme à l’époque de cette guerre froide que l’on évoque sans trop savoir de quoi l’on parle à l’occasion de la crise Ukrainienne  ou des écoutes visant Sarkozy, comparaison n’est pas raison, on renvoie à un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.. Guerre froide et Stasi. La Vie des autres prend tout son sens quand elle fut la nôtre.

 

Mais je m’égare…  Traduction de quelques éléments inclus au dossier..

 

La lettre d’introduction de la Bundesbeauftragte für die Unterlagen des Statsicherheitsdienstes des Ehemaligen Deuteschen Demokratischen Republik évoquée précédemment indiquait donc que «  Dans la portion centrale de Berlin, nous avons trouvé une fiche avec des renseignements de personnalité vous concernant. Sur cette fiche est mentionnée votre prise en compte par la section WA VIII. Cette section était responsable depuis 1955 des renseignements concernant les membres des missions militaires étrangères. A l’ouverture des archives de la section WA VIII nous avons trouvé des documents vous concernant  comportant des renseignements de personnalité qui étaient enregistrés sous le N° M/S WA VIII N°8242.

 

….. Une autre fiche de personnalité a été trouvée dans le fichier central du VSV/ZAIG5. Le ZAIG5  (service d’analyse et de renseignement section 5 ) était responsable du suivi de réalisation de l’accord des Etats socialistes pour la recherche du renseignement sur « l’ennemi » en russe SOUG. Dans le SOUG, on trouvait des renseignements opérationnels concernant certains personnels( PK) 

 

… D’après les renseignements connus, Pietrini est un collaborateur des services secrets militaires 2° Bureau à l’ Etat major des forces françaises.  Il a commencé le 6 août 1979 .. Son parcours militaire avant son emploi, nous n’avons aucune information..  Pietrini a été employé régulièrement pour des missions de reconnaissance en DDR… A cette époque, nous avons constaté que Pietrini prenait de plus en plus d’initiatives personnelles pour des activités d’espionnage détaillées.. il a été constaté en particulier au cours de l’année 1981  une augmentation sensible du non respect des accords…  qui ont abouti à 3 blocages préventifs par des membres du GSSD, en fait de la NVA en l’espace de quelques mois…

 

…  La même année Pietrini a pris part à une tentative de prise de contact avec plusieurs citoyens de la DDR dans un café pour les questionner. Ces personnes ont été débriefées par les services régionaux compétents. Dans la  période qui  a suivie, il y a eu beaucoup moins d’incidents, certainement dus à une façon plus réfléchie et plus raffinée de sa façon de procéder pour ses activités d’espionnage..

Une renforcement des mesures de contrôle a également joué un rôle important..

 

....Pietrini a fait montre dans ces occasions d’un comportement empreint d’un sentiment de supériorité voire même dans certains cas d’arrogance. Dans sa façon d’être, son comportement et son allure, il s’efforçait d’apparaître très militaire..

 

..... La famille Pietrini possédait en 1982 un grand chien nommé ALEX ( empoisonné en Pologne, sans en connaitre l'origine). A Berlin ouest Reinickendorf  la famille Pietrini possédait en 1982 un 5 pièces au 23 de la cité Foch…  une employée allemande qui travaillait.. les contacts ou les relations de Pietrini dans le domaine opérationnel ne sont pas connus…

 

Des documents photographiques sont disponibles auprès de nos homologues polonais..

 

Mon dossier comportent environ une centaine de page :  Tout est passé au crible avec les erreurs et approximations inhérentes à ce genre de dossiers.

 

En RDA, 80000 officiers et probablement 200000 collaborateurs  travaillaient pour la STASI qui  n’était bien évidemment pas contrôlée par la justice,  elle-même à la botte du pouvoir.  Les  citoyens de RDA étaient tous susceptibles d’être écoutés, suspectés ou dénoncés. En qualité d’espion je le fus et considérai que cela était naturel.  C’était mon job et nous étions préparés à cela. Je ne voudrais pas que mon pays bascule, sous couvert d’indépendance de la justice  et de lutte anti-terroristes dans ces atteintes aux libertés individuelles. Tout le monde peut être considéré présumé coupable, qui n’a pas eu une petite enfreinte à la loi ? Dissimulation de revenus, travail au noir..

 

Mais de grâce,  au bal des faux-culs nous sommes tous invités à partager le gâteau anniversaire des soi-disant libertés et respect des droits de la présomption d’innocence.

La Justice si elle se trompe,  doit rendre des comptes. Ce n’est pas faire injure aux magistrats de l’exiger et ce n’est qu’avec cette contrainte que les citoyens retrouveront confiance. Quant à ce qui s’étale dans la presse au détriment d’un seul homme, sans contrôle et sans qu’il puisse se défendre, c’est une saloperie républicaine .   

 

Cependant,  j’estime que tout en subissant un acharnement  surprenant et inique, Monsieur Sarkozy utilise des mots inadéquats pour sa défense, il n’est pas nécessaire de  comparer ce qui n’est pas comparable et en l’occurrence la France à l’ex Allemagne de l’Est. Mais, OUI  des dangers existent, ils sont réels. Il faut être vigilant.  

 

Vous  n’êtes définitivement, d’un côté comme de l’autre, exempts d’aucun reproche, d’aucune outrance. Oui,  le juge d’instruction  décide et n’est contrôlé par personne, OUI,  cela représente un danger. Nous l’avons constaté lors de récentes affaires,  Outreau entre autres.

 

C’est bien là le problème, mais qui fait les lois ?  Vous ! Alors changez les ! Et cessez d’en profiter lorsque celles-ci vous arrangent.

 

Notre démocratie n’offre plus suffisamment  de garantie pour les citoyens soupçonnés coupables. La référence à la Stasi est outrance, le fait  par le gouvernement envers et contre tout dit qu’il n’était pas au courant des écoutes est  mensonge. Cessez de nous manipuler ! Et la manipulation ainsi que la désinformation  faisaient partie des missions de la Stasi  sur ce point avec beaucoup de nuances,   je vous rejoins Monsieur Sarkozy. . 

 

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22/03/2014
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