ATHENA-DEFENSE

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Audition du Cemat

Extrait de l’ Audition du général d’armée Elrick Irastorza, chef d’état-major de
l’armée
de terre, sur le projet de loi de finances pour 2011 devant la commission de la
défense de l’assemblée nationale :

 

…. Le niveau de notre engagement opérationnel stricto sensu est retombé à 7 200 hommes, ce
qui engendre mécaniquement une diminution du nombre de jours d’activité opérationnelle sur les théâtres et une perte de savoir-faire qui doit être automatiquement compensée par un nentraînement plus soutenu et donc par une augmentation des journées de préparation opérationnelle. À enveloppe constante de 133 millions d’euros, le nombre de jours de préparation et d’activité opérationnelles diminuera légèrement : 116 jours sont prévus en 2011 contre 120 en 2010 ; nous tomberons probablement à 111 jours en 2012 et à 105 en 2013. En revanche, parce qu’il y va de la sécurité des vols, l’objectif de 180 heures de vol par an et par pilote sera maintenu dans l’ALAT, dont 20 de vol sur appareils de substitution et 20 heures par transformation de 60 heures de vols sur simulateurs en heures de vol réel. En cas de contraintes supplémentaires, il n’y aura pas d’autre solution que la réduction du nombre de pilotes.

 

S’agissant des équipements, nous sommes désormais bien entrés dans ce que j’appelle le 3e cycle de régénération depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le détail est présenté dans le chapitre 4 du projet de loi de finances. Les commandes et les livraisons devraient être conformes à la programmation à l’exception du véhicule haute mobilité (VHM) ramené de 15 à 10 engins et du lance-roquettes unitaire (LRU).

La démarche consistant à engager sans attendre les équipements neufs (Tigre, VBCI, CAESAR, ARAVIS, PVP par exemple.) sur les théâtres d’opérations sera poursuivie en 2011, avec la projection de missiles Javelin, du véhicule de détection de mines SOUVIM 2, ou encore de FELIN, cette dernière étant envisagée à la fin 2011, une fois terminé l’entraînement d’appropriation du système. Le 1er régiment d’infanterie (RI) vient d’être équipé FELIN.

Suivront en 2011, le 13e bataillon de chasseurs alpins, le 16e bataillon de chasseurs, le 92e RI et le 35e RI. Cinq régiments d’infanterie sur vingt seront donc « félinisés » en fin d’année ; parmi eux, deux sont déjà équipés du VBCI, les 35e et 92e RI.

En dépit d’un processus de renouvellement de ses équipements qui mérite d’être souligné pour son impact immédiat sur notre capacité opérationnelle et le moral des soldats, l’armée de terre reste depuis 2005 en deçà de la barre des 20 % des crédits consacrés à ses équipements majeurs. 2007 fut d’ailleurs une année particulièrement difficile. Avec 1 743 millions d’euros accordés en 2011 au titre du programme 146, elle perdra 139 millions d’euros en valeur absolue par rapport à 2010 – ce qui se conçoit dans le contexte actuel – et régressera à 18,2% de l’enveloppe globale à périmètre équivalent. Cela ne me semble plus tout à fait en phase avec la volonté du Livre blanc de mettre l’accent sur la remise à niveau des moyens terrestres.

 

 

Pour ce qui relève des programmes à effets majeurs, j’ai trois préoccupations.

Tout d’abord, avant d’envisager de démembrer le programme Scorpion, il faut se souvenir de sa finalité première : rompre avec les dispendieuses habitudes du passé en recherchant d’emblée un maximum de points communs entre nos équipements neufs ou en cours de rénovation pour en réduire les coûts et faciliter ultérieurement leur soutien.
Ce programme fédérateur incrémental devra, sous la contrainte, faire preuve d’une certaine plasticité, mais y renoncer serait, à court terme, une régression conceptuelle et, à long terme, une source de
surcoûts. Ensuite, le premier véhicule blindé multi-rôles, appelé à remplacer nos VAB des années
soixante-dix aujourd’hui sursollicités, devra impérativement être livré en 2015 au coût unitaire maximum de un million d’euros pour l’engin de base.

 

Enfin, décaler au-delà du raisonnable l’entrée en service du LRU privera nos armées de la seule
capacité interarmées tactique combinant actuellement précision quasi métrique, portée étendue (70
kilomètres) et employabilité immédiate quelles que soient la météo et l’heure du jour et
de la nuit. 252 roquettes ont été commandées en 2009, il reste à réaliser l’adaptation des
lanceurs du 1er régiment d’artillerie (RA) à cette nouvelle munition puisqu’ils ne peuvent plus
tirer les roquettes à sous-munitions. Il faut se souvenir que c’est parce que je comptais sur cette transformation de l’actuel lance-roquettes multiple que j’ai proposé la réduction de
moitié de notre artillerie.

( Mon commentaire : Et oui mon général, cela s’appelle se faire avoir en beauté, si cette décision était
maintenue, la France aurait désormais une artillerie squelettique … et une Arme blindée sans chars de combat )

 

……

 

Avant d’aborder la maintenance, j’aimerais vous rappeler le volume de nos parcs actuellement déployés en opérations : 1 800 véhicules sont projetés dont plus de 1 000 blindés parmi lesquels 600 VAB et 24 VBCI. Il convient d’y rajouter les équipements en transit et ceux immobilisés pour cause de rénovation chez les industriels. Cela représente les équipements de 11 régiments sur les 86 que nous comptons encore. Il s’ensuit inévitablement un fort sentiment de sous-équipement en métropole mais surtout une accélération de l’usure des parcs. La maintenance fonctionne désormais conformément à ce qui a été planifié, tant en termes d’organisation avec la création de la SIMMT, du SMITer, la poursuite du regroupement géographique des unités de maintenance, qu’en volumes et en choix des

matériels à soutenir. Compte tenu de la priorité accordée en pièces détachées et d’un rythme de travail sans interruption, la disponibilité technique sur les théâtres est supérieure à 91 % pour le matériel terrestre et 79 % pour les hélicoptères. Le prix à payer est une disponibilité tout juste suffisante en métropole pour conduire un entraînement compatible avec nos contrats

opérationnels. Trois leviers me permettent de préserver autant que faire se peut les équipements : la

mise en œuvre de la politique d’emploi et de gestion dynamique des parcs. Ensuite, la mise sous potentiel de la quasi-totalité des véhicules blindés – dont bien sûr le LECLERC dont le soutien en service postproduction est désormais contractualisé – le soin enfin apporté à l’emploi opérationnel des équipements au prix d’une formation plus exigeante. L’armée de terre s’efforce de préserver ses équipements d’accompagnement et de cohérence, en y consacrant 245 millions d’euros. Avec une enveloppe de 181 millions d’euros, elle continue à porter une attention soutenue à l’entretien programmé du personnel. Les actions entreprises depuis cinq ans, notamment dans le domaine de l’équipement individuel, ont produit les effets attendus sur notre capacité opérationnelle, la protection et lemoral de nos soldats. Cet effort ne doit pas se relâcher.

 

 

 

M. Philippe Vitel, président. Je voudrais, mon général, vous interroger sur le système FELIN. Le contrat a été signé par la DGA le 1er mars 2004 et concernait 31 445 équipements dont 22 500 pour l’infanterie. Pouvez-nous faire le point sur les 22 500 commandes en cours, les livraisons – 3 107 – effectuées en 2010, celles à venir – 4 036 – en 2011 et les unités livrées en priorité ? J’aimerais également savoir si la version 2 du FELIN est toujours d’actualité. L’arme blindée, le génie, la cavalerie seront-ils dotés ? Grâce au plan de relance, nous devions arriver au chiffre de 500 roquettes LRU mais nous n’en serions aujourd’hui qu’à la moitié : avez-vous un calendrier des livraisons ?

M. le général d’armée Elrick Irastorza.

Le FELIN est un système modulable conçu pour la protection, la communication mais aussi l’agression. L’infanterie recevra des systèmes complets, à l’inverse des blindés, du génie ou de l’artillerie qui seront partiellement équipés de systèmes moins complets. La cible est de 22 500 systèmes. Quatre régiments d’infanterie seront livrés chaque année à partir de 2011, ce qui représente une livraison annuelle de 4 000
systèmes.

C’est un programme qui a connu des difficultés pendant sa phase de validation et a subi quelques
ajustements. C’est aujourd’hui un excellent système qu’il reste à s’approprier. Il sera probablement appelé à évoluer dans les années qui viennent pour tenir compte des évolutions technologiques.

Les crédits du plan de relance ont été essentiellement consacrés à l’ARAVIS et à la densification des
commandes du VBCI. Pour ce qui concerne les roquettes LRU, 250 ont effectivement été
commandées en 2009 et nous attendons la poursuite des opérations.

.......

 

M. Damien Meslot. Vous nous avez fait part de votre inquiétude concernant le déploiement des
roquettes LRU. Nous parlons maintenant de 2014. N’y a-t-il pas un risque de voir ce déploiement abandonné ? N’y a-t-il pas, en conséquence, un risque que des régiments disparaissent,
notamment le 1er RA ?

 

M. le général d’armée Elrick Irastorza. Il
y avait 1 700 canons déployés par l’armée française à Verdun ; l’artillerie n’en possède aujourd’hui plus que 128 qui doivent être complétés par les LRU pour couvrir la zone d’engagement et fournir à nos unités les appuis nécessaires dans un espace relativement vaste. Notre capacité opérationnelle dépend donc du déploiement futur des LRU dont les performances ont déjà été évoquées. Nous
avons toujours des LRM, mais il est vrai que le 1er RA est un régiment d’artillerie qui n’a plus

d’artillerie puisqu’il ne peut plus tirer les roquettes à sous-munitions (protocole d’Oslo).
Il dispose certes de batteries de radars Cobra, de systèmes de détection d’artillerie et de mortiers

de 120, mais il va naturellement connaître une baisse capacitaire pendant les deux prochaines

années. À terme, la question de son maintien se posera, surtout si la livraison tarde trop ou ne se fait pas.

…….

 

 

M. Christophe Guilloteau. Le
CAESAR est–il utilisé au combat en Afghanistan ? Vous avez évoqué les véhicules blindés ARAVIS. Pourriez-vous nous dire où en sont les achats ?

M. le général d’armée Elrick Irastorza. Nous
sommes à mi-parcours pour le CAESAR. La première livraison est terminée ; sur une cible de 77, il nous en reste quatre à recevoir en 2011 et nous devrions percevoir une deuxième tranche après 2015. Déployé en Afghanistan, il tire avec une précision remarquable. Il est souvent utilisé en binôme avec le système de drone tactique intérimaire (SDTI) qui permet de régler un tir à partir du moment

où un drone se trouve au dessus. Nous comptons le déployer également au Liban en remplacement du canon 155 AUF1....


 

M. Philippe Vitel, président.

Jeséance est levée à onze heures trente.

 

Commentaire:

 

Tous les chefs d'Etat major sont conscients de la situation, et ils tiennent un langage de vérité, celle de l'Armée de terre est plus que difficile, l'impasse qui se dessine pour certains programmes majeurs risque d'obérer notre capacité d'engagement classique pour de nombreuses années, et le rattrapage coutera très très cher, nous paierons par un surcout les économies supposées d'aujourd"hui.

——fpfp——

 



05/08/2012
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