ATHENA-DEFENSE

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Décès du major Robert Schroetter

I

Robert Shroetter Halle RDA 1983 après une embuscade,  dernier

 à droite 

 

De la gauche vers la droite: Adjudant chef Pauchet, Major PIETRINI, Major BACH, Capitaine Bouchaud et Adjudant chef Schroetter

 

 

 

 

 

Il était observateur et chef d'équipage à la MMFL, il  était aussi un camarade dans le sens noble du terme, celui avec lequel nous avons partagé les mêmes risques. Arrivés ensemble à la MMFL en août 1979, il arrivait du 13°RDP, J'arrivais de Saumur.  Nous avons effectué ensemble nos premières missions tant terrestre  qu'aérienne. Nous en repartions ensemble en 1983, définitivement différent tant le travail de la mission nous avait transformé. .. Puis nous nous sommes retrouvés à Saumur, comme ESR, aussi proches que peuvent l'être ceux qui ont partagé ce que seuls les missionnaires peuvent comprendre.

 

Quelques jours avant son vrai départ, j'étais passé le voir, nous avions évoqué ce sentiment de liberté qui fût le notre.. ses yeux lui mangeait le visage. Il y a plusieurs manière de se dire adieu. Nous nous sommes dit adieu. Je n'oublie pas en ses circosntances, son épouse et ses filles, sa famille et ses amis (nombreux) Tu es allé avec cette maladie "au delà du possible" Tu es parti en paix.  

 

 

 

Varennes sur Loire, le 12 novembre 2011.

 

Hommage du président de l’Amicale des anciens de la MMFL à Robert SCHROETTER.

 

Cher Robert,

 

Je ne pourrai malheureusement pas être là pour vous saluer avant votre Grand Départ pour une autre vie. C’est pourquoi j’ai demandé à Roland d’être mon interprète auprès de vous et de votre famille pour ce dernier hommage au nom de l’Amicale des anciens de la Mission Militaire Française de Liaison auprès du haut commandement soviétique en Allemagne.

 

Dans nos carrières, nos chemins se sont croisés pour la première fois en juin 1983.  Vous vous apprêtiez à quitter Berlin, après un premier tour de 4 années à la MMFL, et j’y arrivais pour en devenir le chef. Vous étiez alors un jeune Adjudant.

D’emblée, votre caractère affirmé, votre allant, votre joie de vivre chaleureuse et communicative m’ont frappé. Plus tard, j’ai pu mieux apprécier d’autres facettes de votre attachante personnalité comme votre loyauté et votre fidélité en amitié.

J’avais aussi perçu votre « aura » parmi vos chefs et vos pairs de la section Terre de la Mission. Tous vous considéraient comme un missionnaire expérimenté, solide et sûr, dont la compétence était unanimement reconnue, aussi bien comme observateur, que comme chef d’équipage dans les missions du Local de Potsdam.

Il m’avait aussi semblé discerner chez vous un côté un peu « grognard ». Vous savez, ces soldats de l’Empire qui râlaient, mais qui marchaient et gagnaient les batailles. Et vous, vous marchiez plutôt bien, et on pouvait compter sur vous en toutes circonstances !

Mais d’autres anciens missionnaires vous ont mieux connu au cours de ce premier séjour à la MMFL. Ainsi, le général Manificat vous qualifiait avec justesse comme :          « un homme de caractère,  très énergique et capable d’initiatives fulgurantes,  rigoureux, discipliné, rustique et résistant,  enthousiasmé par son métier d’observateur pour lequel il prenait des risques,  très compétent dans sa connaissance des forces soviétiques et est-allemandes,  et de surcroît excellent linguiste en allemand. »

Sans doute, deviez-vous aussi ces qualités militaires à votre expérience antérieure, de 11 années au 13ème Régiment de Dragons Parachutistes, dans les équipes de recherche du renseignement dans la profondeur - expérience qui vous a formé et bien préparé à ce travail si particulier qu’effectuaient les équipages de la MMFL au sein même du dispositif de notre ennemi potentiel en Allemagne de l’Est.

En quittant la Mission, vous avez alors connu une première déception. Au lieu d’une affectation dans un emploi du renseignement dans lequel votre expérience et vos compétences auraient été plus efficacement utilisées, vous vous retrouvez au 4ème Régiment de Dragons à Moumelon, régiment de chars lourds. Certes, votre arme d’appartenance était bien l’Arme Blindée et Cavalerie, mais, parachutiste, vous aviez été jusque-là bien loin de l’emploi des AMX30.

À l’issue de ce purgatoire, vous étiez de nouveau affecté à la MMFL en 1988.  Ce séjour a été écourté, car, malheureusement pour les Missions de Potsdam, et heureusement pour l’Europe, le Mur de Berlin est tombé un peu plus d’un an après votre arrivée.

La réunification de l’Allemagne a mis un terme définitif aux missions de la MMFL en octobre 1990. Et le 29 juin 1991, vous avez été le dernier à éteindre la lumière et fermer les portes du bâtiment « Adjudant-chef Philippe Mariotti », le bâtiment 25b du Quartier Napoléon à Berlin.

Cette disparition de la MMFL, « sans tambour ni trompette » comme vous l’avez si bien décrite dans un article de notre bulletin Propousk, vous avez laissé, comme à beaucoup d’anciens missionnaires, un goût amer.

Et puis dans la foulée, vous vous êtes retrouvé à Vienne, où, pendant trois années, vous assurez avec brio les fonctions de secrétaire du poste de l’attaché de défense, grâce en particulier à votre parfaite connaissance de la langue allemande. Vous étiez alors bien loin des missions exaltantes et souvent risquées au-delà du Rideau de Fer que vous exécutiez à la MMFL. Mais Vienne a beaucoup de charme. Votre famille l’a sûrement apprécié à sa juste valeur.

Enfin c’était le retour au bercail, à L’Ecole de l’Arme Blindée et Cavalerie de Saumur. Vous terminez votre carrière de militaire d’active 6 ans plus tard avec le grade d’adjudant-chef et la Médaille militaire. Et vous avez continué à servir jusqu’à l’année dernière dans la réserve active.

             Mais un autre combat commençait contre une maladie implacable et douloureuse, physiquement comme moralement. Vous avez fait face à votre destin avec courage jusqu’à la délivrance finale.

Au nom des anciens de la MMFL je veux vous rendre, cher Robert, ce dernier hommage que nous devons à un bon camarade, à un ami, à un frère d’armes, à un soldat qui a bien servi son pays avec bravoure, honneur et fidélité. A Dieu Robert.

Nos pensées vont vers vous, chère Francine, et aussi vers vos filles, Caroline, Anne-Sophie et Marie-Laure. Nous savons combien une telle maladie est terriblement éprouvante pour toute la famille, et combien le vide laissé par le départ d’un mari et d’un père aimé est aussi une épreuve qu’il faudra assumer. Nous partageons votre peine. Nous n’avons hélas rien d’autre qui puisse soulager votre chagrin si ce n’est toute notre profonde sympathie et toute notre sincère affection.

 

Général (cr) Jean-Paul Huet.

 

   



26/11/2011
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