ATHENA-DEFENSE

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Flux migratoire: l'évidence du pire

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J’avais écrit  en janvier 2015 : Flux migratoire : le pire est peut-être à venir. Sept mois plus tard, la photo du cadavre de ce petit garçon sur une plage turque rappelle que le pire est venu,  que l’épouvantable n’est pas loin. Je reconduis donc cet article avec plusieurs remarques : les migrants étaient auparavant en majorité des hommes, aujourd’hui les femmes et les enfants représentent 30% de la totalité. C’est nouveau et cela non seulement traduit que le phénomène s'installe dans la durée mais qu'il prend une nouvelle dimension.  

L’Europe est au premier plan car elle est  terre d’accueil, nous avons donc le devoir de gérer ce problème. Cette migration est la conséquence en premier de la déstabilisation voulue mais non assumée  d'une  politique étrangère américaine inconséquente et largement décrite dans d'autres articles, y compris ici,  et en second, d'une politique de courte vue menée par  une Europe faible. La France et la Grande-Bretagne partagent une lourde responsabilité, notamment  dans la déstabilisation de la Libye et dans  la gestion de la crise syrienne.

Enfin, la question se pose sur la passivité des pays arabes riches  face à cette catastrophe humanitaire majeure. Que font-ils concrètement ? Quelle aide financière et humanitaire concèdent-ils ? Leur silence est évocateur et  leur solidarité envers le monde musulman, auquel ils appartiennent  particulièrement discret. 

 

D'autres enfants noyés s'échoueront donc sur d'autres plages. Il s'ajouteront à ceux qui seront ignorés.

 

Entre 1993 et 2006 on estime à 7000 le nombre de morts conséquence de flux migratoires vers l’Europe, or cette statistique ne tenait aucun compte des disparus en mer ou des jetés par-dessus bord en cours de navigation et ne traduisait en fait qu’une infime partie de ce drame humain. En 2015, le phénomène a pris des proportions qui risquent de nous poser directement le problème de notre  sécurité sanitaire et celui de notre sécurité  tout court.

On ne peut laisser ainsi crever des humains sans les secourir, Il était plus "confortable" de les laisser crever en faisant semblant de ne pas les voir,  en Syrie, en Irak ou ailleurs. Qu'en sera-t-il lorsque Daesh aura exporté sa terreur au Liban, en Jordanie, en Algérie, au Maroc et en Tunisie? Ces populations fuient avec femmes et enfants parce qu'ils fuient l'horreur de la guerre. Les flux des migrants pour raisons économiques ont rejoint ceux des migrants qui fuient l'horreur. Il faudra s'y faire, et il ne sert à rien de se cacher la réalité.  

 

Cette tragédie que l’on définira d’hécatombe ou non,  selon le prisme par lequel on l’examine, prend soudain une nouvelle tournure : désormais les « passeurs » utilisent des cargos poubelles pour entasser des populations fuyant la guerre et la misère avant de les abandonner en pleine mer en comptant sur notre obligation morale à les sauver et l’Europe - avec l’Italie en première ligne- puis la Grèce, plus récemment la Hongrie. La solidarité des pays européens est à rude épreuve, et les accords de Schengen sont menacés. 

 

L’abandon de 450 clandestins en mer à bord de l’Ezaden battant pavillon de Sierra Leone, partant de Chypre et dont la destination déclarée était Sète, signifie que les passeurs ont fait le choix d’un véritable changement d’échelle. Désormais ce ne sont pas des petites embarcations qui sont utilisées mais des navires dans lesquels il est possible d’entasser plus encore de réfugiés. Quelques jours auparavant c’était le Blue Sky avec 760 clandestins, le 20 décembre c’était un navire parti de Turquie avec 800 réfugiés  qui utilisait la même  tactique.

 

 

 flux et mortalité.gifFlux et mortalité


J'écrivais en janvier 2015: 

Devant de telles tragédies et face à ce problème de flux migratoire véritable hémorragie de la partie sud de la Méditerranée vers les pays du nord, l’Europe se propose aucune solution efficace mais semble faire l’objet d’un plan de déstabilisation progressive qui conforte la stratégie avouée des islamistes.

 

Le 3 octobre 2013,  plus de 400 migrants se noyaient au large de l’île de Lampedusa, au sud de l’Italie. Rome annonçait dans la foulée la suspension du plan « Mare Nostrum », qu'elle avait mis en place suite au naufrage, et qui avait permis, en un an, de sauver près de 144 000 réfugiés et d’arrêter quelque 500 trafiquants.  Les partenaires européens de l'Italie ont accusé Mare Nostrum d'augmenter le flux de l'immigration clandestine, car elle facilitait la prise en charge des immigrés à peu de distance de leur point de départ. L’Europe a donc transformé Mare Nostrum en Triton. Les 25 navires et 9 avions mis à disposition par la communauté européenne n'interviennent plus qu'à une distance maximale de 30 milles des côtes de la Sicile, en espérant compliquer la tâche des passeurs.

En utilisant de vieux cargos plutôt que de petites embarcations,  les trafiquants ont appréhendé immédiatement le problème posé, puisqu’avec mare nostrum,  l’Europe venait sauver quasiment à domicile les réfugiés,  désormais, les marchands de rêve, assassins de leur propre peuple, réussissent à conduire leur cargaison à portée des garde-côtes avant de  les abandonner.

Depuis l'instauration il y a deux mois du nouveau plan Triton, «  le nombre d'immigrés clandestins parvenus sur les côtes italiennes est égal, si ce n'est supérieur, à celui de l'époque de Mare Nostrum, soit 8 000 arrivés par mois et d’ailleurs rien n'indique que certains trafiquants ne continuent pas d'utiliser des embarcations légères au mépris des risques encourus par les immigrés ». Cf Dominique Dunglas- Le Point

Dorénavant, les «petits» passeurs font donc place aux réseaux structurés. Il faut accepter l’idée qu’il est probable que les sources du financement des activités terroristes proviennent aussi en partie de l’activité des passeurs.  A 5 000 dollars le passage pour être sur le pont et 2 000 dollars pour voyager en cale, le commerce s'avère juteux.  Après le marché de la drogue, le marché des clandestins serait devenu le second marché le plus lucratif au monde.

Pour le seul continent africain, plus facilement mesurable, et selon les estimations d'Europol, 80 % des Africains qui cherchent à immigrer clandestinement en Europe font appel aux mafias des passeurs. "En moyenne, les migrants paient 1 000 euros pour les services de ces derniers", précise la Frankfurter Allgemeine Zeitung. "Le nombre des candidats à l'émigration étant estimé à 300 000, cela donnerait un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros par an.

Les défis que doit désormais relever l’Europe ont dépassé le niveau de la protection de son simple confort. Nous sommes menacés directement par une stratégie de déstabilisation autrement plus grave dans la mesure où  elle semble obéir à une réflexion profonde sur nos faiblesses structurelles. La machine à fournir des réfugiés est parfaitement réglée. La mise en place dans les pays déstructurés (souvent par l’irresponsabilité des occidentaux) d’une politique de la terreur a pour conséquence de pousser les populations hors de leur territoire et de leur repère. L’exploitation dans un second temps de leur tentative à rejoindre des pays qui représentent un espoir en Europe profite aux organisateurs des voyages sans retour… Enfin dans un troisième temps l’incapacité pour une part d’entre eux de leur non intégration risque d’alimenter en ressource humaine le terrorisme origine de leur propre turpitude.

Il faut donc se convaincre que la lutte contre les flux migratoires en Europe ne peut  se résoudre par l’énoncé de solution  simpliste du genre « renvoyions les dans leurs pays », ces pays que nous avons contribué à profondément déstabiliser ; Libye, Syrie, Irak, mais en privilégiant des solutions transverses : lutte contre les sources de financement des terroristes, tels que trafics en tout genre, drogue, esclavage et traite humaine, vente d’armes, blanchissement d’argent, lutte en amont contre les approvisionnements des réseaux terroristes, destruction de leur base, mise en place de politique culturelle alternative à l’islamisation forcée.

Face à ses défis, l’Europe  est bien seule à gérer les flux en provenance de Méditerranée centrale et occidentale plus 21% pour la première avec 6000 immigrants dénombrés et plus 272% avec 153603 immigrants dénombrés pour l’autre sans compter les clandestins qui échappent à tout contrôle.  ( cf carte) 229 073 clandestins enregistrés en janvier et octobre 2014. Nous en sommes aujourd’hui à 800 000. La France quant à elle se bat militairement dans la zone subsaharienne sans recevoir d’aide des autres pays susceptibles de lui en donner. L’Europe devra revoir profondément sa politique et singulièrement l’Allemagne coffre-fort européen. Le réveil risque d’être  terrible, en cette année 2015. Le pire  est présent, l’épouvantable est peut-être venir.

Sources : Olivier Clochard (Migrinter), Alain Morice (CNRS, Paris), United for Intercultural Action, Gibraltar : Association des familles de victimes de l'immigration clandestine (AFVIC), police aux frontières (PAF) des ports de Nantes et de la Rochelle, Jean Christophe Gay, Les discontinuités spatiales, Economica, Paris, 1995, Le Monde, AFP, Reuters, AP, Eleftherotypia (Athènes).

 

Roland Pietrini

 

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Flux migratoire dans le monde

 

 

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03/09/2015
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