ATHENA-DEFENSE

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Général Pierre de Villiers, la tête dans les étoiles: portrait

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Général Pierre de Villiers

 

Le général Puga est confirmé pour un an encore dans son poste de chef  d'état-major particulier du président de la République (EMP),  quant au  général de Villiers il est le nouveau CEMA en remplacement de l’amiral Guillaud atteint par la limite d’âge. Dans ce milieu hautement étoilé, les nominations obéissent avant tout à des lois « politiques ». 

 

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Général Puga

 

Un   CEMA terrien, un autre terrien à la tête de l’EM particulier de la présidence,  il ne faut pas s’y tromper entre Hubert ( Puga) et Pierre ( de Villiers) c’est le mariage voulu de la carpe et du lapin. Il faut diviser pour mieux régner. Qu’on en juge, l’un est considéré, pour faire court  comme un repman  rompu aux interventions  africaines, il saute sur Kolwezi en mai 1978, intervient au Gabon en 1979, à Djibouti en 1980 et 1981, au Liban en 1982, en République centrafricaine en 1983, et enfin au Tchad(opération Manta) en 1984. Il fut aussi le commandant des forces spéciales. L’autre est un cavalier plus traditionnel, fin et racé, qualificatif d’un autre temps certes, mais tellement parlant, plus compétent sur les interventions classiques.   Il a commandé un régiment de chars, il en connaît toute l’importance dans l’emport de la  décision ou dans l’effet dissuasif. On se souvient de l’action des Leclercs au Kosovo,  en juin 1999, il commande pendant 5 mois le bataillon d’infanterie mécanisée de la Brigade Leclerc, entrée en premier au Kosovo dans le cadre de la KFOR,  il commande aussi en 2006 le Regional Command Capital (RCC) en Afghanistan qui regroupe 2500 militaires de 15 nationalités différentes.

Les deux  hommes sont devenus de hauts responsables de la défense et sont pour le  moins,  parties prenantes du nouveau format de nos armées.  

 

 

Selon Jean Guisnel du Le Point  « la nomination du nouveau Cema se traduit par une absence totale des marins de la haute hiérarchie militaire et des postes interministériels majeurs. L'armée de l'air dispose d'un homme de poids dans le dispositif : le général de corps aérien Antoine Noguier, hiérarchiquement placé en quatrième position dans le cabinet de Jean-Yves Le Drian. »

 

Le général  Puga avait fait en sorte que  Pierre de Villiers, qui avait été initialement retenu par Nicolas Sarkozy pour le poste de CEMA ne soit pas validé. Or, puisque  le général Puga reste chef du cabinet militaire du Président de la République, il est probable qu’entre les deux hommes de culture différente le courant risque de ne pas forcément passer.    "Villiers aura fort à faire avec Puga, le militaire d'influence de la période. Selon  Nathalie Guibert du Monde. « Ce sont des officiers généraux très compétents à n'en pas douter. Mais les équilibres choisis par Hollande ont un côté “Mitterrand et l'OAS” », commente un expert de la défense classé à gauche. « On peut caricaturer en disant que l'on a les francs-maçons au cabinet du ministre et les cathos dans la haute hiérarchie militaire. »

 

 

J’ai croisé le  général Pierre de Villiers alors qu’il était  capitaine commandant l’EED 7 ° DB au Valdahon..  J’étais alors Président des sous-officiers du 5° régiment de Dragons et j’étais encore marqué par mon long passage en RDA.  Sur mon initiative, j’ai donné quelques cours « vivants » de renseignement à son escadron, avec sa complicité. Je l’ai même baladé  avec mon petit  4x4 de l’époque sur les pistes à chars (il avait le pied dans le plâtre), où je me suis magnifiquement et littéralement planté après avoir dévalé une pente en marche arrière après l’avoir monté en marche avant jusqu’à l’instant fatidique où ma voiture faute de puissance est descendu par où elle était montée.   Il m’est apparu à l’époque comme un officier proche et aimé de ses hommes. Entre nous, le courant est très vite passé. Jeune major et chien fou, j’avais une énergie à soulever des montagnes, je ne me trouvais pas à ma place dans un régiment classique, je me sentais entre parenthèses avant mon départ pour la Pologne. 

Je l’ai ensuite revu en 2008 à Saumur lors de l’un de son passages, à moins que ce ne soit en 2006 alors qu’il commandait la 2°BB. Nous avions échangé quelques  mots en aparté, il était alors pressenti  pour  le poste de chef du cabinet militaire du Premier ministre. Il espérait déjà je le pense un autre poste. Je resterais discret sur cet échange qui fut direct et sincère.

 

Autant que je puisse en juger, le général de Villiers , est un homme d’accès  facile, culturellement  catholique (dans la mesure où cela a de l’importance), proche en un temps du général de Dinechin avec qui j’ai eu aussi quelques contacts personnels, ( j’ai à l’époque fait  une conférence sur le GFSA au profit des cadres de la 7°DB à Besançon)   et avec lequel il partage quelques traits de caractère.  C’est un cavalier avec ses qualités et ses défauts.  Hautement intelligent, il fait partie naturellement de cette aristocratie, sans jeu de mots,  des serviteurs de l’état qui placent  la loyauté au dessus de tout.  

 

J’imagine qu’il aurait tout aussi bien servi le  Roi qu’il ne sert aujourd’hui la République. Son expérience acquise est forgée par sa proximité avec  des cercles de décision depuis plus de 12 ans. Il appliquera donc sans état d’âme les directives d’un ministre qui désormais possède tous les moyens de son pouvoir.  Pierre de Villiers est un esprit fin et lucide qui réservera ses critiques auprès d’un cercle  restreint, mais il est par son éducation et de culture légitimiste. Il ne fera pas de révolution  de palais. Contrairement à son frère Philippe qui reste un entrepreneur né, il ne partage ni son  esprit frondeur, ni son courage politique, ni son  souverainisme. 

 

 

Il ne fera pas, sauf surprise, de son poste un pôle de résistance envers un ministre ayant repris toutes ses prérogatives au détriment du CEMA. Il restera un modèle de classicisme et appliquera  le livre blanc auquel il a participé. Ce n’est ni un baroudeur, ni un rebelle, c’est un soldat classique, et certains ne manqueront pas de le  lui reprocher. Il aura finalement eu une carrière exemplaire.

 

Je serais tenté de lui dire, étonnez moi Mon général ! Mesurez l’ampleur de la tâche, et la mesure des sacrifices qui sont imposés aux hommes. Je vous sais sensible à la dimension humaine  de notre métier. Nous sommes certes capables de gagner des conflits asymétriques  limités du genre Mali, mais nous ne sommes plus en mesure d’affronter une crise où nous serions seuls, confrontés à un ennemi symétrique, faute de   réserves suffisantes, au moins sur le plan terrestre. Même si cette hypothèse n’a pas été retenue dans la rédaction du livre blanc, on ne peut éliminer cette menace aux frontières de l’Europe.  Vous avez devant vous une tâche immense.

 

 

 

CV : Pierre Le Jolis de Villiers de Saintignon est général d'armée français né le 26 juillet 1956 à Boulogne en Vendée. Il est le frère de Philippe de Villiers

Il est admis à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1975 et entre à la fin de sa formation dans l'arme blindée cavalerie et rejoint l'école d'application de l'arme blindée et de la cavalerie. Il est chef de peloton de chars AMX30 au 2e régiment de Dragons à Haguenau dans le Bas-Rhin dès 1978.

Il commande l'EED7, Escadron d’Eclairage Divisionnaire de la 7e division blindée à Valdahon dans le Doubs, puis il est promu chef de corps du 501e-503e régiment de chars de combat à Mourmelon-le-Grand dans la Marne. En juin 1999 , il commande pendant 5 mois le bataillon d'infanterie mécanisée de la Brigade Leclerc, entrée en premier au Kosovo avec l'opération KFOR. Il est également à trois reprises instructeur des sous-officiers et des lieutenants à Saumur

Il sert une douzaine d'années, en deux séjours, à Paris à l'état-major de l'armée de terre puis à l'inspection de l'armée de terre. De septembre 2003 à juin 2004 , il est auditeur au Centre des hautes études militaires et à l'Institut des hautes études de défense nationale. Adjoint au chef de cabinet militaire du Premier ministre le 1er juillet 2004, il est promu général de brigade le 1er décembre 2005. Il est nommé commandant de la 2e brigade blindée et commandant d'armes de la Place d'Orléans le 1er août 2006. De décembre 2006 jusqu'à avril 2007 , il commande le Regional Command Capital (RCC) en Afghanistan qui regroupe 2500 militaires de 15 nationalités différentes. Il est nommé chef du cabinet militaire du Premier ministre à compter du 15 septembre 2008, puis il est major général de l’armée de terre, et enfin, Major général des armées.

 

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18/01/2014
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