ATHENA-DEFENSE

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la Menace " Extrait"' En Syrie

Toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite

 

Ces extraits ne dévoilent pas la véritable histoire de "La Menace"

 

Je recherche un éditeur  "courageux"

 

 

 

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Ils sortirent de la petite medersa. Charles avait fini par comprendre que le lieu où il se trouvait était une ancienne école, installée à un carrefour de plusieurs pistes, qui avait dû servir à plusieurs villages. Les Toyota avaient été regroupées sous des arbres face  à  la petite piste de montagne montant vers le nord.  Sur le  premier véhicule flottait  un grand  drapeau du Hezbollah libanais attaché au pare-brise ainsi qu’un panneau d’identification air-sol jaune et vert plaqué sur le capot.

En dépit des scènes qu’il venait de vivre, Charles ne put  que constater toute l’habilité de Karim et surtout sa prévoyance. En maquillant  ainsi l’un des véhicules,  il donnait au  convoi une chance d’échapper aux frappes aériennes d’opportunité. En 2015,  le  Hezbollah, fidèle à Bachar al-Assad  avait augmenté  sensiblement son nombre de combattants en Syrie  en les faisant  passer de cinq mille à environ sept mille et   possédait une forte autonomie de mouvements dans la zone proche du Liban en appui des troupes restées fidèles au gouvernement de Damas.  Leur nombre avait encore augmenté en dépit des pertes subies et pouvait être estimé aujourd’hui à dix mille

Karim ordonnait le chargement des véhicules et la répartition des passagers.  Les deux femmes montèrent dans la caisse du second Toyota et se recouvrirent  immédiatement d’une couverture. Il fit signe à Charles de monter  aussi dans celui-ci en place passager avant.  Ayman, apparemment l’homme de confiance de Karim,   était déjà en place à l’arrière dans la caisse. Karim prit le volant du premier  avec les deux moudjahidin restants.  Un  quatrième passager en djellaba blanche le rejoignit. Charles pensa qu’il s’agissait de l’un des deux hommes de la veille. 

Le conducteur de Charles se dénommait  Basem. Sa Kalachnikov était posée entre les deux sièges avant.  Sans attendre, le convoi démarra. C’est alors que Charles s’adressa à Basem et lui demanda leur destination. Sans hésiter,  celui-ci répondit  qu’ils prenaient la direction d’Aasal Al-Ward. La neige commençait  doucement à tomber, sans tenir au sol.  Selon les calculs de Charles, cette bourgade devait se trouver à environ 10 km.

Dans ses notes, Charles avait écrit : « Je pensais en ces instants que la situation m’était devenue plutôt favorable. Ni Ayman, ni Bassem, n’avaient apparemment reçu des ordres pour me considérer comme un prisonnier. J’avais l’impression d’avoir un statut parfaitement étrange d’invité sous surveillance. Mais je faisais un constat, Karim me tenait dans sa main, je n’avais à aucun moment pu reprendre une quelconque initiative. Il me tenait sans aucune chaine, en me laissant suffisamment de liberté pour maintenir en moi l’illusion que je pourrais encore obtenir de lui ce que j’attendais. Je devenais progressivement son soumis,  sa lope. Objectivement, il n’avait commis aucun faute, il avait raison, en annonçant par avance ses intentions, il montrait qu’il était le maître d’un jeu dans lequel, je jouais le seul rôle qu’il me concédait, celui d’un témoin passif. Balloté comme un fétu dans ce Toyota que je ne conduisais plus, j’étais devenu passager de ma propre histoire, au point que j’avais l’impression d’avoir oublié l’exigence de ma mission et l’objectif  qui était le mien»    

Dans leur refuge,  Lucien et Sacha  comprenait que quelque chose était en train de se passer. Ils avaient observé à plusieurs reprise le vol d’un drone Dozor russe facilement indentifiable, celui-ci semblait passer presque à leur verticale  toutes les vingt minutes ; ils en conclurent qu’il suivait un circuit régulier de type hippodrome sur la zone.  Ce manège dura environ 2 heures, puis ce fut un passage à basse altitude de deux  Soukhoï 25 russes d’attaque au sol  chargés de bombes. Ceux-ci semblaient voler en suivant  un axe sud- nord en longeant les montagnes. A 15h ils reçurent un  message flash crypté de la centrale. Une offensive syrienne était en cours en direction de Lattaquié afin de faire jonction avec les troupes au sol russes renforcées du Hezbollah. Le Hezbollah était chargé plus particulièrement du renseignement en zone montagneuse. Le message concluait à rester sur place en attendant des ordres ultérieurs et le cas échéant,  d’abandonner les quads pour rejoindre à pied un lieu de récupération. Ils pensèrent tous deux que le plan B commençait à devenir une option. Le chef Hezbollah chiite libanais, Hassan Nasrallah  avait indiqué  à plusieurs reprises que le combat  du Hezbollah  devait aussi se dérouler en Syrie  « aux côtés de nos frères syriens, de l'armée et du peuple et de la résistance populaire à Damas, à Alep, à Deir Ezzor, Qousseir, Hassaké et Idleb"

A la centrale, toutes les tentatives pour localiser Charles avaient échouées. Ils décidèrent de ne rien décider ce qui est  souvent la meilleure option lorsqu’on reconnait son impuissance.

Le convoi de Charles avait à peine parcouru cinq cent mètres que deux explosions retentirent. Charles compris que son Toyota était en train de bruler ainsi que les bâtiments de la médersa. Karim ne laissait rien derrière lui et cela offrait l’avantage de crédibiliser l’appartenance du convoi à l’alliance syrienne. 

Soudain,  ils furent survolés dans un bruit d’enfer par deux Soukhoï 25 chargés de bombes, les deux bombardiers d’attaque au sol semblaient se   diriger plein Nord vers Aasal Al-Ward. Le convoi  n’avait marqué aucun temps d’arrêt,  sûr de son impunité. Charles demanda l’heure à Basem qui lui indiqua qu’il devait être  environ 15 h, l’heure de la prière.

 

.................

 

Le village d’Aasal Al-Ward, qui signifie « les fabricants de roses » en arabe  était célèbre pour ses fleuristes et  fut le lieu d’âpres batailles entre le Hezbollah et l’armée fidèle à Bachar- al-Assad et selon toute vraisemblance  Marwan Mughniyeh qui était le commandant des opérations spéciales  du Hezbollah y fut tué en 2015 dans les combats. A l’époque,  cet épisode avait été suivi de près par la direction du renseignement et Sylvie  en avait cherché les implications.  Ce qui avait intéressé particulièrement la Centrale était les méthodes employées par certains Services pour éliminer les terroristes. Ces méthodes inspirèrent pas la suite,  sans l’avouer, celles du  Service Action. Il n’avait pas échappé à la Centrale que la conjonction organisée des actions spéciales et des actions clandestines et la mutualisation de certains moyens avait permis  d’éliminer  le cousin d’Imad Mughniyeh dans une opération conjointe de la CIA et du Mossad. Ce personnage était largement impliqué dans un certain nombre  d’attaques terroristes dont celle de l’ambassade d’Israël à Buenos Aires en 1992, et du bâtiment  juif de l’AMIA dans la capitale argentine en 1994, qui avait fait 85 morts.

Tsahal avait continué le travail en tuant l’un des  fils d’Imad Mughniyeh, Jihad Mughniyeh dans une  de ses frappes aériennes sur le plateau du Golan.

Le convoi était en vue du village en contrebas et marqua une pause. Il  régnait un silence inquiétant. Soudain,  une détonation gigantesque au centre de l’agglomération rendit l’air vibrant autour d’eux. Le son leur parvint après la vision  du nuage de poussière noire et de flammes provoquées par l’explosion elle-même.   Un missile ou une roquette de fort calibre venait de frapper tout un quartier. Simultanément,  ils prirent conscience, comme si le son venait de manière irréelle après l’image,   que des combats étaient en cours dans un  des quartiers est. On entendait distinctement les déflagrations et le tacatac caractéristique des mitrailleuses 14.5PVK.  Karim,  en tête de convoi,  donna l’ordre de faire demi-tour. C’est alors que deux hélicoptères de combat les survolèrent, l’un des deux fit une manœuvre de ressource qui dura environ 1 minute. Ils entendirent un crescendo de flap flap des pales lors du virage serré. Charles prenait conscience en même temps de la succession des évènements comme si il ne les vivait pas lui-même.    Sur le Toyota  de Karim,  un moudjahidin agitait le drapeau du Hezbollah. Le Hind passa à 10 mètres, peut–être moins,  en léger décalé au-dessus d’eux au point qu’ils purent distinguer la tête casquée du pilote tournée dans leur direction. Quelques secondes plus tard le Hind monta en  altitude,  effectua un virage serré et  reprit son vol vers le village.  Il se stabilisa et tout en continuant son vol,   ils virent distinctement partir une salve de roquettes de ses conteneurs latéraux en direction d’un petit élément blindé essayant de s’échapper à la sortie est. De nouveau, le son arriva après la vision de l’impact et se répercuta dans la montagne toute proche. Lorsque la poussière et la fumée se dissipèrent, ils aperçurent un blindé BMP littéralement éventré, comme une boite de conserve et un Toyota retourné qui se consumaient dans de petites flammes. Le second Hind fit une passe canon sur les restes du convoi. Ils ne pouvaient apercevoir de leur position  la dizaine de cadavres brulés et noircis et les blessés agonisants. Les deux roquettes tirées étaient sans aucun doute de gros calibre du 240mm.

Eux,  comme tant d’autres,  avaient dû mourir en criant Allahu Akbar, comme si la grandeur de Dieu pouvait compenser l’imbécillité de leur engagement aveugle. A la question «Qu'est ce qui est le martyr pour vous?» la réponse est souvent l’espoir de  «Se faire tuer sur le chemin d'Allah Très haut».

 

 Roland Pietrini

La Menace

 



21/03/2016
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