ATHENA-DEFENSE

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La Stasi en RDA: Assassinat de l'adjudant chef Mariotti. (actualisé)

 

« Notre camarade, l'adjudant-chef Philippe Mariotti est "Mort pour la France", tué sur le coup dans un "accident-embuscade", le 22 mars 1984 à Lettin-Halle, les deux autres membres de l'équipage étant grièvement blessés. Un attelage de 18 tonnes a délibérément percuté la voiture de la Mission militaire française de liaison (MMFL) sur une portion de route, vide de toute circulation. Avec l'ouverture des archives de la Stasi, nous connaissons les noms des commanditaires et exécutants de cet attentat d'Etat.

 

 

 

 

 de gauche à droite l'adjt chef pauchet l'auteur le major Bach le cne Bouchaud l'adjt chef Schroetter.jpg
Le risque était constant.. A Halle 1983 suite à un  blocage violent avec un GAZ 66, récupération d'une VGL

de gauche à droite, A/c Pauchet - Maj Pietrini - Maj Bach (dcd) - Cne Bouchaud - A/C Schroetter  (dcd)

 

 

Extrait de Vostok

Missions de renseignement au cœur de la guerre froide

de Roland Pietrini

 

 

 

Résumé du passage concernant l’adjudant-chef Philippe Mariotti

 

 

 

 L’ordre d’opération de la Stasi date du 19 mars 1984, il donne l’ordre à huit hommes du service spécial de surveillance des missions militaires de liaisons de bloquer dans la circonscription de Halle- Saale tout équipage qui serait repéré  à proximité des objectifs de la NVA, il est valable pour la période du 19 au 23 mars.

 

 

 

Dans la caserne Otto Brosowski, on prépare activement la manœuvre JUG 84 qui concerne une partie de la 11° DFM de la NVA, des éléments de l’armée soviétique et de l’armée polonaise. La Stasi sait que les alliés s’intéressent de près à cette préparation. Depuis la veille, les Britanniques ont laissé à la mission française la zone sud de la RDA. Les zones sont tournantes et la RDA est partagée en trois afin que chacune des missions « profite » alternativement d’une région différente. Les sections « air » alliées font de même. La Stasi suit-elle ce genre de turn-over ? C’est plus que probable.

 

 

 

Autour de la caserne depuis le matin un dispositif est en place au moins trois Oural 375 sont prêts à démarrer à partir de lieux parfaitement repérés sur les itinéraires habituellement utilisés par les missions de liaison, au volant des conducteurs de la NVA, à leurs côtés des membres de la Stasi déguisés en soldats. La manœuvre est simple, laisser passer tout  véhicule de Mission, et lui interdire toute possibilité de fuite par le chemin inverse puis  le « pousser en avant » afin de l’intercepter. L’ordre est clair : De manière offensive.

 

 

 

Il est 11h 00 la Mercédès de l’équipage du capitaine Staub longe le terrain de manœuvre qui se trouve à proximité de l’objectif.

 

L’itinéraire choisi permet d’arriver par surprise, en évitant les pancartes anti-missions qui sont installées à l’entrée de chacun des accès, ils ne savent pas que depuis le 13 mars une équipe de suiveurs particulièrement compétents suit le véhicule et ne le lâche pas, l’équipage est vigilant, mais il ne peut se douter qu’ils sont signalés et repérés. L’adjudant-chef Blancheton observateur confirmé décompte sur le terrain un certain nombre de BTR 60 PU (véhicules blindés 8x8 transformés en poste de commandement et relais radio) et de nombreux véhicules, rien que de plus normal pour un élément qui se prépare à partir en manœuvre. La voiture progresse et passe devant l’entrée principale de la caserne. Soudain, un Oural 375 surgit derrière le véhicule et semble vouloir le coller, c’est l’élément de blocage arrière qui coupe toute possibilité de faire demi-tour, désormais la seule possibilité est d’accélérer et de trouver une solution échappatoires tout droit, c’est ce à quoi s’emploie Staub.

 

 

 

Philippe Mariotti  conducteur de la VGL accélère et poursuit sa route en direction de Halle…..

 

 

 

A 500 mètres devant, le second camion, un Oural 375 attelé d’une lourde remorque atelier (l’attelage pourra bloquer toute la route et une partie du bas-côté si nécessaire) destiné à arrêter de face la voiture de mission est en attente moteur tournant, sur une petite route qui arrive de la droite face à l’itinéraire que la Mercédès est obligée d’emprunter. Un motard de la NVA est posté en face de lui, il doit signaler l’arrivée de la Mercédès, il sert de sonnette, il est tendu, il ne doit pas donner le signe d’avancer au lourd véhicule, ni trop tôt au risque de le dévoiler trop vite, ni trop tard au risque de le rater. Il fait signe.

 

 - La voilà, elle est là, elle arrive !

 

L’Oural 375 démarre. Le caporal Baumann né le 15 septembre 1963 à Eisleben est au volant.  A ses côtés, Paul Schmidt de la Stasi, c’est un nom d’emprunt, a revêtu l’uniforme de sergent-chef de la NVA . Baumann est forcé d’obéir. Schmidt, exulte

 

- geradaus…. Tout droit.

 

Dans la voiture de mission Blancheton voit le coup venir, c’est un observateur calme et d’expérience, le lourd camion fonce sur eux, et se place en accélérant en plein centre de la chaussée. Un court instant d’hésitation, prendre le trottoir de droite ? La voie étroite ne permet pas de croiser l’Oural. Dans le camion, Schmidt donne l’ordre au conducteur de virer à gauche toute…

 

Un brusque coup de volant et les 18 tonnes du véhicule et de sa remorque broient le côté gauche de la Mercédès.. Sous le choc d’une violence inouï l’essieu de l’Oural recule.

 

 

 

Lopération est réussie, la voiture est bloquée, l’ordre de la STASI a été exécuté.

 

 

 

L’adjudant chef Philippe Mariotti est mort sur le coup écrasé par le volant, à ses côtés l’adjudant chef Blancheton  est évanoui, derrière le capitaine Staub est grièvement blessé, il est inconscient, de multiples fractures à un bras et aux cotes et une blessure à la tête, plus des lésions graves internes qui se révèleront un peu  plus tard.

 

 

 

La Stasi en profite pour prendre du matériel, ce qu’ils peuvent atteindre, une pellicule photo, deux cartes, un magnétophone et une boussole, et quelques bons d’essence.

 

Peu à peu L’adjudant-chef Blancheton  reprend conscience ; il  est assis à côté se on camarade mort dans une voiture complètement disloquée, il retrouve ses réflexes et voile les pellicules restantes.  Autour, il entend des soldats de la NVA qui plaisantent.

 

 

 

Plus tard une ambulance militaire arrive avec un lieutenant médecin de la NVA, il n’effectue aucun premier secours, les pompiers arrivent enfin. Le capitaine Staub est évacué immédiatement sur l’hôpital de Halle et l’un des secouristes, aide Blancheton à sortir de l’habitacle déformé.. Il refuse de partir à l’hôpital, malgré une blessure à l’omoplate et une profonde coupure à la tête. D’autres pompiers essayent de sortir Mariotti de son cercueil d’acier, ils mettront une heure pour le sortir de la voiture et le coucher sous une couverture à proximité. Blancheton refuse qu’on emmène le corps, il craint que la Stasi en profite pour l’imprégner d’alcool afin de maquiller l’embuscade en accident de la circulation causé par un conducteur saoul… Blancheton est désormais seul et gardien du matériel encore dans la voiture. Autour de lui,  sont rassemblés quelques civils probablement de la Stasi, une dizaine de Vopos et des officiers et sous-officiers est-allemand. Il est 12 h00, et aucun soviétique n’est encore sur les lieux.

 

 

 

Aux environs de 12 h 45, une voiture russe arrive, il en descend, une femme, interprète  russe parlant assez bien le français et un lieutenant-colonel soviétique. A sa demande Blancheton lui remet les propousks  (carte d’identité d’accréditation russe) de l’équipage, conformément aux usages. Le lieutenant-colonel lui indique qu’il va prendre des nouvelles du capitaine français à l’hôpital, et que la mission française est prévenue.

 

 

 

Vers 13h 15 l’interprète russe revient et lui donne des nouvelles rassurantes du capitaine Staub,  il s’en sortira, elle répète à plusieurs reprises, qu’elle ne comprend pas comment de telles choses peuvent se passer.

 

 

 

Autour de la voiture, sont toujours présents des gradés Est-allemands qui plaisantent suffisamment fort pour que Blancheton les comprenne, ils font le tour des véhicules en riant et regardent ironiquement l’adjudant-chef tout en regrettant que leur camion pourtant si solide ne puisse partir en manœuvre à cause de cet accident. Les rires fusent, ils se conduisent en soudards satisfaits de leur victoire.

 

           

 

Il est 15 h 00 le colonel Malyguine adjoint de la section des relations extérieures de Potsdam arrive, il informe Blancheton que les secours français sont en route, puis accompagné d’un second officier soviétique qui l’accompagnait, il s’approche du corps de Philippe Mariotti et soulève la couverture, leur émotion paraît sincère et devant le cadavre du sous-officier français, ils gardent le silence un instant. C’est le premier signe d’humanité depuis l’attente de Blancheton  qui dure maintenant depuis 4 h 00.

 

 

 

Les Soviétiques se tournent vers les policiers Est-allemands et les militaires avec lesquels ils ont un violent échange, puis ils repartent vers l’hôpital.

 

 

 

Plus tard, les secours français, deux voitures de mission et deux ambulances avec un médecin français arrivent escorté par les Soviétiques… Il fait nuit.

 

 

 

Sur le constat d’accident de la Volskpolizei_Kreisamt Halle (police du peuple de l’arrondissement de halle) daté du mercredi 22 mars  1984,  11h 00, il est noté temps clair, chaussée en bon état, il est aussi noté que le camion n’a pu éviter la voiture de mission.

 

 

 

Voici la relation d’un incident ordinaire subit par l’un équipages de la Mission Militaire Française de Liaison près du haut commandement soviétique en Allemagne de l’Est  qui a déploré au cours de son existence quelques blessés (y compris par arme de guerre)  et un mort. Mais de très nombreux accidents de ce type ont été évités, grâce à l‘expérience des chefs d’équipage et des observateurs.

 

 

 

Un an plus tard c’était le tour d’un officier américain d’être tué par une sentinelle armée. Il eut droit de la part de son pays à des obsèques nationales. L’adjudant-chef Mariotti  lui, fut enterré dans la plus grande discrétion entouré de sa famille et de ses camarades 

 

 

 

Aucun représentant officiel de haut niveau ne s'est dérangé. Il y a 33 ans de cela.

 

 

 

Personne parmi ses camarades n’a oublié.

 

 

 

Lieutenant (er) Roland Pietrini

 

Observateur à la MMFL de 1979-1983

 

 

 

accident Mariotti.jpg

 affaire mariotti.jpg

L'adjudant chef Blancheton attend les secours

 

   La mercédès écrasée.jpg

Une embuscade menée par la Stasi

 

 À écouter sans modération; 

Des espions français derrière le rideau de fer par Le Collimateur (soundcloud.com)

 

 

 

 

 



22/03/2014
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