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Mistral, Des questions… Opéra en quatre actes - Un livret signé par Poutine et Hollande-

Mistral au mouillage à Brest.jpg

Mistral au mouillage à Brest

 

 

La Russie a été remboursée des sommes avancées pour la livraison de navires de guerre français Mistral, a annoncé le service de presse du Kremlin.

"La France a déjà transféré les fonds et, après le retour de certains équipements (en Russie), elle exercera son plein droit de propriété et sera en mesure d'utiliser ses navires comme bon lui semble", lit-on dans un communiqué diffusé par la partie russe. 

 

Nous sommes donc à la fin du troisième acte. Comme à l’opéra, les protagonistes à la fin n’en finissent pas de mourir.  

 

Selon la presse russe, ce mercredi 5 août et un communiqué de  l'Elysée à la même date, un accord définitif a été trouvé avec Moscou en vue de rompre le contrat de livraison des porte-hélicoptères de classe Mistral. L’accord a été confirmé  à l'issue d'un entretien de haut niveau  entre François Hollande et Vladimir Poutine.

Ni la Russie ni la France n’avaient en effet intérêt à laisser pourrir encore longtemps un dossier dont chacun s’accorde à montrer l’aspect  négatif dans la relation entre les deux pays.

Dont acte, le dossier est clos, mais ne règle pas pour autant l’avenir des deux navires qui coûtent chaque mois aux contribuables français des millions en frais de maintien et d’assurance , sans compter l’entretien indispensable.

Selon le journal russe Kommersant se référant à des sources proches du dossier, la France a donc versé en secret plus de 1,1 milliard d'euros sur un compte dans une banque russe en guise de remboursement pour la non-livraison des Mistral.

C’est à quelques 100 millions près ce qui était avancé dans le précèdent article. ( https://www.athena-vostok.com/mistral-perdant-chronique-davant-une-sieste-dete)

Toujours selon le même journal, le caractère secret du transfert s'explique par les craintes liées à l'affaire de l'ex-géant pétrolier russe Ioukos. Auparavant, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné la Russie à payer 50 milliards de dollars aux anciens actionnaires du groupe mis en faillite pendant le premier mandat présidentiel de Vladimir Poutine. Par la suite, les comptes étrangers de plusieurs compagnies russes ont été bloqués.  (1) Il semble donc que la France a usé de quelques  moyens de pression « occultes ». Mais qu'en est-il exactement? 

On peut cependant supposer que nous avons, puisque l’accord semble secret, lâché du lest aussi de notre côté, pour récupérer le droit de disposer de « la pleine propriété et de la libre disposition » des navires  qui seront désormais disponibles à la vente, après les avoir remis aux normes. Qui en paiera le coût indispensable supplémentaire ?   

Ce coût de remise aux normes n’est pas évoqué par l’Elysée. Je constate incidemment  que les grandes pointures de la presse, y compris de la presse spécialisée, évoquent peu l’affaire des Mistrals.  Mais elles soulignent le « climat de partenariat amical et ouvert qui a marqué les négociations »
Il faut peut-être mettre cela sur la quiétude du mois d’août, à moins que des consignes aient été données pour que cet épisode peu glorieux pour la France ne vienne troubler la rentrée.

L’adaptation des Mistral pour un client de remplacement coûterait de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de millions d’euros selon ses besoins, avait déclaré le PDG de DCNS, Hervé Guillou. Le Canada ( voir article : https://www.athena-vostok.com/exclusif-plaidoyer-dun-officier-de-la-marine-canadienne-pour-equiper-la-mrc-de-navires-de-type-mistral)  et Singapour, tout comme l’Egypte, sont cités comme clients potentiels.   Mais ni l‘Europe de la défense, ni l’Australie n’ont été évoquées.. Reste la Marine Française à qui on imposera peut-être, la reprise de l’un des deux, ce qui, compte tenu du budget et du format seraient un cadeau empoisonné au détriment des frégates dont le nombre ne cesse de fluctuer à la baisse depuis la rédaction des deux livres blancs successifs.

Nous verrons dans les mois qui viennent le véritable bilan de la dénonciation de cet accord qui est à mettre autant au compte du précédent président de la république, étonnamment muet sur le sujet et du nouveau tout aussi discret.

 

Une  continuité dans le cumul des décisions hasardeuses en quelque sorte. 

 

Roland Pietrini

 

 

(1) Le 28 juillet 2014, la Cour permanente d’arbitrage de La Haye a condamné l’État russe à verser une indemnité de 50 milliards de dollars (environ 40 milliards d’euros) aux anciens actionnaires de la compagnie pétrolière Ioukos pour les avoir expropriés indûment. Cette décision stupéfiante marquait l’aboutissement d’une interminable bataille juridique qui a opposé au pouvoir moscovite une poignée d’oligarques déchus, emprisonnés ou exilés. Une partie d’échecs planétaire qui s’est disputée entre Moscou, Londres, Israël et les Pays-Bas mais dont les coups essentiels ont été joués à Paris, où les avocats des deux camps (­Shearman & Sterling pour les dirigeants de Ioukos, Cleary ­Gottlieb Steen & ­Hamilton pour le Kremlin) siégeaient à quelques centaines de mètres les uns des autres, dans le quartier de l’Arc de triomphe. C’est dans ce périmètre prestigieux, derrière la façade d’immeubles majestueux et dans le secret de cabinets feutrés que s’est nouée l’affaire qui a occupé dix ans de la vie de Yas Banifatemi et au terme de laquelle ­Vladimir Poutine a subi sa défaite la plus cuisante en quinze années de pouvoir.
En savoir plus sur  http://www.vanityfair.fr/actualites/international/articles/deux-avocats-parisiens-ont-fait-condamner-le-kremlin-a-une-indemnisation-de-50-milliards-de-dollars/23910



06/08/2015
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