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Poutine : la politique de l’entertainement ?

Poutine et Biden.jpeg

 

La stabilité de la zone euro-atlantique passe par une Ukraine forte et indépendante. 

C’est ainsi que l’Otan et ses alliées semblent justifier l’aide considérable (1) apportée en réponse à l’agression russe envers l’Ukraine, en oubliant un certain nombre d’actions déstabilisatrices de Poutine en Afrique et ailleurs.

 

Celui-ci tente de faire oublier son possible échec militaire en essayant de reprendre l’initiative sur le plan géopolitique en pratiquant à son tour la politique de « l’entertainment », qui fut chère à une certaine Amérique et qui, en réalité, est une politique de distraction et de contournement.   

 

Lors de la Réunion des diplomates des cinq pays qui composent les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui étaient réunis au Cap pour une deuxième journée de discussions en amont d'un sommet prévu en août, l’Afrique du Sud a éludé les questions sur une prochaine visite chez elle du président russe Vladimir Poutine.  Pourtant l’ombre de Poutine semble dominer les débats, ne serait-ce que par le fait qu’il a su imposer l’image du seul opposant crédible au système international dominé par les Etats-Unis.

 

 

40% de la population mondiale

 

 

 

Déjà les BRICS regroupent près de 40% de la population mondiale, 25% du PIB mondial et 18% du commerce international, et tentent de contourner la suprématie du dollars par l’accès aux financements via la Nouvelle banque de développement (New Development Bank), créée en 2014 et dont le siège se trouve à Shanghai, en Chine.  

Or, Pretoria refuse de condamner Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine, affirmant tenir une position neutre et vouloir privilégier le dialogue, ce qui inquiète notamment les Occidentaux. « Nous ne pouvons pas permettre qu'un conflit dans une partie du monde remplace l'ambition d'éradiquer la pauvreté dans le monde, le plus grand défi mondial ».

Plus inquiétant encore, un certain nombre de pays et non des moindres sont conquis par ce discours, au nombre desquels, on peut citer la Colombie, l’Indonésie, le Pérou, les Philippines, le Sri Lanka mais aussi le Kenya, la Tanzanie, la Zambie, le Bangladesh et l’Ethiopie.

L’Egypte, l’Algérie, l’Iran, la Corée du Sud, le Mexique, le Nigéria, et le Viêt-Nam observent et peu à peu réfléchissent à une adhésion.  Quant à la Turquie, son double-jeu est inquiétant.

Parmi ceux-ci on ne compte pas moins de trois pays dotés de l’arme nucléaire : la Russie, la Chine, l’Inde et bientôt l’Iran…

Si, par hypothèse, tous ces pays convergeaient vers des choix dictés par une motivation nouvelle et objectivement pas si illégitime de rééquilibrage des relations internationales, alors l’Occident dont les Etats-Unis pourraient légitiment s’inquiéter pour leur leadership.

La carte du monde serait alors bien différente en termes d’économie, de puissance militaire et d’influence.

 

La peur aurait-elle changé de camp ?

 

Une grande partie de ces pays affichent des taux de croissance pouvant aller de 3 à 9 % par an, ce qui représente une moyenne supérieure au reste du monde, notamment de l'Union Européenne et des États-Unis, deux des régions les plus développées de la planète.

La peur aurait-elle changé de camp ?  Conjuguée à des vagues migratoires de moins en moins maitrisées sur tous les continents, les pays émergents dépassent déjà en poids économique et en population la vieille Europe et l’Amérique du Nord, l’Australie et la Nouvelle Zélande réunies.

Une nouvelle ère s’ouvre mais je crains que nos dirigeants n’en aient pas mesuré l’ampleur.

Il y des victoires à la Pyrrhus qui s’annoncent et Poutine le sait.

S’il perd en Ukraine, il risque de remporter sur d’autres terrains une victoire sur l’Occident.

En Afrique, notre défaite est patente et d’autres se dessinent à l’horizon.

Nous regardons ce qui se passe en Ukraine mais le combat ne serait-il pas ailleurs ?


 

Roland Pietrini

 

(1) Aide à l’Ukraine : Les Américains et les Anglais sont les principaux fournisseurs d'aide militaire à l'Ukraine, pour un total qui dépassait 30 milliards d'euros à fin décembre 2022, contre 5 milliards d'euros pour l'Union européenne.

 

Poutine : la politique de l’entertainement ? - Article de blog - 22-06-2023 - Défense - Factuel Media. Des faits et des effets.



23/06/2023
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