ATHENA-DEFENSE

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Rafale et LULA

Un article du Point

 

Par Jean Guisnel

En politique comme ailleurs, les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Mardi matin, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva l'a rappelé avec une certaine cruauté à son homologue français Nicolas Sarkozy, en déclarant que l'achat de l'avion français Rafale, qu'il avait promis, mais pas signé, se fera sans lui. C'est-à-dire qu'il ne se fera sans doute pas... Le 7 septembre 2009, les présidences française et brésilienne avaient diffusé un communiqué commun précisant que "compte tenu de l'étendue des transferts de technologie proposés et des garanties apportées par la partie française, le président Lula a annoncé la décision de la partie brésilienne d'engager des négociations pour l'acquisition de 36 avions de combat Rafale". Mais ces déclarations d'intention sont caduques. Pour le président brésilien sortant, qui quittera ses fonctions le 31 décembre, le choix d'équiper l'armée de l'air de son pays avec l'appareil français représente "un héritage très lourd, un héritage à long terme pour le Brésil. Je pourrais signer et faire un accord avec la France, mais je ne le ferai pas."

C'est très nettement un camouflet, et seuls les optimistes les plus convaincus peuvent considérer aujourd'hui que l'avion français possède encore une chance dans ce pays, alors même que la nouvelle présidente Dilma Rousseff doit faire face à de sérieux problèmes économiques ayant conduit à l'annonce de coupes budgétaires sévères dans tous les secteurs, sauf les programmes sociaux.

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Les triomphales annonces françaises après la rencontre entre Lula et Nicolas Sarkozy, en septembre 2009, avaient fait suite à des promesses de Paris de transferts de technologie massifs, et même à l'achat au Brésil d'avions-cargos KC-390, au nom d'un "partenariat stratégique entre les deux pays." Mais le Rafale avait plusieurs handicaps. Tout d'abord, il était considéré au Brésil même comme le plus cher des trois concurrents. Les chiffres cités au Brésil - sans doute inexacts, tant ils varient selon les évaluations et les modes de calcul - pour les avions proposés dans le cadre du contrat FX-2 de modernisation de l'armée de l'air donnaient le Rafale à 80 millions de dollars, le F-18 américain à 60 millions et le JAS-39 Gripen du suédois Saab à 50 millions. Pour cette raison, parmi d'autres, c'est cet avion qui avait la préférence des aviateurs brésiliens. Aujourd'hui, il y a fort à parier que le contrat FX-2 est tout simplement mort et enterré et que le Brésil se contentera des modernisations déjà signées, notamment avec la France qui a réalisé avec ce pays deux magnifiques contrats portant sur l'achat d'hélicoptères EC725 et surtout de quatre sous-marins Scorpène et d'un cinquième que les Brésiliens doteront eux-mêmes d'un réacteur nucléaire.

Alors que Dassault cherche, depuis août 2000 et la vente de Mirage 2000 à la Grèce, à signer un contrat militaire, l'Élysée n'a certes pas ménagé son soutien, mais sans succès à ce jour. Le Rafale fait actuellement l'objet de négociations avec les Émirats arabes unis, le Koweït et la Libye. Mais le dernier client militaire en date pour des avions français neufs à usage militaire demeure le Bénin, qui vient d'acheter deux exemplaires du Grand Duc. Sans l'aide de l'Élysée.

Commentaire

Conséquence de quelle politique?

 



08/12/2010
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