ATHENA-DEFENSE

Certains se posent  la question de savoir si,  avec l’entrée de la Russie dans le conflit syrien le  monde entre  dans une troisième guerre mondiale. La couverture de L'Obs de cette semaine, au titre légèrement apocalyptique: -la Troisième Guerre mondiale a-t-elle commencé?-  en pose déjà la problématique. Poutine en serait responsable. Le tsar Vladimir a fourbi ses armes et chevauchant son ours bombarde aveuglément tout ce qui bouge, c’est-à-dire, tous ceux qui portent une djellaba et éventuellement une Kalach, avec des moyens adaptés que non pas les occidentaux, c’est-à-dire des avions en nombre suffisant, des hélicoptères de combat et … une stratégie,  qui pour ne pas correspondre à celle des occidentaux –qui n’en ont pas-    a le mérite d’être claire. Poutine serait donc facile à comprendre puisqu’il indique  que son combat est celui d’éradiquer les islamistes peu importe leur chapelle, pardon leur mosquée, et que la meilleure façon est de conforter Assad qui est légitime à ses yeux, et qui tient encore un régime dont les structures ressemblent encore à celle d’un Etat plutôt que de pactiser avec des islamistes dit modérés qui n’en ont pas,  et qui se foutraient sur la gueule, -pardon je n’ai pas fait Sciences Po - comme si l'oxymoron que représente l’association des deux mots  -islamiste et  modéré- pouvait servir de viatique. J’ai révisé mon Brassens il n’y a pas si longtemps.   Je rappelle,   et cela évitera de chercher la définition,  car ce mot est peu usité  oxymoron ou oxymore est une alliance de deux mots contradictoires comme  cassoulet allégé,  douce violence, silence éloquent, force tranquille, urbanisme nomadique, sénilité précoce, politique intelligente, social- démocratie, politique étrangère à Fabius.  Hollande président, mais je dérive et en dérivant  je risque d’affaiblir ma démonstration.

Me voilà donc avec cette introduction baptisée sans aucun doute de poutinophilie, ce qui est aussi honteux que d’être tintinophile, encore un qui parlait de races, alors que chacun sait,  les études scientifiques, fondées sur la génétique, ont montré que le concept de « race » n'est pas pertinent pour caractériser les différents sous-groupes géographiques de l'espèce humaine car la variabilité génétique entre individus d'un même sous-groupe est plus importante que la variabilité génétique moyenne entre sous-groupes géographiques. Au point où j’en suis, il me faut donc ouvrir une parenthèse. Ce qui en gros veut dire qu’il existerait une race humaine, mais on n’en est pas sûr afin de la différencier de la baleine qui n’est pas une race mais un sous-groupe et du poireau qui lui est une variété. «  Dès 1975, Mary-Claire King et Allan Wilson démontraient que la divergence génétique entre l'homme et le chimpanzé était bien plus faible que ne laissait penser leur apparente différence morphologique. Après avoir comparé des tas de trucs et de machins génétiques,  ils concluaient à une ressemblance génétique de près de 99 pour cent entre l'homme et le chimpanzé. Pour expliquer pourquoi il nous ressemble si peu morphologiquement tout en étant si proche génétiquement, les auteurs imaginaient l'intervention de quelques gènes de régulation. Donc résumons, je ressemble beaucoup  plus à  un  chimpanzé qu’à un islamiste et maintenant je sais pourquoi.

Dans le même ordre de clarté toute scientifique,  pour être fertile un homme doit posséder 3 chromosomes Y, la femme  2 chromosomes Y et un X. Ces observations montrent de manière indubitable que le sexe phénotypique de l'individu ne semble pas lié au nombre de X mais plutôt à la présence ou l'absence du Y : absence de Y : phénotype féminin, présence de Y : phénotype masculin. La femme est donc femme par défaut, et le chromosome Y a donc un rôle fondamental dans la détermination du sexe. Mais pas des races. Car la femme n’est pas une race. Et ma grand-mère qui n’était pas à un pléonasme près,  mais néanmoins une brave femme,  m’encourageait à faire pipi debout, car l’homme pisse debout, ce que désormais conteste un certain nombre de féministes pures et dures qui détestent nettoyer la cuvette des toilettes. Me voilà donc après être poutinophile, féminophile, ce qui est,  si vous me connaissiez, tout le contraire de la réalité.

Pour en terminer avec ce débat stérile, et pour en revenir à des considérations plus sérieuses : Alexandre Orlov ambassadeur de Russie en France tenait à l'Institut Diderot à Paris une conférence tout à fait intéressante  pour ceux qui avaient la chance d’y être invités. Il indiquait  que «nos partenaires (les Occidentaux, ndlr) n'ont pas abattu le mur de Berlin, mais l'ont déplacé aux frontières russes». Cette rancœur de la Russie ne date pas de l'expansion de l'OTAN vers les pays de l'ex-URSS, réalisée malgré les promesses américaines de stopper leur endiguement nord-atlantique au sortir de la Guerre froide. Elle façonne bien au-delà toute l'histoire de l'Empire russe, qui eut toujours l'impression d'être présente en Europe que d'un pied, claudiquant dès lors entre occidentalisme et orientalisme. L'Europe n'est jamais sortie grandie lorsqu'elle a d'une façon ou d'une autre encouragé le monde slave à se détourner d'elle. C'est en connaissance de cause que le Général de Gaulle continuait de parler de la Russie et non de l'Union soviétique. Alexis Feertchak - Figaro Vox

La question de savoir si,  avec l’entrée de la Russie dans le conflit syrien le  monde entre  dans une troisième guerre mondiale, est au moins aussi pertinente que celle qui consisterait à se poser la question de savoir si les occidentaux n’ont pas commencé les premiers ?  La troisième guerre mondiale ne commence pas avec l’entrée de la Russie dans le conflit syrien, elle avait commencé bien avant.  Mais je pense que l’engagement militaire de la Russie en Syrie lui interdit de jouer désormais un rôle majeur dans une solution politique et diplomatique. Et dans cette perspective, il me semble que Poutine vient de commettre sa première erreur.

Roland Pietrini

10 octobre 2015