ATHENA-DEFENSE

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Stalingrad: un récit

Ce récit se passe durant la déroute qui suit l’enfoncement du front par les Soviétiques pour encercler Stalingrad. La température peut descendre jusqu'à -40.

 

Témoignage du sous-lieutenant Mario Pedroni du Quatre-vingt-unième régiment d’infanterie, capturé avec le 11éme hôpital de campagne de la division Torino (ou il avait été admis, étant blessé) :

 

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« 19 décembre 1942. Depuis quelques heures, la colonne de camions qui transportaient les blessés du 11éme hôpital de campagne de la division Torino essayait en vain de se frayer un passage vers l’Ouest. Des troupes blindées russes avaient déjà bloqué toutes les principales voies de communication. Le soir, la colonne s’arrêta dans un petit village, pour accorder quelque repos et soulagement aux blessés. Il ne s’était pas écoulé deux heures que des unités d’assaut russes, appuyées par des chars, firent irruption dans le village. Dans les conditions ou nous nous trouvions, il était impossible de songer à une quelconque défense, défense qui du reste eut aggravé notre situation puisque nous nous trouvions sous la protection de la Croix-Rouge et des lois internationales: mais les Russes ignoraient jusqu’à l’existence de certaines lois et conventions. Sitôt faits prisonniers, on nous fouilla pour la première fois: des vêtements tout à fait indispensables dans ce climat là nous furent enlevés. Ensuite les blessés les plus graves, cent cinquante environ, furent séparés des autres et massés contre une vieille cabane. Ils tirèrent sur eux à la mitraillette. Les chenilles des puissants chars T-34 achevèrent le méfait en broyant ces pauvres chairs. La scène fut si rapide que, de prime abord, nous demeurâmes abasourdis et presque incrédules face à tant de cruauté. Aussitôt après, un autre épisode nous fit comprendre dans quelles mains nous étions tombés. Une trentaine d’officiers et de soldats, qui n’arrivaient plus à tenir debout, et qui étaient encore abrités dans une isba, furent sauvagement massacrés et l’isba fut incendiée. Les mitraillettes russes n’avaient pas cependant pas du les tuer tous car, dés que les premières flammes se levèrent, on entendit des cris de désespoir qui se transformèrent en plainte spasmodiques de douleur quand les flammes commencèrent à mordre ces pauvres corps déjà déchiré par les blessures.

Une fois ce massacre terminé, les russes mirent en colonne les survivants et nous commençâmes notre marche vers le camp de concentration. Nous marchâmes quatorze jours durant dans la steppe ; une seule fois, nous reçûmes un petit morceau de pain […] et il fallut huit journées de train pour arriver au lager. Pendant cette longue marche, notre escorte ne se départit jamais de sa cruauté. Des dizaines et des dizaines de prisonniers qui ne réussissaient à suivre la colonne étaient liquidés d’une rafale de mitraillette. Leur corps restaient aux bords de la piste, pour baliser cette triste marche. Le voyage en train fut tout aussi dur que la marche a pied. Entassés de façon invraisemblable dans les wagons, nous recevions comme rations une petite tranche de pain; pas d’eau, aucun secours pour les camarades qui mourraient au milieu des atroces souffrances de la gangrène. Les wagons n’étaient ouverts qu’une fois par jour, pour décharger les morts qui étaient systématiquement abandonnés au bord de la voie ferrée […]. »

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Ce récit est tiré du livre d’Eugenio Corti : « La plupart ne reviendront pas. »

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25/07/2013
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