ATHENA-DEFENSE

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Témoignage 44/45 suite 4

 

 

 

Les familles américaines sont très accueillantes. J’ai séjourné 8 jours avec l’une d’elle à Montgomery dans l’Alabama. Un couple et ses deux enfants de 10 et 17 ans, le plus jeune va à l’école primaire et l’autre à l’université. Les parents travaillent tous les deux, ils ont une voiture chacun. Ils me reçoivent simplement : matin petit déjeuner au lit, le repas de midi est au frigidaire, je suis seul. Et le soir repas et sortie au cinéma ou chez les voisins. Le dernier jour, ils organisent une réception chez eux avec une vingtaine de jeunes qui viennent pour fêter leurs français. Quelle différence avec ce que j’ai connu, les américains sont vraiment accueillants, c’est un fait, loin  de l’Afrique du nord et sans connaître l’Europe, je le constaterais par la suite très souvent. 

Puis nous quittons Montgomery, nous sommes une quarantaine,  pour notre  nouveau lieu Scott Field. Nous commençons à nous familiariser à notre nouvelle vie à l’américaine.

 

A Scott Field nous nous spécialisons dans ce qui sera notre travail à bord d’un bombardier. Le B 26 (marauder) possède deux énormes moteurs qui lui permettent une vitesse de 470 Km/h. Son armement est impressionnant, 11 mitrailleuses de 12,7 mm (6 en poste fixe sur le fuselage et 2 pour chaque tourelle dorsale et arrière, il transporte  près de 2 tonnes de bombe. L’équipage est de 7 hommes qui  doit supporter des températures extérieures très basses, suivant l’altitude de croisière. Il porte cependant bien son surnom, Widow Maker » (faiseur de veuves), tant son pilotage est délicat en charge en basse vitesse.  Les chasseurs P 47 Thunderbolt n’ont pas assez de rayon d’action pour les accompagner. Cependant, malgré leur impression de puissance, les  B 26 restaient très vulnérables. Il faut attendre mai 1944 avec l’arrivée des P 51 Mustang pour que les bombardiers disposent d’un accompagnement jusqu’au cœur de l’Allemagne. Courant octobre je ne me souviens pas de la date précise, je suis désigné avec d’autres aviateurs pour faire une haie d’honneur et accompagner cinq de mes camarades qui se sont crashés avec leur avion. Il n’y a pas de survivant. Les Fusils sont inclinés vers le sol, en signe de deuil et des respect, nous les accompagnons une dernière fois. Le bruit courait que les avions qui servaient à l’instruction avaient déjà pas mal servi sur les théâtres des opérations en Europe et au Pacifique  et étaient bien fatigués. Mais c’est encore la guerre et la priorité était de former vite et bien des équipages, tant pis pour la sécurité, au combat, le risque est bien plus grand. Puis la vie reprend son cours et nous restons malgré tout positifs. Mais cette garde d’honneur aux camarades morts dans cet accident m’est restée.

Le 14 juillet 1945, le colonel Breyton attaché à l'ambassade de France à Washington est venu spécialement pour assister au défilé et déposer une couronne de fleurs au monument aux morts . Les Pom Pom girls ouvrent la marche devant la musique, c’est impressionnant, les gens applaudissent,  après la cérémonie aux monuments aux morts, nous sommes reçu à la mairie où chacun d’entre nous se retrouve avec une jeune et jolie américaine qui s’occupe de chacun d'entre nous. L’une d’elle m’invite chez elle pour samedi, elle me confie son numéro de téléphone et son adresse. A 17 heures, le samedi je prends donc un taxi qui m’amène à St Louis. La villa est magnifique, je suis immédiatement présenté à ses parents. Ce sont des Irlandais de souche. On partage des rafraîchissements, et la maman désire une photo : « Vous êtes d’où ? ». A part Paris, je ne vois pas d’où je serai issu. Pour mon malheur, un palmier est sur la photo que je leur montre. Un palmier  à Paris ? Oui, au jardin d’acclimatation !

Ma cavalière d’un soir, qui a à peine 18 ans, sort du garage une magnifique voiture. « do you drive ? », « Non ! », elle me met au volant mais elle arrive à comprendre qu’elle doit conduire

Après les recommandations d’usage des parents, départ pour une soirée au night club le plus chic de St Louis où nous avions rendez vous avec un autre couple. Une bouteille d’alcool à la main, nous voici dans ce lieu immense, une salle de danse qui a deux fonctions : danse et spectacle. Je fais attention de boire peu, je sers le double à ma compagne. Nous restons seuls à partir de minuit, et à 3 heures retour… Et je me retrouve le lendemain à 11 heures dans un lit d’une chambre d’hôtel. Je sonne et un garçon d’étage répond à mon appel. A mon interrogation « Qu’est ce que je fais dans ce lit, déshabillé, mon linge bien plié sur une chaise » l’explication est simple, vers 4 heures du matin la jeune fille avait demandé une chambre et m’avait couché, en ayant soin de tout régler. Je téléphone pour m’excuser et gentiment elle me dit qu’en sortant dans le frais du matin, je me suis endormi profondément et qu’elle n’avait qu’une solution, me trouver une chambre d’hôtel. Confus et dépité, je la remercie et m’excuse. J’ai encore quelques regrets…En tout cas elle tenait l’alcool mieux que moi....

 

A suivre...

 

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12/06/2019
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