ATHENA-DEFENSE

ATHENA-DEFENSE

Une guerre à dix millions de morts!

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Chute du mur de Berlin. un symbole tombe Check Point Charlie

 

 

 

 

Alors que de nouveau, le spectre d’un conflit majeur surgit du plus profond de nos peurs, que les tensions du côté de la mer de Chine atteignent une certaine forme de paroxysme verbal, qu’ailleurs, au levant comme en Afrique, les guerres succèdent aux guerres, il est temps de revenir un instant sur notre passé proche. 

 

Alors qu’en Europe même il existe des risques de confrontations majeurs entre l’Otan et la Russie pour l’Ukraine et les pays Baltes, que des conflits oubliés comme celui du Haut-Karabagh sont loin d’être terminés, que la liste des points chauds ne cesse d’augmenter,  que les Etats-Unis mènent une politique de courte vue face à l’Iran en choisissant le monde sunnite au détriment des chiites et misent sur l’Arabie saoudite, il serait salutaire de réfléchir sur notre devenir, alors même que certains considèrent que continuer à baisser la garde de notre défense est une bonne politique en pensant que le nucléaire nous protègera.

 

Or, la crise mondiale des réfugiés touche le monde de la frontière mexicaine à l’Europe, le terrorisme frappe partout et ne saurait s’éteindre, certains nous expliquent que le danger n’en est pas un et agitent des mots vidés de sens pour la plupart de nos contemporains tels que ceux de guerre froide ou de troisième guerre mondiale.

 

Il n’est pas inutile de revenir sur cette guerre froide à dix millions de mort. Car il est impossible de se projeter vers l’avenir sans avoir pris conscience des marques indélébiles du passé.

 

 

 

La guerre froide, une guerre à dix millions de morts.

 (extrait d'une conférence destinée à des élèves en prépa)

 

 

La  «  guerre froide », caractérise la période post -seconde guerre mondiale,  durant laquelle deux blocs,  anciens alliés contre l’Allemagne  nazi et le Japon  se retrouvent opposés l’un à l’autre dans une confrontation d’apparence  non-violente tout au moins en Europe. Lorsqu’on a dit cela comme dans toute évocation traitant de la géopolitique et de l’histoire, car il n’y a pas de géopolitique sans histoire, on reste bien évidemment  dans une vérité fortement approximative.

 

 

Napoléon disait : « Tout État fait la politique de sa géographie, » je rajouterais tout Etat fait la politique de sa géographie et celle dictée par son histoire »

Raymond Aron ce grand philosophe et sociologue français, résume la guerre froide par une expression que je trouve particulièrement juste : « paix impossible, guerre improbable »

 

La paix est impossible car cet affrontement est intense. Idéologiquement chaque bloc veut être un modèle :

 

Démocratie libérale et capitalisme à l’ouest contre communisme avec parti unique et économie d’état  planifiée à l’est. Chaque modèle doit prouver sa puissance dans tous les domaines : le sport, la science, la conquête de l’espace, la force militaire, l’idéologie, les systèmes économiques.

 

Diplomatiquement des alliances sont nouées (OTAN et pacte de Varsovie) et le reste du monde devient soit un allié à aider, soit un ennemi à combattre ce qui entraîne des crises intenses. – la crise de Cuba, la guerre du Viêt-Nam, les soubresauts en Afrique...

La guerre est improbable car les  deux géants évitent de s’affronter directement mais surtout chacun possède l’arme nucléaire et ne peut attaquer l’autre sans être également détruit, c’est ce qu’on appelle  l’équilibre de la terreur.

 

L’affrontement est donc un affrontement indirect et aussi celui que l’on dénomme la guerre de l’ombre, où chacun des adversaires toise l’autre, essaye de connaitre ses points forts et ses points faibles, ce sera la guerre dite du renseignement.   

 

Dès la fin de la seconde guerre mondiale les deux grands vainqueurs c’est-à-dire l’URSS et les Etats-Unis avec leur allié principal, la Grande-Bretagne et son empire,  (je dirais plus tard, un mot du cas particulier de la France), se retrouvent face à des défis gigantesques à relever. L’Europe n’est qu’un champ de ruine. Les camps de concentration nazis à peine libérés montrent leur cortège d’horreurs.

 

Des générations ont connu deux guerres mondiales. Ceux qui étaient âgés de 20 ans en 1918 n’étaient âgés  que de 41 ans  en 1939.  

 

L’URSS déplore 20 millions de morts dont 7 millions de civils, pour une population à l’époque de 126 millions d’habitants, soit 15% de la population totale. Quant à l’Allemagne, elle a perdu environ 3 millions 250 000 soldats et 3 millions 810000 civils pour 68 millions d’habitants. Pour mémoire, 5  Millions de juifs ont été exterminés lors de l’holocauste. Cela est à comparer aux 407 000 morts américains quasiment tous soldats. La France déplore 260 000 morts militaires et 350 000 civils pour une population à l’époque sur le sol français de 41 700 000 habitants.

 

Il faut donc tout reconstruire : l'économie est exsangue, il faut ravitailler et loger les populations souvent sans abris,  rapatrier les prisonniers, les gares sont détruites, les ponts, les villes. 

 

Certaines villes comme Dresde en Allemagne sont détruites à plus de 90%. 

 

Les pays les plus touchés sont l'URSS, la Pologne, la Yougoslavie, l'Allemagne et le Japon.

 

Les Etats-Unis sont relativement épargnés. Eloigné de l’Europe,  les infrastructures n’ont subis aucun dommage et les pertes importantes certes 416 000 morts pour 131 millions d’habitants n’ont touchés que des soldats au combat sur les deux fronts. L’économie de guerre a renforcé leur leadership et font d’elles la première puissance mondiale, dans un monde en ruine.

 

Durant la guerre, face au mal absolu du nazisme, les Etats-Unis et le Royaume Uni veulent oublier la profonde différence qui les oppose contre la Russie totalitaire et communiste de Staline et  le libéralisme économique qui est le leur.  Churchill disait avec une certaine justesse : « Le défaut du capitalisme, c'est qu'il répartit inégalement la richesse. La qualité du socialisme, c'est qu'il répartit également la misère.

 

 

Mais avant de venir au cœur même du sujet il nécessaire de rappeler les principales rencontres durant la guerre qui ont précédés la guerre froide.   

 

 

 

Tout d’abord,  La Conférence de Téhéran, qui  se déroule du 28 novembre au 1er décembre 1943 : deux décisions militaires importantes y sont prises :

 

 

    • l'organisation d'un débarquement en Normandie en juin 1944 ;

 

 

 

    • le rejet par Staline et Roosevelt du projet britannique d’offensive par la Méditerranée et les Balkans.

 

Pour la petite histoire, Au dîner du deuxième jour, Staline proposa de porter un toast pour l’assassinat de 50 000 officiers allemands prisonniers en Union soviétique. Churchill refusa.

 

 Puis, peu après le débarquement du 6 juin 44 en Normandie, le 22 juillet 1944 à Bretton Woods aux États-Unis 730 délégués représentant l’ensemble des 44 nations alliées se réunissent pendant trois semaines.  Seul, un observateur soviétique y assiste. Il est  dessiné les grandes lignes d’un nouveau système financier international qui perdure encore aujourd’hui.  la Banque mondiale (BM), formée de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et de l'Association internationale de développement (IDA); le Fonds monétaire international (FMI) sont créés.

 

La conférence de Yalta quant à elle se tient du 4 au 11 février 1945,  (même si la guerre n’est pas terminée, la victoire est proche)  dans le palais de Livadia, situé dans les environs de la station balnéaire de Yalta en Crimée, le point de vue y est magnifique sur la mer Noire. Cette conférence réunit Staline, Winston Churchill et Roosevelt.  Elle a été préparée par la conférence de Malte  qui réunissait uniquement les alliés de l’Ouest, du 31 janvier au 3 février, où les alliés se sont concertés pour présenter un front uni à Staline sur la planification de la campagne finale contre les troupes allemandes et japonaises et sur la limitation de la progression de l'Armée rouge en Europe centrale. Les buts de la conférence de Yalta sont essentiellement ceux de régler l’après-guerre. 

    • garantir la stabilité du nouvel ordre du monde après la victoire.

Or,  Staline  qui a fourni  avec l’armée rouge l’essentiel de l’effort terrestre face aux troupes de l’Allemagne nazie est en position de force.  L’armée rouge prépare la bataille de Berlin que les alliés ne sont pas en mesure de prendre avant les Russes.  Staline s'inquiétait de la possibilité que les Alliés ne s'emparent de la ville avant lui. Néanmoins, Eisenhower, le général en chef des forces alliées, décide de ne pas attaquer Berlin probablement pour éviter de sacrifier des soldats dans une zone qui devrait de toute façon être cédée aux Soviétiques à la fin de la guerre.

 

La rencontre officielle entre l’armée rouge et l’armée américaine aura lieu plus tard  à 80 km plus à l’Ouest sur l’Elbe et sera reconstituée à grand renfort de caméra et de photos pour les deux  propagandes.   

 

Les soviétiques sont   dans le continuum de  la stratégie de la Russie éternelle. Son besoin de sécurité de ses frontières ne s’appuie pas sur des frontières naturelles, de l’Ukraine  jusqu’à Moscou  qui n’est qu’un  immense glacis coupé de quelques fleuves, et militairement cela est indéfendable, sauf en, pratiquant la politique de la terre brulée et en comptant sur le « général hiver »...

 

La Russie  ne peut donc  se protéger que par la création de zones tampons à la fois géographique et politiques, (cela reste  encore vrai en partie aujourd’hui, cf la Crimée et l’Ukraine...). Ce sera donc l’Europe de l’Est qui  en fera les frais en devenant dès 1945, une zone d’influence soviétique puis par le jeu d’élections truqués et d’une propagande efficace, une zone exclusive socialo-communiste 

 

Quant à la conférence de Potsdam elle a été organisée par les puissances alliées (les États-Unis sont  représentés par Harry Truman, l'URSS par Joseph Staline, et le Royaume-Uni par Winston Churchill puis Clement Attlee pour fixer le sort des nations ennemies. (la France, pas plus que précédemment est représentée)[. Cette conférence débute le 17 juillet et se termine le 2 août 1945 au château de Cecilienhof, après la capitulation sans condition de l’Allemagne et juste avant la capitulation du Japon. Des décisions essentielles qui influeront sur le cours de l’histoire de l’Europe sont prises :

 

Le Troisième Reich est démantelé et la séparation entre l'Allemagne et l'Autriche exigée, chacun de ces deux territoires doit être divisé en quatre zones d'occupation. Aucune zone d'occupation ne devait être attribuée à la France, mais  devant l'insistance de  de Gaulle et du Gouvernement provisoire de la République française, Churchill obtient de Roosevelt et de Staline qu'une zone d'occupation soit attribuée à la France,  à condition que celle-ci soit constituée de zones précédemment occupées par les Américains et les Britanniques. Ce sera le cas en Allemagne de l’Ouest comme à Berlin.   []

 

Au début de la conférence, le 26 juillet, un ultimatum est signifié à l'Empire du Japon, le premier ministre Kantaro Suzuki prononce une déclaration indiquant qu'il entendait ignorer (mokusatsu) cet avertissement au motif qu'elle n'était qu'une redite de l'ultimatum du Caire. 

 

En représailles, les Etats-Unis largue  une  première bombe atomique sur Hiroshima le 6 août, puis une seconde le 9 sur Nagasaki, après un second ultimatum du président Truman, resté sans réponse[]. Entre temps, le 8 août, conformément à un engagement pris en février 1945 à la conférence de Yalta, l'URSS déclare la guerre au Japon, le troisième mois qui suit la capitulation allemande.

 

Pour mémoire,  mais chacun s’en souviendra la  première capitulation allemande a été signée à Reims le 7 mai 1945 à 2 h 41, la seconde à Berlin le 8 mai 1945 à 23 h 01.

 

 

Le rideau de la scène  peut se lever, les trois coups ont retenti, la pièce de théâtre peut commencer.

 

Une pièce en  plusieurs  actes que je pourrais résumer ainsi.  

 

Acte 1 

L’Allemagne est en donc  séparée en deux zones, une  soviétique d’occupation à l’EST, qui deviendra en 1949 la RDA communiste ( démocratique et populaire)  et à l’ouest la zone d’occupation alliée partagée en  trois, une zone américaine, une autre britannique et la dernière française. Cette zone deviendra la RFA.

 

La ville de Berlin a aussi un statut particulier,  elle est divisée en quatre zone, une soviétique à l’Est, et trois à l’Ouest, américaine, britannique et française.   C’est une sorte d’île  qui restera isolée et reliée par  les trois couloirs aériens et un couloir terrestre. Berlin-Ouest après  la construction du mur en 1961 entre les deux parties de la ville deviendra rapidement  la  vitrine de l’occident libéral, symbole de la liberté au milieu du monde communiste. 

Cette situation de partage, porte en elle les fruits  d’une cristallisation des oppositions entre deux systèmes radicalement opposés. A l’est un système stalinien communiste et autoritaire, à l’ouest un système influencé par les E.U qui se veut libéral. L’Allemagne en est exclu. 

 

    • Un évènement fondamental va changer le cours de choses. 

Dès 1947,  la bipolarisation des relations internationales autour des Américains et des Soviétiques est un fait acquis. Cette bipolarisation s’oppose au monde multi polaire que nous connaissons aujourd’hui.  

 

Elle résulte de  la détérioration  rapide des relations entre Américains et Soviétiques qui  va rapidement se cristalliser autour de quatre sujets principaux de désaccord qui instaureront l'état de guerre froide de manière irréversible

 

- Les impératifs de sécurité nationale des deux Grands.  

 

- L'avenir de l'Allemagne

 

- Le sort de la Pologne et de l'Europe de l'Est en général

 

-  La reconstruction économique du monde.

 

Il faut comprendre que la Russie,  géographiquement n’est pas en mesure de menacer territorialement  directement les EU. Mais les EU considèrent que le communisme est un fléau qu’il faut éradiquer. Cet affrontement prend toute sa signification dans une Europe de l’après-guerre fortement divisée.

 

D’un côté, la puissance de l'armée rouge inquiète,  en RDA dès la fin de guerre,  la concentration des forces est gigantesque ; 5 armées soviétiques à 20 divisions blindées, une armée aérienne,  en volume 8000 chars de combat, 7000 pièces d’artillerie,  des missiles nucléaires tactiques,  3000 avions et hélicoptères, ces forces seront renforcées et resteront jusqu’au démantèlement et leur retrait du début de 1990. 

 

La grande question à Washington est de savoir si les véritables ambitions du Kremlin dépassent celles résultant d'impératifs de sécurité, donc défensifs, ou bien si elles constituent une menace pour tout le continent européen dont la perte nuirait gravement aux intérêts géopolitiques et économiques vitaux des États-Unis.

 

Le risque apparaît d'autant plus fort que les aspirations des peuples après des années de privations favorisent les partis de gauche dont au premier chef les partis communistes,  extrêmement puissants et notamment en France et offrent ainsi sur le moyen terme une opportunité de prendre le contrôle de pays d'Europe de l'Ouest.

 

De l’autre  côté, les préoccupations de Staline sont symétriques de celles des américains : mettre l'URSS à l'abri des conséquences d'un éventuel affrontement futur avec les anciens alliés de la guerre en constituant une zone tampon suffisamment large. En pratique, Staline veut d'abord contrôler entièrement les pays qui ont été occupés par son armée, même au prix d'entorses aux accords signés à Yalta et Potsdam.

C’est ainsi que, la Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, la RDA et dans une moindre mesure, la Roumanie et la Yougoslavie entre dans un système militaro-économique qui attribue à chacun un rôle bien défini.

La création d’un « glacis » territorial et idéologique, c’est-à-dire d’un espace protecteur qui éloigne la menace des frontières soviétiques  est le leitmotiv de la politique du Kremlin.

 

En  imposant des gouvernements prosoviétiques dans les pays d’Europe centrale et orientale occupés par l’Armée rouge, pays qui deviendront plus tard des « démocraties populaires, Staline considère que c’est un moyen pour renforcer sa sécurité. Ce sera une constante de cette politique qui s’illustrera avec les interventions de l’armée rouge  à  Budapest en  octobre 56  et  à Prague  en août 68 par  dans le but de  maintenir des régimes communistes en place. 

 

En 1981, ce sera un tournant,   l’URSS décidera ne pas intervenir  en Pologne lors du soulèvement mené par Solidarnosc, en faisant confiance par une nuit de décembre 1981, à un général à lunette noires, Jaruzelski qui proclame  l'état de guerre en Pologne. Pour avoir suivi de très près les préparatifs d’une l’intervention à partir de la RDA et de l’Ukraine nous savions qu’une  nouvelle intervention de type Prague de 68 était possible.  La RDA de Honecker y était favorable, mais Brejnev sur le déclin décida de faire confiance à Jaruzelski pour reprendre la situation en main.  Ce qui fut le cas.

 

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GREZO ( garde -frontière)  Est-allemand

 

Mais revenons à cet évènement important, que j’avais annoncé, qui marque indéniablement le début de la Guerre froide. 

  

L'année 1948 s'ouvre par la prise de pouvoir du parti communiste en Tchécoslovaquie, qui met fin au régime démocratique en place depuis la fin de la guerre. Cet évènement, appelé le coup de Prague, achève de faire basculer sous contrôle soviétique tous les pays à l'est du rideau de fer. En réaction, les Occidentaux décident de transformer à brève échéance leur trizone en un État souverain ouest-allemand au cours de la conférence tenue à Londres d'avril à juin 1948. La première phase du processus est la création du Deutsche Mark, qui devient le 20 juin la monnaie commune aux trois zones occidentales. Staline proteste contre cette division de fait de l’Allemagne et, le 23 juin 1948, il profite de l’isolement géographique de Berlin []pour bloquer tous les accès terrestres et fluviaux des secteurs occidentaux  de Berlin où résident plus de deux millions d’habitants.

 

En réponse, les Américains et les Britanniques mettent en place un pont aérien continu entre l’Allemagne de l’ouest et Berlin-Ouest. La France, faute de moyens y participera indirectement.

 

Dans le secteur français on construit un aéroport pour compléter celui de Berlin Tempelhof dans le secteur américain. Ce sont des bataillons de femmes, veuves ou célibataires, il y a à cet époque un homme vivant pour 10 femmes qui de leur mains construisent les pistes d’atterrissage. Cet aéroport de Tegel deviendra par la suite l’aéroport international de Berlin.

 

Durant les onze mois que dure le blocus, les 275 000 vols effectués acheminent plus de 2 millions de tonnes de fret, y compris du charbon. Depuis cette époque des stocks de nourriture seront stockés à Berlin-ouest jusqu’à la chute du Mur.

 

Bien que disposant alors du monopole nucléaire, Les E.U n’envisagent à aucun moment de recourir à la menace d’un ultimatum atomique pour faire cesser le blocus. Le 12 mai 1949, conscient de son échec, Staline décide de lever le blocus.

 

Le 23 mai 1949, la division de l’Allemagne devient officielle, par la promulgation de la loi fondamentale (Grundgesetz), acte de naissance de la République fédérale d’Allemagne (RFA, Bundesrepublik Deutschland), La RFA devient de facto un pays partenaire et perd en partie son statut d’Etat occupé. La  capitale fédérale est Bonn.[] Le 7 octobre 1949, la zone soviétique à son tour se constitue en un État souverain, la République démocratique allemande (RDA, Deutsche Demokratische Republik), dont la capitale est Berlin-Est. Les deux entités refusent de se reconnaître juridiquement.

 

La cristallisation de la confrontation Capitalisme/Communisme et Démocratie/Dictature est en place.

 

Cette crise de 1948 fut donc l’élément fondamental qui  a changé le regard que pouvait porter les Allemands sur les « occupants alliés et un rapport de confiance  entre les berlinois et  les trois puissances alliées de Berlin s’est installé.

 

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Rencontre sur l'Elbe reconstituée du 25 avril 1945

 

L’Europe est désormais partagée en deux, écartelée entre deux systèmes radicalement opposés. Dès le 5 mars  1946,  lors de son discours prononcé à dans un collège de Fulton au Missouri,  Winston Churchill qui n’est plus « prime minister » dira : « De Stettin dans la Baltique jusqu'à Trieste dans l'Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le continent. »

 

 Lors de ce discours Churchill insiste sur la menace communiste au cœur de l'Europe occidentale « cinquièmes colonnes communistes » qui désigne les partis communistes en particulier français et italien à la solde de Moscou. Il évoque le cas particulier de la Grèce berceau de la démocratie, zone d'influence traditionnelle de la Grande Bretagne menacée pourtant par une guérilla communiste. Ce discours eut un grand retentissement à l'Ouest comme à l'Est ; il préfigure le ton de la « Guerre Froide ». Ce discours très ferme, lucide sur la situation géopolitique en Europe va faire passer à la postérité l'expression « rideau de fer ». Pour autant, Churchill limite son analyse à l'Europe et ne dit rien de la situation en Asie et en Chine où le pays est en proie à la guerre civile entre les partisans de Mao Zedong et les nationalistes derrière Tchang Kai-Chek.

 

Je passerais  ainsi,  très vite sur les premières crises en Europe et au Moyen-Orients,   la crise Crise irano-soviétique  en 1946,  qui fut la toute première épreuve de force de ce qui allait devenir la guerre froide. La Guerre civile en Grèce (1946-1949), entre le KKE le parti communiste grec soutenu par Moscou et  les partis de droite soutenus par les E.U. 

 

À la différence de l'Europe, l'extension de la guerre froide à l'Asie n'a pas résulté de politiques volontaristes des deux Grands mais d'évènements initiés par des pays d'Asie eux-mêmes : la Chine, le Vietnam et la Corée. En Chine : La guerre civile entre nationalistes et communistes reprend dès la capitulation japonaise. Le premier théâtre d'opérations est la Mandchourie, que l'Union soviétique a envahie en 1945.

 

La France à peine remise de la libération se trouve confronté à un conflit meurtrier en Indochine  de 1946 à 1954 jusqu’à, la défaite de Dien Bien PHU. Par la suite la guerre du Viêt-Nam sera un abcès de fixation de la guerre froide entre les E.U et la Chine derrière laquelle l’URSS  et la Chine par Viêt-Cong interposé apporte une aide logistique non négligeable. Auparavant, la Guerre de Corée (1950-1953) a pour contexte la victoire de Mao Zedong sur le nationaliste Tchang Kaï-chek en Chine.

 

La République populaire de Chine est proclamée par Mao le 1er octobre 1949. Les Nord-Coréens bientôt soutenus par les chinois vont faire pression sur Staline pour qu'il accepte que soit lancée une offensive militaire contre la Corée du Sud. En réaction, les États-Unis vont appliquer leur doctrine d'endiguement, qui s'oppose à l'expansion du communisme par la force, d'autant plus justifiée à leurs yeux dans le cas présent que laisser la Corée du Nord accomplir impunément son agression contre un allié américain augmenterait le risque d'un basculement d'allégeance du Japon qui se retrouverait trop isolé face aux puissances communistes.

 

Aujourd’hui les deux Corées dont celle du Nord dont le régime  totalitaire est probablement le pire qui soit au monde avec celui de l’Etat islamique  s’opposent encore et menace avec ses armes nucléaires les EU et les pays de la région.

 

J’en viens de nouveau à l’Europe.

 

La crise Grec fait prendre conscience de l’Etat dans lequel se trouve l’Europe et du danger que représente le communisme.  Le Secrétaire d'État  (ministre des Affaires étrangères) George C. Marshall  membre du  gouvernement du président Harry Truman, veut aider l'Europe (y compris l'URSS) à se remettre sur pied au sortir de la Seconde Guerre mondiale, afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs qui ont suivi la première guerre mondiale. Cette aide  on la désignera par le terme de  plan Marshall.

 

Seize pays acceptent l'aide américaine : Autriche, Belgique, Danemark, Irlande, France, Grande-Bretagne, Grèce, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Suède, Suisse et Turquie (en fait, tous les pays qui ont échappé en 1945 à l'occupation soviétique).

Je souhaiterais évoquer rapidement la crise de Cuba.

 

Que l’on pourrait intituler l’Acte 2

 

Nous sommes en  1962 : pour faire pression sur les Etats-Unis et pour aider les cubains communistes de Fidel Castro et Che Guevara les soviétique installent des missiles nucléaires dans cette île à moins de 200 km des côtes américainesLe président américain JF Kennedy lance un ultimatum aux russes et fait le blocus de l’île. La tension est à son paroxysme, nous sommes à deux doigts d’une guerre nucléaire, un simple incident, une simple incompréhension peut tout faire basculer, ce ne sera pas le cas.  Les 2 grands finissent par s’entendre : les Russes retirent leurs missiles et les américains retirent leurs propres fusées installées secrètement en Turquie et s’engagent à ne pas envahir Cuba.

 

Cet épisode a montré que la guerre nucléaire était possible, elle a aussi démontré le sang-froid de Kennedy et la détermination de l’occident. Mais  les soviétiques ont démontré aussi qu’ils étaient en mesure de tenir leurs engagements et au plus haut niveau possédaient la maitrise de leurs armes nucléaires. D’un côté comme de l’autre, les faucons ont perdu. 

 

Acte 3 :

 

Le Vietnam, 1965-1975 : partagés en 2 parties après la défaite des français en 1954, le Vietnam voit se développer un affrontement communiste (nord) face aux non-communistes (sud). Les russes aident les communistes (armes et argent) alors que les américains envoient des soldats sur place. Les Etats-Unis vont s’enliser dans une guerre interminable et ; cela va affaiblir et diviser le pays. Pour finir ils se retirent en 1973, laissant les communistes conquérir le sud et réunifier le pays en 1975.

 

On voit bien que cette guerre froide durant laquelle on pense à tort que le monde était en paix, nous  y avons connu de très nombreuses guerres. Dans ce contexte particulier  de bipolarisation des relations internationales, qui n’est pas celui d’aujourd’hui  et par ailleurs de décolonisation, les pays du tiers monde tels que l’Inde sous Jawaharlal Nehru, l’Égypte sous Gamal Abdel Nasser et la Yougoslavie sous Josip Broz Tito forment le mouvement des non-alignés, proclamant leur neutralité et jouant sur la rivalité entre les blocs pour obtenir des concessions.

 

La guerre de Corée, la guerre d'Indochine, la guerre du Viêt Nam, la guerre d'Afghanistan et le génocide cambodgien totalisent environ dix millions de morts

 

J’aimerais évoquer la fin de la guerre froide, avant que le rideau tombe,  car cette fin est symptomatique d’une époque qui par son importance à des conséquences directes sur celle d’aujourd’hui. En 30 ans nous sommes passés d’un monde bipolaire à un monde multipolaire et cela remet en cause l’ensemble de nos stratégies et de nos valeurs.

Le 26 avril 1986 un accident nucléaire classé au niveau 7, le plus élevé, sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES) a débuté dans la centrale Lénine, située à l'époque en RSS d'Ukraine en URSS. Il s'agit de la plus grave catastrophe nucléaire du XXème siècle.

 

Le 11 mars 1985, est arrivé au poste de Secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique un nouveau dirigeant  âgé de 54 ans, il s’agit de Mikhaïl Gorbatchev qui tente d’insuffler une nouvelle jeunesse à l’économie de l’URSS.

 

Et il y a urgence, un rapport déjà ancien,  qui date de  la fin des années 1970, diligenté par une certain  Iouri Andropov,  patron du KGB évalue  le PNB soviétique selon les critères qualitatifs occidentaux et non plus seulement en volume comme le voulait la tradition soviétique. Le résultat catastrophique apportait la preuve du déclin de l’Union soviétique qui avait vu son économie dépassée par celle du Japon et qui serait également dépassée, dans les années suivantes, par la RFA.

 

L’Union soviétique est ainsi confrontée depuis de nombreuses années à une situation géopolitique nouvelle relativement inquiétante. N'étant plus capable de soutenir financièrement le rythme effréné de la course aux armements (si les États-Unis y consacraient 8 % du PIB, le budget militaire de l'URSS absorbait 15 à 20 % du PIB), dans un contexte de la stagnation économique et une baisse des cours du pétrole, l'URSS n'a pas d'autre choix que de songer à une détente et au désarmement.

 

C’est la première étape de la prise de conscience du décalage économique entre l’ouest et l’est et par la même du déclin inéluctable si rien n’est fait.

 

tchernobyl.jpgles liquidateurs de Tchernobyl

 

 

Tchernobyl montre à Gorbatchev à quel point le mensonge, la corruption, l’incompétence sont intimement liés au système et touchent tous les niveaux de l’état. C’est avant tout un homme pragmatique qui veut réformer le socialisme pour le sauver.

 

Gorbatchev tire son inspiration d'Alexandre Nikolaïevitch Iakovlev, ancien ambassadeur au Canada, qui lui fit prendre conscience de la faillite du système soviétique dans le domaine agricole puis, de façon plus générale, dans sa stratégie de confrontation avec l'Occident. Celui-ci devint peu à peu son éminence grise et lui inspire successivement la glasnost et la perestroïka.  

 

C’est ainsi que Gorbatchev impose un tournant dans la politique extérieur de l’URSS. Il propose d'ouvrir le dialogue avec Reagan et d'accélérer la normalisation des relations avec la Chine. Fin juin-début juillet 1985, Andreï Gromyko est remplacé aux Affaires extérieures par Edouard Chevardnadze qui participe à la conférence marquant le dixième anniversaire des accords d'Helsinki. Cette année-là, Gorbatchev propose « l'option zéro » au président américain Ronald Reagan au sujet des armes nucléaires, l'Union soviétique acceptant de suspendre ses essais nucléaires souterrains. Il décide aussi de reconduire le moratoire unilatéral concernant l'arrêt des essais nucléaires, le 6 août 1985, date anniversaire du bombardement d'Hiroshima.

 

Le 15 mai 1988, il décide de retirer les troupes soviétiques d'Afghanistan, guerre que je n’ai pas évoqué faute de temps. [] La décision devient effective un an plus tard.

 

En 1989, en visite officielle en Chine pendant les manifestations de la place Tian'anmen (mais avant leur répression), on sollicite son opinion à propos de la muraille de Chine : « Très bel ouvrage », dit-il, « mais il y a déjà trop de murs entre les hommes ». Un journaliste lui demande : « Voudriez-vous qu'on élimine celui de Berlin ? » Gorbatchev répond très sérieusement : « Pourquoi pas ? ».

 

Les dés sont jetés, mais entre-temps, la situation économique s'est aggravée. Conséquence pour partie de  la chute des cours des produits pétroliers que le pays exporte, ainsi qu'à la gabegie régnante. La reconnaissance d'un marché souterrain a eu pour conséquence une augmentation considérable des prix.[]

 

Les  réformes donnent des résultats plutôt mitigés. La perestroïka (restructuration économique) n’a pas atteint les objectifs escomptés, aggravant les pénuries de biens de consommation et les inégalités sociales, entraînant un mécontentement populaire, tandis qu’une démocratisation du régime, amorcée avec la glasnost (transparence), déclenche des conflits inter-ethniques et la montée des nationalismes, mal perçus par les Russes.

 

Ce mur de Berlin,  que je n’ai pas encore évoqué est le symbole de cette séparation Est-Ouest,  baptisé « Mur de la honte » pour les Allemands de l'Ouest et officiellement appelé par le gouvernement est-allemand « mur de protection antifasciste », il est la conséquence de l’exode de  2,6 et 3,6 millions d'Allemands qui  fuient la RDA par Berlin entre 1949 et 1961, privant le pays d’une main-d'œuvre indispensable au moment de sa reconstruction et montrant à la face du monde leur faible adhésion au régime communiste. Erigé  en plein Berlin à partir de la nuit du 12 au 13 août 1961 par la République démocratique allemande (RDA) il est une  composante de la frontière intérieure allemande, qui sépare physiquement la ville entre un  Berlin-Est et un  Berlin-Ouest et constitue le symbole le plus marquant d'une Europe divisée par le rideau de fer.

 

La Hongrie a ouvert une brèche  dans  son « rideau de fer ». Depuis août, Tadeusz Mazowiecki, membre de Solidarność, devient Premier ministre de Pologne. Jaruleski a accepté le compromis, certain que l’URSS n’interviendra pas.

 

Partout à l’est la population pressent que quelque chose va se passer.  La  contagion de liberté va gagner aussi les Allemand. ] À la fin de l'été, les Allemands de l'Est se mettent à quitter le pays par centaines, puis par milliers, sous prétexte de vacances en Hongrie, où les frontières sont ouvertes. En trois semaines, 25 000 citoyens de la RDA rejoignent la RFA par la Hongrie et l'Autriche. À Prague, à Varsovie, des dizaines de milliers d'Allemands de l'Est font le siège de l'ambassade de RFA. [] En RDA, la contestation enfle. Les églises protestantes, comme celle de Saint Nikolai à Leipzig, accueillent les prières pour la paix. Elles sont le germe des manifestations du lundi à partir de septembre. 20 000 manifestants défilent dans les rues de Leipzig le 3 octobre 1989.

 

Mikhaïl Gorbatchev, venu à Berlin-Est célébrer le quarantième anniversaire de la naissance de la RDA, indique à ses dirigeants que le recours à la répression armée est à exclure. Malgré une tentative de reprise en main par des rénovateurs du Parti communiste, les manifestations continuent : un million de manifestants à Berlin-Est le 4 novembre, des centaines de milliers dans les autres grandes villes de la RDA.

 

Cinq jours plus tard, Günter Schabowski, secrétaire du Comité central chargé des médias en RDA, membre du bureau politique du SED, lors d’une conférence de presse retransmise en direct par la télévision de Berlin-Est, à une heure de grande écoute lit à  18 h 57, une décision du conseil des ministres sur une nouvelle réglementation des voyages, dont il s'avère plus tard qu'elle n'était pas encore définitivement approuvée.

 

C’est la décision attendue, reprise immédiatement par  les radios et les  télévisions de la RFA et de Berlin-Ouest, qu’ils intitulent « Le Mur est ouvert !

 

Immédiatement, plusieurs milliers de Berlinois de l'Est se pressent aux points de passage et exigent de passer. À ce moment, ni les troupes frontalières, ni même les fonctionnaires du ministère chargé de la Sécurité d'État responsables du contrôle des visas n’en sont informées. Sans ordre concret ni consigne,  mais sous la pression de la foule, le point de passage de la Bornholmer Straße, sous la responsabilité du lieutenant-colonel Harald Jäger, est ouvert peu après 23 h, suivi d'autres points de passage tant à Berlin qu'à la frontière avec la RFA. Beaucoup assistent en direct ce déferlement à la télévision et prennent la direction de l’Ouest. Les points de passage sont submergés par la foule.

 

C'est ainsi que le mur « tombe » dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 novembre 1989, après plus de 28 années d'existence. La Roumanie se débarrassera de Ceausescu en décembre. La Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie bientôt rejoindront le monde libre. Ce ne sera pas sans soubresaut notamment en Yougoslavie qui implosera en multiples petites états indépendants après une guerre dans laquelle l’Europe fut engagée. D’autres conflits depuis ont eu lieu, en Géorgie, en Ukraine. Le danger islamiste est partout.  La réconciliation en Europe est fragile. Des tensions existent. Il faut en avoir conscience. 

 

C’est ainsi qu’est tombé  dans la confusion et l’enthousiasme  le Mur de la honte et par conséquence le rideau de fer, mettant fin en apparence à  la guerre froide. Cela va entrainer bientôt  la chute  de l’Union soviétique. Pour autant la paix n’est pas inscrite loin de là dans le cours de cette histoire en mouvance. Nous vivons dans un continuum absolu.

 

Une ère nouvelle reste à écrire. Cette ère nouvelle, vous les jeunes, il vous reste à l’écrire. Le monde n’est ni plus dangereux ni moins qu’il ne l’était, il est différent, il faut apprendre à le comprendre. Mais sachez que les démons n’ont pas disparus pour autant. Ils ont pour nom l’intolérance et l’ignorance.

 

Ce monde,  vous  ne pourrez le maitriser qu’en ayant  conscience de ce que vous êtes et d’où vous venez.  On ne peut pas regarder l’avenir sans avoir connaissance du passé  Anatole France le  disait si bien : Ce n'est qu'avec le passé qu'on fait l'avenir.

 

 

 

Roland Pietrini

 

 

 

Une citation pour finir: "Bien sûr, le soldat est toujours là où il faut mourir; C'est sa grandeur. mais il ne peut supporter le mensonge" Helie de Saint Marc

 

 

 

 



24/09/2017
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