ATHENA-DEFENSE

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Vous avez dit PTSD?

 

 

Il y aurait selon le ministère de la défense environ 400 soldats français, de retour d’Afghanistan soit 1% des effectifs  qui souffriraient de traumatismes psychiques de type PTSD (post-traumatic stress disorder).  En français, syndrome de stress post-traumatique, ces blessures « invisibles » qui ont toujours jalonné  la vie des soldats de tous les conflits et de tous les temps, et qui ne furent jamais pris en compte.  Louis Crocq, psychiatre des armées, professeur de psychologie à l'université Paris-V, auteur de "16 leçons sur le trauma" (édition Odile Jacob),  raconte le cauchemar éveillé d’un rescapé de Dien Bien Phu se levant parfois la nuit pour creuser des tombes dans son jardin.. Quasiment inconscient de son acte il se sentait coupable de n’avoir pas assez creusé profond les tombes de ses camarades tombés au combat et qui avaient été dévoré par les rats..

 

Jusqu’à aujourd’hui ces traumatismes étaient considérés comme honteux, par ceux qui en souffraient et par le commandement.. Peu à peu les mentalités évoluent.. Le service de santé des armées a pris très au sérieux cette évidence, le commandement aussi. Mais si la prise en compte n’en est pas moins réelle.il reste à en persuader tous ceux qui restent dans le silence. Les blessures invisibles sont des blessures au même titre que les blessures physiques et celles-ci peuvent se cumuler.  Il faut avoir un certain courage pour se l’avouer.

 

 

Le sentiment de culpabilité d’avoir survécu quand les camarades sont morts, les pulsions suicidaires, "les cauchemars avec l’odeur, le son et les images insoutenables". Les troubles du sommeil, les souvenirs qui reviennent sans raison apparentes, ce psychisme parasité par le souvenir du vécu..  On n’est pas des « fiottes » !  Expression aussi injuste que ridicule.  Mais combien de missions qui furent dans le passé non suivies d’un simple débriefing et notamment dans le domaine du renseignement et des forces spéciales.. Débriefing tactique mais aussi débriefing psychique.  

 

« Les interventions précoces après un trauma, en particulier les débriefing psychologiques, ont donné lieu à de grandes controverses ces dernières années. Il faut souligner que la majorité de ces interventions ne sont pas censée être des psychothérapies au sens strict. On peut plutôt les résumer comme des mesures psychosociales qui sont de plus en plus fréquemment prises dans les suites de toutes sortes d’événements traumatiques. Les principes de base utilisés pendant la phase aiguë après une expérience traumatique sont issus de ceux longtemps utilisés dans les interventions de crise : application rapide et flexible, concentration sur le problème actuel, limitation dans le temps, approche thérapeutique active et directe, bien que pas nécessairement directive (Schnyder et Sauvant, 1996). Une autre source d’intervention psychosociale précoce vient de la psychiatrie militaire développée par les Russes au début du XXe siècle, avec ses quatre principes de proximité, immédiateté, attentes et simplicité. « Psychothérapies pour les PTSD – une vue d’ensemble du professeur Ulrich Schnyder, professeur de psychiatrie, chef du  Département de Psychiatrie à l’hôpital Cantonal Universitaire de  Zurich.

 

C’est donc un effort collectif, dans ce domaine comme dans d’autres,  un changement de mentalité  profond qu’il faut consentir. L’entrainement intensif, l’endurcissement est un moyen, la cohésion permettent de  se  préparer au combat. Reste la confrontation à ce à quoi on ne peut se préparer ou se contraindre.. L’impondérable. Le  PTSD est un phénomène qui n’est pas uniquement réservé aux soldats de retour d’opération il se constate  chez les pompiers, les médecins, les secouristes, les victimes d’’attentats, de catastrophes naturelles. La rapidité de la prise en compte démontre l’efficacité des méthodes ?  «  Parmi les  jeunes adolescents après le tremblement de terre de 1988 en Arménie,  les femmes victimes d’agression, sexuelle ou non, qui ont bénéficié de quatre séances d’un programme cognitivo-comportemental peu de temps après l’agression, 10% seulement ont rempli des critères de PTSD deux mois après l’agression » professeur Ulrich Schnyder.. Il faut donc parler de  tout cela  sans honte. Le courage change de camp.

 

 



08/12/2012
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