ATHENA-DEFENSE

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A ppropos de "Renseignement"

 Jalonneurs soviétiques en RDA

 

Nombreux  sont les « spécialistes  du renseignement » qui pourraient bien mieux que moi-même, écrire sur le sujet.   Je n'ai en la matière que la légitimité d'avoir « «vécu » le renseignement,  un renseignement d'action,  à la frontière du renseignement stratégique et de documentation et du renseignement tactique et par la suite d'avoir réfléchi sur son utilité et son usage.  Aussi je laisse à d'autres la description détaillée des structures, (voir en annexe quelques exemples de l'organisation actuelle),  je  me contenterais de brosser un tableau rapide de ce qu'est le  renseignement et d'illustrer mon propos par le biais de quelques exemples. Ceux-ci n'ayant d'intérêt que dans la mesure où ils éclairent le renseignement en tant que culture de « l'intelligence » terme qui finalement,  est le plus approprié pour décrire quels en sont les enjeux.  

Très vite, après la chute du mur de Berlin et l'effondrement du bloc soviétique, l'hypothèse d'un conflit majeur en Europe, s'est éloigné. Mais de nombreux conflits se sont ouverts sur de nouveaux continents où nos forces se sont engagées dans un cadre national ou multinational, désignant ainsi de nombreux objectifs aux armées. Ces conflits sont devenus plus complexes, rendant plus difficiles la destruction de la source de puissance de l'ennemi, tant celui-ci est désormais mêlé à la population et nécessite une gestion de plus en plus délicates des crises.

La guerre du golfe en 1991 a mis en lumière notre déficit d'organisation et la nécessaire adaptation de nos moyens de recherche et d'exploitation.

Ces conflits asymétriques ou dissymétriques impliquent avant  une projection nécessaire des forces,  la nécessité d'une connaissance de l'ennemi de plus en plus universelle, dans lequel l'environnement, le climat, la culture, la religion, le contexte géopolitique,  déterminent  aussi sa capacité de nuisance et d'organisation.

L'emploi actuel des forces conventionnelles (terre-air-mer) dans un contexte de COIN (guerre de contre–insurrection)  implique la prise en compte des aspects politique, diplomatique  et humanitaire des conflits.  Ces paramètres sont indispensables à la réflexion et préparent la décision. Cet indispensable  « étude » est  d'autant plus  nécessaire, que les  zones d'engagement  font partie désormais, de territoires où l'absence de structure étatique ou leur déliquescence, contrarie toute solution simple de  retour à la paix.

Dans la complexité des préparations à l'action militaire et des interventions, le renseignement est donc devenu une absolue nécessité. C'est un élément indispensable à la prise de décision du chef et à la conduite des opérations.

On comprend donc le besoin d'une renseignement de « préparation »    tout azimut et constant que l'on pourrait définir comme étant un renseignement de type stratégique, dans un  travail essentiel de recherche,  qui doit conjuguer à la fois la nécessité de prudence, de  discrétion, de  compétence,  et un renseignement à fin d'action, celui qui est nécessaire à l'engagement et à la conduite des opérations est d'une obligation absolue. Dans un cas comme dans l'autre, les moyens humains et matériels sont tout aussi  essentiels que l'organisation, et se déclinent en renseignement de source humaine,  de source électromagnétique, de sources drone, imagerie,  radars et satellites etc..

Ces compétences et cette excellence sont nécessaires pour recueillir un renseignement fiable, contrôlé, utile, préparant une exploitation sereine et une analyse orientée vers une synthèse crédible et exploitable. 

Les deux types de renseignements, de type stratégique,  destiné aux décideurs de haut niveau (renseignement de documentation) et le renseignement opérationnel sont donc liés, l'un permettant de préparer l'autre, l'un et l'autre étant parfois étroitement mêlés. La culture bien française de cloisonnement et de centralisation excessive a souvent par le passé obéré l'efficacité de l'outil.

La doctrine interarmées sur le renseignement militaire donne un certain nombre de définitions sur l'information et le renseignement. Il est, en effet  essentiel, lorsque que l'on parle du renseignement en général, de bien comprendre, l'implication des différentes composantes du fait de renseigner.

Il ne peut y avoir de renseignement sans « information » l'information est une donnée non traitée, elle entrera dans l'élaboration du renseignement, le renseignement étant  le résultat de l'exploitation des informations données par les différentes sources d'information de provenance diverses, résultat d'une action de recherche ou de l'exploitation de données accessibles. 

Le renseignement d'intérêt militaire recouvre, en conséquence,  les informations et les

évaluations dont ont besoin les décideurs de la stratégie générale militaire, afin de répondre à « la définition et la préparation des moyens, à la participation des forces armées à l'influence de la France dans le monde, au déploiement des forces conventionnelles et à l'engagement de ces forces »

 

Il n'est pas nécessaire ici de décrire en détail les différents niveaux d'élaboration du renseignement, mais celui-ci obéit à un certain nombre d'étape entre le flux d'information entrant, son filtrage,  son analyse, avant que ce renseignement réponde à un questionnement satisfaisant l'élaboration d'un besoin exprimé. Ce schéma finalement pragmatique et simple dans sa conception, se complexifie, au fur et à mesure de l'élévation du niveau auquel il s'adresse.

 

   Extrait de Vostok : Missions de renseignement au cœur de la guerre froide »

-Septembre 1980- Je viens de passer Marquardt, la gare de Priort est vide, dans celle de Satzkorn, une soixantaine de plateaux (wagons plats porte-chars ou porte-véhicules divers) sont en attente avec une dizaine de wagons M, ce sont des wagons en bois en tout point ressemblant à ceux qui ont transporté les déportés vers les camps, désormais ils transportent les soldats soviétiques. Dans les wagons, quelques bas flancs servent de couchette et un poêle à bois dont la cheminée sort par le toit, donne une chaleur rayonnante. C'est simple mais efficace. Un camion ZIL 130 est sur le quai il décharge du charbon et du bois, je m'applique à noter chacune des  observations, je ferai le tri après.

J'arrive au carrefour de la route N°273 et de la route N°5 à Wüstermark, un jalonneur est en place, tenue de cuir noir, casque blanc, catadioptre  sur la poitrine, il est seul, pas armé, je sais que je ne peux négliger cet indice. Il faudra revenir plus tard, des éléments de la 35° DFMG (Division des Fusiliers Motorisés de la Garde) dont les casernes se trouvent à proximité pourraient bouger ce soir.

 

En gare de Wustermark un train est en attente, de loin je reconnais facilement une batterie de MTLB avec des 100 T 12 (chenillé tractant des canons anti-chars) de la NVA. Un wagon M fume.

Un rapide passage sur la route N° 5 qui croise la voie ferrée me décide à attendre un peu plus loin. Le garde barrière nous observe, il va probablement téléphoner à la MFS. Un coup d'œil sur ma carte, je suppose que le convoi prendra la direction de Rathenow, en tout cas s'il prend la direction de Wittenberge je pourrais le rattraper à Nauen.

Hoyez me confirme que l'on peut progresser sur la piste qui suit la voie ferrée en direction de Schwanebeck.

La nuit tombe déjà, je range mon appareil photo. Il est 16 h 45 j'entends le bruit du convoi qui peine, il est plus important que je le pense. C'est une locomotive diesel qui est en tête….Le train arrive, le cœur bat un peu plus vite, la voiture est planquée en contrebas d'un champ, mon sergent est au volant, moi je suis à cinquante mètres environ sur la piste collé contre le ballast,  aux premières loges. Le voilà.

 

Un wagon M un autre, un MTLB 100 T12, N° 1011 –1012 –1013-1014  etc. un wagon M : Les portes sont fermées, un 2 S 3 bâché, un autre, un autre, un autre, un ACRV 1 un autre, N° 350 Un Oural 375 atelier, Une Barkas. Un wagon M. un BLG 60 curieux du génie avec de l'artillerie… mais pourquoi.

 

C'est bon .. Je rejoins la Mercedes en courant, Allez on y va !

Bilan 12 tracteurs chenillés avec leur canon anti-chars, 6 automoteurs d'artillerie de 152 m/m, 2 véhicules chenillés accompagnateurs, 1 camion Oural, une camionnette ambulance de type Barkas, un engin chenillé polyvalent du génie, je crois savoir que  les 2 S3  sont récents  dans la NVA, avec un peu de chance je retrouverais facilement leur appartenance. J'ai noté à tout hasard le signe tactique de l'unité sur l'Oural : Un losange.

Je suis excité, nous sommes en temps de paix, je suis un soldat français quasiment seul à plus de 70 km de Berlin Ouest, dans la profondeur de l'Allemagne de l'Est, et je viens d'observer un train d'artillerie de la National Volks Armee. Je sais où il se dirige, je sais à quelle unité il appartient, je l'ai décompté, il est à moi. J'ai à la fois un sentiment de puissance et d'humilité, je savoure le moment présent.

 

La route est humide, un léger givre commence à se condenser sur les essuie-glaces, prudence, nos pneus tout terrain sont des pneus durs à fortes sculptures plus adaptés aux pistes qu'à la route.

Au carrefour de Bredow pas de jalonneurs, rien non plus à Nauen. Une queue s'est formée devant une Bacherei (boulangerie) du centre-ville, en pays socialiste, l'inflation n'existe pas, l'augmentation des matières premières se traduit pas la pénurie, ainsi un pain coûte environ 20 pfennigs, soit par rapport au pouvoir d'achat d'un ouvrier français de 1979 touchant le Smig, moins de 1 franc.

A Nauen une voiture de Polizei me suit jusqu'à la sortie, et m'abandonne à la limite du bezirk, (arrondissement) je prends la direction de Brandenburg. Entre Gohlitz et Pâwesin je marque une pause pour vérifier si je suis suivi, j'ai bien retenu les leçons,  aucun véhicule à l'horizon.

Allez on repart !

Le Local désigne à la fois une mission particulière et une zone géographique. Elle  est assurée essentiellement à la MMFL par des observateurs chef d'équipage sous-officiers, différemment des autres missions alliées qui cantonnent leurs NCO's (sous-officiers) dans un rôle de conducteur et d'observateur photographe. A la MMFL l'équipage est constitué du binôme conducteur (sergent ou caporal-chef provenant du 13° RDP, plus tard des caporaux chefs et sergents du 1° RPIMA furent détachés) et d'un observateur terre.

 

L'objectif du local est prioritaire pour les alliés. Il est important de recueillir tous les indices d'alertes afin de donner des délais suffisants aux troupes alliées de Berlin, d'USAREUR (commandement américain en Europe) de l'OTAN et de RFA pour prendre une posture de défense, et ensuite permettre au pouvoir politique occidental de réagir. Il est tout aussi important de suivre l'évolution des forces dans la zone autour de Berlin, identifier, photographier tous les matériels en dotation, blindés et électroniques, artillerie et matériels sol-air, missiles et fusées, (Frog et Scud puis SS 21).

 

 

Dans ce court extrait, il est possible d'illustrer les quelques actes élémentaires d'une mission type de renseignement.

 

Cette mission se décompose en plusieurs temps. Celui du contexte : Nous sommes en RDA entre 1879 et 1983, la Mission Militaire Française de Liaison près du haut commandement soviétique en Allemagne de l'Est, est un organisme particulier de recherche du renseignement sur le territoire de la RDA. Sa mission est à la fois celles  de suivre l'évolution des forces Soviétiques et Est-allemande sur le territoire de l'Allemagne de l'Est et de recueillir des indices d'alertes sur la préparation de ces forces.  Ses membres opérationnels sont formés à la recherche et au recueil du renseignement, les moyens mis en œuvre, moyens tant humains et techniques sont le fruit d'une lente évolution et d'une adaptation à ce type de recherche. L'organisme fait partie d'une chaîne dite du renseignement : A l'époque, alors que la DRM (Direction du renseignement militaire) n'existe pas, la MMFL est « abonnée » à différentes interlocuteurs ; L'EMA, l'EMAT-BRRI, la FATAC/B2, le SGDN, La DGA, le Bureau renseignement du 2° Corps d'Armée/ CCFFA, la DGSE, et les deux alliés,  Américain et Britanniques. L'organisme MMFL agit en fonction d'un certain nombre de directives incluse dans un vaste PPR (plan particulier du renseignement), mais s'autoalimente en orientations particulières compte tenu de sa spécificité et de sa compétence.

« je m'applique à noter chacune des  observations, je ferai le tri après ».  La phase recueil du renseignement est une phase essentielle, l'expérience de l'observateur apte à noter un certain nombre d'évolutions et de « nuances »  dans l'environnement, la présence de tel ou tel matériel,   l'observation des comportement humains, sont essentiels. Dans ce cas concret, l'observation d'un simple camion chargé de charbon sur un quai de gare militaire et celle « d'une soixantaine de plateaux (wagons plats porte-chars ou porte-véhicules divers) sont en attente »  indique, l'imminence d'un embarquement de chars.  Cet indice recueilli sera par la suite utilisé et exploité.

 

Acteur du renseignement, l'observateur est une source, celle-ci peut être extérieure à la fonction renseignement (source primaire) ou interne à la fonction renseignement (source secondaire).

 

La source est le fournisseur d'informations de la fonction renseignement. Il existe des sources humaines qui  recouvrent une gamme étendue de « détenteurs » d'informations depuis les ressortissants, réfugiés, prisonniers de guerre, ONG jusqu'aux experts ;  des sources techniques et scientifiques incluant  les matériels, les infrastructures et leurs émissions, l'expert peut être un vecteur à la fois humain et technique et  les sources documentaires. sous formes de documents (papier ou numérique de textes, cartes, images, vidéos, bandes audio).

 

«  Le train arrive, le cœur bat un peu plus vite, la voiture est planquée en contrebas d'un champ, mon sergent est au volant, moi je suis à cinquante mètres environ sur la piste collé contre le ballast,  aux premières loges. Le voilà.

 

Un wagon M un autre, un MTLB 100 T12, N° 1011 –1012 –1013-1014  etc. un wagon M : Les portes sont fermées, un 2 S 3 bâché, un autre, un autre, un autre, un ACRV 1 un autre, N° 350 Un Oural 375 atelier, Une Barkas. Un wagon M. un BLG 60 curieux du génie avec de l'artillerie… mais pourquoi ? »

 

 Entre l'action de renseignement brut recueilli et l'information qu'elle en dégage, l'observateur averti puis l'exploitant a pour mission de tirer le maximum d'enseignement. Le « mais pourquoi ?» est une question aussi importante que l'observation elle-même. En l'occurrence et dans ce cas précis, la présence d'un engin spécifique du génie indique que ce train fait partie d'un mouvement d'ensemble, d'ailleurs d'autres convois suivront, et présuppose le départ en manœuvre  de cette unité. Les engins sont propres, les personnels observés sont frais et souriants, les sentinelles armées sur les wagons sont vigilantes et impeccables. Manifestement une unité encore fraîche, ce qui n'est jamais le cas d'une unité en retour d'exercice.

 

Mais l'action de renseigner n'est  pas exclusif au renseignement d'action, le renseignement est une culture couvrant un certain nombre de niveaux :

 

Celui du renseignement stratégique, nous l'avons évoqué,   destiné aux autorités politiques du pays et nécessaire en permanence à la conception et l'exécution de la stratégie globale. Sont concernés l'ensemble des acteurs du renseignement : Ceux appartenant à l'action clandestine essentiellement la DGSE, mais pas exclusivement. Ces organismes interviennent «  hors légalité » recherchant l'information là où elle se trouve, en utilisant les moyens adaptés. Ces organismes interviennent aussi dans le domaine de l'action clandestine et agissent là où les intérêts supérieurs de l'Etat justifient son action.   Le renseignement stratégique concerne tout autant les organismes étatique ou non qui agissent de manière légale, la difficulté étant de connaître où se situe réellement la frontière entre une action de recherche à partir de sources fermées et secrètes et celles effectuées à, partir de sources ouvertes et accessibles, dans certains pays la « nuance »  d'ailleurs n'existe pas. Les Ambassades, par le biais de leurs diplomates contribuent naturellement à cette recherche, ses diplomates  issus des différents corps de l'Etat, ministères des affaires étrangères, ministère de la défense, ministère de l'intérieur notamment pour la lutte contre le terrorisme international, les réseaux de  narcotrafic sont  soit spécialisés soit sensibilisés dans le domaine du renseignement etc..

 

Le livre blanc sur la défense nationale et la sécurité,  dont je recommande la lecture introduit la nécessité de l'universalité du renseignement et de la mise en commun des « produits » de ces différents organismes. Le  renseignement stratégique est  évidemment nécessaire en amont de la planification et à la conduite de l'action militaire.

 

Le renseignement opératif quant à lui est " le renseignement nécessaire à la planification et à la conduite des opérations du niveau opératif ". Il conjugue au sein des états-majors la planification des projections, mais aussi le dimensionnement de l'outil militaire.

 

Quant au renseignement tactique, il est " le renseignement nécessaire à l'établissement des plans et à la conduite des opérations tactiques " C'est un renseignement de « conduite » des opérations, nécessaires au plus prêt à  la décision tactique du chef et à l'action.

 

Ainsi cet « emboitage » des différents « renseignements » déterminent le calibrage, l'organisation et l'adaptation de l'outil renseignement des armées françaises qui ne sont qu'un des éléments des besoins en « information et en prospective » répondant à un besoin politique, industriel,scientifique, géopolitique, économique et militaire. 

 

La fonction renseignement est donc  l'orientation du renseignement et de la recherche.  La recherche est l'action d'acquérir et de recueillir l'information,  ce qui inclut une exploitation de l'information et du renseignement recueillis ainsi que sa diffusion.

 

Pendant des décennies nous avons négligé l'aspect exploitation et diffusion en ignorant une évidence, celle que le renseignement réclame une formation et un suivi  de spécialistes experts, tant dans la recherche que dans l'exploitation et surtout un état d'esprit faisant du renseignement un outil préalable indispensable à la planification.  La guerre du golfe ayant démontré notre déficit capacitaire en la matière et les conflits récents démontrés notre besoin impératif d'évolution dans notre approche du renseignement et notre déficit dans la manière de « s'en servir » nous avons depuis le début des années 2000 très sensiblement évolués et le renseignement est enfin devenu une priorité des décideurs et du commandement.

 

 « Contre l'évidence, on prétend s'obstiner follement, dans les sphères dirigeantes, à nier du « renseignement » le trop catégorique impératif. Et à quoi nous serviraient d'innombrables légions, même supérieurement outillées, si ces troupes ne disposaient pas, à

l'heure du danger, d'yeux pour la diriger, d'oreilles pour surprendre les projets de l'adversaire ? Or cette fonction primordiale de clairvoyance et de clairaudience doit être assuré par nos services de renseignements, dont la réorganisation s'impose comme une nécessité vitale contre laquelle rien ne prévaut »  cette phrase extraite du livre la guerre des renseignements- Edition de France date de 1939, est de Robert Boucard, (commandant ayant servi au 2° bureau lors du premier conflit mondial et devenu écrivain).

 

La suite de l'histoire nous la connaissons.  Robert Boucard, lui, ne la connaissait pas encore.

 

Dans ce domaine comme dans tant d'autres,  l'humilité,  l'acceptation de nos erreurs,  la réactivité pour les corriger sont la garantie de notre « intelligence » A trop vouloir nier ces évidences nous étions sur la voie d'une perte continue d'efficacité. Fort heureusement depuis une dizaine d'années environ une nouvelle organisation a été mise en place.  

 

Je cite (extrait du livre blanc sur la défense et la sécurité): L'amélioration des ressources humaines, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, et le développement de filières spécialisées, avec notamment pour l'armée de terre la création du CEERAT à Saumur (voir son site spécialisé). Le renseignement de source humaine, qui est mis en adéquation avec la hiérarchisation de nos priorités géographiques. La mise à niveau et le développement des moyens techniques. Ce qui implique un effort important, dans le domaine des nouvelles technologies de l'information et de la communication, dans le domaine de l'imagerie (satellites, capteurs embarqués sur avions, drones, etc.) et de l'écoute (satellites, stations terrestres, bâtiment de la Marine, etc.). L'espace  qui fera l'objet d'un effort spécifique. avec un doublement de ses crédits annuels sur la période du Livre blanc (ces crédits s'élèvent à 380 millions d'euros en 2008). Il est permis de se poser la question du respect réel de cet effort  (Lors de l'un de mes entretiens avec un général,  haut responsable de la DRM, le doute était permis). La rénovation du pilotage et de la coordination des services de renseignement se traduit par la mise en place du Conseil national du renseignement. Présidé par le Président de la République, ce conseil fixera les orientations aux services de renseignement, répartira les objectifs et rendra les arbitrages nécessaires. Parallèlement, le coordonnateur national du renseignement sera le point d'entrée des services de renseignement auprès du Chef de l'Etat. Enfin, un nouveau cadre juridique définira l'exercice des missions des services de renseignement et les modalités de la protection du secret de la défense nationale ».

 

Ainsi le livre blanc prend en compte le besoin renseignement dans sa dimension universelle, Ce court article n'a fait qu'effleurer ce domaine complexe et passionnant, afin de contribuer à la prise de conscience comme le disait le commandant Boucard de la nécessité de la clairvoyance et de la clairaudience. 

 Roland PIETRINI

 

L'auteur en RDA en 1982.. En main NiKon F3 objectif 1000mm à miroir

 

Annexes :

Quelques organismes de renseignement militaires :

La DRM, organisme interarmées, est subordonnée au Chef d'état-major des armées(CEMA). Elle a pour mission de satisfaire les besoins en renseignement d'intérêt militaire du CEMA,  des autorités du Ministère de la défense, des chefs d'états-majors d'armée, du chef du Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), des commandants de force, des commandants opérationnels et organiques, ainsi que des responsables des organismes gouvernementaux concernés

Aux ordres directs du Général Commandant de la Formation de l'Armée de Terre (CoFAT), le Centre d'Enseignement et d'Etudes du Renseignement de l'Armée de Terre, créé à SAUMUR en 2002, a pour mission de concevoir et de conduire une politique d'études et de formation au renseignement adaptée à l'évolution des missions de l'armée de terre ainsi qu'au développement des moyens de recueil et d'exploitation du renseignement militaire.
Cette politique vise à renforcer la complémentarité du personnel du domaine renseignement de manière à faciliter la gestion des carrières en liaison avec l'état-major et la direction du personnel militaire de l'armée de terre (EMAT, DPMAT), à mettre en cohérence les systèmes de recueil et à permettre une meilleure exploitation du renseignement.

La BFST (Brigade des forces spéciales terre) se compose de :

  • un état-major et une compagnie de commandement et de transmissions
  • du 1er RPIMa de Bayonne, spécialisé dans les actions directes
  • du 13e RDP de Dieuze, spécialisé dans la reconnaissance
  • du 4e RHFS de Pau, chargé du transport et de l'appui aérien des forces spéciales

La spécialité de ces unités sous-entend un schéma prédéfini sur la manière de mener les opérations : acquisition du renseignement opérationnel par le 13e RDP, le 1er RPIMa mène l'opération, les deux unités étant transportées et appuyées par le 4e RHFS.

Créée en 1993 sous le nom de Brigade de Renseignement et de Guerre Electronique (BRGE), renommée Brigade de Renseignement en 1998. Basée à Metz, elle compte actuellement environ 4200 hommes et femmes/ elle se compose des

·         Ces unités sont complémentaires, chacune apportant un moyen de renseignement à la brigade. Le 44e RT est chargé du renseignement d'origine électromagnétique (ROEM) opératif ou de « théâtre », c'est-à-dire dans une certaine profondeur du dispositif adverse, le 54e RT collecte le renseignement d'origine électromagnétique tactique (de proximité et au contact), le 61e RA met en œuvre des drones de surveillance du champ de bataille, le 2e RH apparten ant à la cavalerie,  est un régiment blindé de recherche de renseignement (RBRR), le GAR est équipé d'hélicoptères de reconnaissance, et le GRI est chargé du renseignement d'origine humaine par traitement de sources et interrogatoire de prisonniers de guerre.

·         Cette combinaison de compétences permet d'obtenir des renseignements sur une même cible par plusieurs moyens différents. L'exploitation du renseignement collecté se fait au niveau de l'unité spécialisée mais la fusion des renseignements a lieu à un niveau supérieur au Centre de mise en œuvre du renseignement (CMO RENS), pour éviter les risques d'auto-intoxication liés aux échanges de renseignement au niveau tactique. La brigade de renseignement procède à un exercice annuel de synthèse appelé BATRENS. L'Etat Major de la Brigade de Renseignement, le 28e Groupement géographique et le Groupement de Recueil de l'Information prendront, courant 2010, leurs nouveaux quartiers au camp d'Oberhoffen où se trouve déjà le 54e RT et 2e RH[1].

 

 



29/08/2010
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