A propos de la préparation à l'école de guerre, lettre à un capitaine
Je suis dubitatif et incorrigible je mêle de choses qui ne me regarde pas, je suis probablement un intellectuel refoulé, refoulé mais pas du tout, pas du tout complexé.. Bref je ne devrais pas faire de commentaire sur des sujets qui ne devraient pas me concerner. Alors, en me faisant violence, je vais vous délivrer mon grain de sel… Le problème n'est pas celui de l'intellectualisme ou pas, il est celui plus général de la sélection de nos élites, et plus particulièrement celui de nos réputées élites militaires. Dans la patrie de Voltaire, de Diderot, de Champollion, de Chateaubriand mais aussi de Bonaparte (pardon pour les puristes qui le classent ailleurs, c'est à dire nulle part) ou de Gaulle, il y a ce besoin récurrent de sélection, de labellisation par la voie la plus réputée celle du concours, seule voie républicaine, sensée sélectionner le meilleur qui ne doit son ascension, qu'à son seul mérite, dans une égalité de chance souveraine. Si cela était le cas, alors on ouvrirait les concours sans souci de palier intermédiaire. La réalité est que l'élite est stratifiée par une course dédiée, aux déjà réputées élites, qui formate, qui truque, bref qui clone. N'est ce pas finalement ce que reproche les sans grades aux élites ? Ce reproche récurrent est celui de se reproduire à l'identique dans une excellence inadéquate face aux réels dangers qui sont les nôtres ? Comment placer la barre, où la placer ? Qui décide in fine ? Par quel collège de pair et de décideurs ? Ne sont-ils pas passés eux-mêmes, ces senseurs, par le même moule et ne reproduisent-ils pas avec outrance cet intellectualisme forcené dont personne ne se réclame, mais qui rassure. N'est ce pas le travers le mieux réparti de notre système dont le spectre s'étend de l'Ecole de guerre à l'épreuve du Cm2 ou au feu concours des majors ? Et à celui des facteurs ? J'avoue mon incompétence, je ne fais que formuler des questions. La sélection par la culture générale ne me choque pas outre mesure, elle m'ennuie, me déconcerte, pour avoir vu au cours de ma carrière quelque capitaine impétrant et postulant, atteint de cette fièvre dévorante énergivore et néanmoins touchante, lisant, compulsant, et pour avoir parfois su capter leur attention, j'ai mesuré à quel point cet effort représentait un danger, celui de la déconnexion avec simplement l'humain tant le recul nécessaire était parfois celui de la distance et de l'apesanteur.. Mon capitaine, restez simple, authentique, je ne connais pas votre valeur guerrière, et personne ne vous la demande, vous vous pliez de bonne foi à ce concours, je vous souhaite de réussir, mais n'oubliez jamais la modestie de votre tache.. Vous n'êtes ni le gratin, ni la fine fleur, vous ne serez dans ce métier que l'élu, celui qui est choisi mais pas forcément celui qui sera le meilleur, cela ne fait pas partie du cursus, cela est du domaine du cœur de ceux qui vous feront confiance parce que vous l'aurez mérité.
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