ATHENA-DEFENSE

ATHENA-DEFENSE

A propos du livre blanc, imagination et immobilisme..

Est-ce de l’immobilisme ? Est-ce une méconnaissance de certains problèmes pour les traiter, est-ce le respect d’un dogme à la Française qui consiste à résister à l’évolution d’un monde où seule la France serait, telle une forteresse imprenable, en capacité de résister au lieu de se montrer compétitive et innovante ? Cela est vrai dans le domaine social et économique et aussi en matière stratégique.. Quoi de nouveau dans la réflexion stratégique du chef de l’Etat ?  Jean Guisnel spécialiste des questions de défense au Le Point avec lequel je suis souvent en accord, rappelle que :  « François Mitterrand avait réduit la panoplie en supprimant les missiles à courte portée Hadès, Jacques Chirac avait décidé la fermeture et le démantèlement du plateau d'Albion ainsi que l'arrêt des essais nucléaires et Nicolas Sarkozy avait réduit le nombre de têtes nucléaires à 300 exemplaires. Un temps suspecté de vouloir supprimer la composante aérienne de la force de dissuasion, François Hollande ne l'a apparemment jamais envisagé..Même Alain Poher, qui n'occupa l'Élysée que du 2 avril au 27 mai 1974, marqua son mandat en lançant dans la plus grande discrétion le missile nucléaire M4 à têtes multiples »

 

Que propose François Hollande ? Rien.. La force de dissuasion restera hors de l’étude du livre blanc.   Et pourtant on ne peut échapper à une réflexion profonde sur son adaptation. La force de dissuasion est-elle dissuasive telle qu’elle est aujourd’hui ? Peut-elle dissuader certaines nations non-nucléaires qui pourraient menacer notre intégrité nationale ou nos intérêts vitaux ?  Rien ou plutôt si, il insiste sur une cohérence renforcée entre "les missions, le format et les équipements des armées »   formule un peu courte qui n’est, en fait,  qu’un procédé de communication pour faire accepter une nouvelle réduction de  la « voilure ».. Cela veut dire en langage d’énarque et de comptable, faire en sorte de trouver les arguments pour faire avaler la pilule d’un nouveau format encore plus réduit.. Or à partir
d’un certain seuil, la défense ne pourra plus remplir ce pour quoi elle est prévue : Justement répondre à l’imprévu. 
Or ce monde n’a jamais été aussi instable et imprévisible. Sur les mers, la libre pêche et les voies maritimes sont menacées ( océan indien où nous avons des intérêts)  par des pirates de plus en plus audacieux et de mieux en mieux équipés. (4 000 actes de piraterie ont été enregistrés durant les vingt dernières années, un rapport de la rand corporation estime le nombre d'attaques et de tentatives d'attaques à 209 durant la période 1994-1999 et à 2 463 entre 2000 et fin 2006.

Faut-il réduire le format de notre marine ?

 

Le détroit d’Ormuz est dans une zone de plus en plus instable, L’Afrique subsaharienne est en voie de basculer aux frontières de l’Algérie et du Maroc dans une zone de non-droits. En Lybie, en Syrie en
Tunisie certainement en Algérie un jour ou l’autre,  la transition entre, ce qu’en occident on estime être,  un printemps, un renouveau un appel à la liberté n’est en fait que celui d’un hiver pour un autre hiver. 

 

Le Moyen Orient est à l’orée d’une crise sans précédent lorsque le pétrole sera l’enjeu non seulement des puissances auxquelles nous appartenons mais  aussi des pays émergents dont la Chine qui est déjà pétrolivore.  Il faudra trouver de quoi satisfaire une population en quête de consommation effrénée. Nous avons des soucis à nous faire.   En quittant l’Afrique, la France laisse la porte grande ouverte à la Chine..  Partout sur le continent africain, la misère est omni présente, avec son cortège de maux spécifiques  qui maintient  les populations soumises à des dirigeants corrompus  dans une souffrance plus grande  et encore plus injuste et qui n’ont pour espoir qu’un radicalisme encore
plus dur. Faut-il réduire encore plus nos moyens de projection marine et Armée de l’Air ?

 

L’Asie avec la Chine n’est pas à l’abri de la crise. Or l’Asie et certains pays tels que  la Chine, l’Inde, le Pakistan, Singapour etc.. Font exploser leurs budgets de défense, ainsi que la Russie de Poutine.à la hausse. Lorsque la pauvreté gagnera l’occident et d’abord l’Europe, en tuant la poule aux œufs d’or que nous sommes, les crises sociales seront telles que tout sera alors possible, même si l’histoire ne se répète pas un monde nouveau ne peut remplacer l’autre sans des soubresauts dont la violence ne peut être maitrisée.  Il ne faut pas en arriver là, et la lutte est donc globale, lutte économique, culturelle pour la défense de nos valeurs et préventive en entretenant un outil de défense cohérent donc suffisant pour faire face à tous les scénarios y compris un engagement de la France dans une guerre symétrique en Europe ou aux frontières de l’Europe ou dans le cadre d’une coalition.   Or les dangers qui doivent être pris en compte sont nombreux, la cyber guerre est une réalité, le terrorisme organisé  et tentaculaire jusqu’à faire basculer certains pays dans le terrorisme d’Etat. Le renseignement réaffirmé par le chef de l’Etat est une évidence, mais le budget doit être à la hauteur, et l’arbre ne doit pas cacher la forêt, à quoi servirait un renseignement efficient si les politiques ne tiraient pas les conclusions des menaces. A quoi serviraient de désigner les menaces si nous étions incapables d’y faire face ! Faut-il dans ses conditions réduire encore le format d’une Armée de terre qui d’ailleurs est devenu de réorganisations en réorganisations une coquille de moins en moins pleine.. Les idées ne manquent pas pour suggérer quelques pistes, mais là comme ailleurs on met un étouffoir sur les idées de ceux qui auraient le courage intellectuel de les exprimer.  

 

L’Europe de la défense qui sera évoquée comme prétexte à une diminution de certains moyens en évoquant une mutualisation de ceux-ci,  est un leurre tant que les deux pays majeurs Grande Bretagne et Allemagne ne veulent en aucune manière s’y engager. La Grande Bretagne à juste titre ne cédera pas sur sa souveraineté. L’Allemagne avec son histoire récente ne peut plus, hors de domaine économique où elle excelle s’engager sur le plan international, d’ailleurs sa constitution
ne le permet pas.

 

 

Ce livre blanc n’est donc qu’un moyen de créer un comité Théodule dont les brillants énarques accoucheront aux forceps de quelques vérités que chacun déjà connait, que les  Etat-major, le SGDN, les instituts privés de géopolitiques,  les organes de renseignement ne peuvent ignorer..

 

Je ne peux que souscrire à la conclusion de Jean Guisnel : Je cite « La commission n'a pas de marge de manœuvre puisque le président lui indique à l'avance qu'elle doit accorder la priorité aux "capacités qui assurent à notre pays une liberté d'appréciation, de décision et d'action, en particulier dans des domaines-clés tels que le renseignement et les capacités d'action spécialisées". Mais, comme un expert allemand et un britannique vont participer aux travaux de la commission, est-il envisageable que celle-ci mette tout sur la table, au risque de dévoiler des pans entiers de la stratégie nationale de renseignement, l'un des noyaux durs de l'indépendance stratégique française ? Troisième sujet, absolument incontournable : la politique industrielle, préoccupation majeure du ministre de la Défense, qui a sur la question quelques idées bien à lui, que le président de la République partage. Elles devraient apparaître lors de la première décision militaro-industrielle publique du quinquennat : Celle portant sur la nouvelle génération de drones, qui devrait être annoncée fin juillet »

 

En 2008 le préambule du livre blanc exposait la nécessité d’orienter La politique de défense et de
sécurité de la France vers moins de  clivage traditionnel entre la sécurité intérieure et la sécurité extérieure…. Le livre blanc qui s’annonce est justifié par M. Hollande,  puisque des évolutions majeures, comme la crise économique et financière ou de nouvelles formes du terrorisme dans le monde, imposent à la France de redéfinir sa stratégie et les capacités de ses armées. En 2008 le livre blanc avait fixé cinq fonctions stratégiques : connaissance et anticipation, prévention, dissuasion, protection et intervention et les contrats opérationnels.  Les contrats opérationnels ainsi définis n’ont jamais pu être atteint faute de moyens suffisant et de temps. Nous verrons donc si les prochains mandats seront respectés. J’en doute, l’histoire a montré que  les gouvernements n'avaient jamais respecté les objectifs des lois de programmation qui ne furent jamais atteints. 

 

 

 

 



18/07/2012
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