ATHENA-DEFENSE

 photo Lionel Bonnaventure AFP

Ainsi le candidat de la droite et du centre, celui  que l’on disait fossoyeur de la sécurité sociale et liquidateur de la fonction publique, à qui on prêtait  l’intention de remettre en question l’avortement et autres joyeusetés, se voit l’objet de suspicions honteuses, lui qui plaçait la probité au centre de la campagne. Pour faire bonne figure, son épouse se voit à la fois qualifiée de conne et de femme au foyer, ce qui aujourd’hui,  veut dire à peu près la même chose. Elle serait donc incapable d’assumer les fonctions pour lesquelles elle aurait été payée grassement. Or chacun sait, Pénélope  fut l'épouse d'Ulysse et la mère de Télémaque, elle fut une femme qui résista aux avances des prétendants en l’absence de son mari, préservant ainsi sa vertu. Pénélope Fillon aurait-elle fauté sous l’influence perverse de son mari ?

L’attaque envers le couple, qui n’a rien vu venir est aussi soudaine qu’habile.  Elle a dû être murement réfléchie et touche à l’usage même de la démocratie, car les faits n’étaient pas dissimulés, datent de plus de 5 ans et ressortent aujourd’hui dans le bon tempo du fin fond du cloaque. Le but étant d’une évidence qui saute aux yeux, celui de discréditer la campagne de la droite, ce qui ouvre, n’en doutons pas,  une voie royale à Marine le Pen,  certes, à qui on a découvert aussi quelques casseroles et à Emmanuel Macron qui, tout en étant accusé de détournement de fond public au profit de sa campagne,  ne fait curieusement pas l’objet de tels sollicitudes « préliminaires » de la part de la justice. La gauche elle, innocente et virginale, se fait discrète et compte les coups... L’espoir renaît, l’horizon s’éclaircit, le « rasons gratis » aussi...

Le mal est fait et il sera difficile d’en effacer les traces. Le temps n’est plus où un président de la République pouvait loger sa maitresse et leur enfant commun dans un palais au frais du contribuable en toute impunité avec une protection « gendarmesque » à la hauteur et des écoutes téléphoniques censées protéger un secret d’Etat qui n’était qu’un secret d’alcôve.   

Quelle que soit l’issue de la Penelopegate, la porte s’est refermée sur le pied du chrétien, le mal est fait, la messe est dite, même si, pénalement, les faits établis ou non sont prescrits, puisqu'ils ne peuvent être jugés que pendant trois ans. Sauf si la justice prouvait que les faits ont été volontairement dissimulés alors la date prise en compte serait celle de la révélation des faits par le Canard enchainé,  soit le mois de janvier 2017, comme l'explique Bruno Dondero, professeur de droit à l'Université Paris I, sur son blog. Tous les espoirs sont donc permis pour ceux qui font passer le principe de culpabilité avant celui de l’innocence.

Le « Fillon t’es foutu les lycéens sont dans la rue » de 2005, s’est transformé en « Fillon t’es foutu, les salopards t’ont eu » car je n’ai aucune sympathie pour ces fouilleurs de merde à géométrie variable et à moral de chiotte, qui vise au gré de leurs tendances à peu près toujours les mêmes cibles, ceux qui ont quelques velléités de redresser la France.  

On pouvait être en accord ou pas avec les idées de Fillon, on pouvait même les contredire, le combat à la loyal est toujours salutaire, mais sortir les couteaux de cette manière relève d’un procédé coupable, celui qui qui nous emmène doucement vers la dictature et le renoncement.

Nous arrivons au bout d’un cycle, l’oligarchie à laquelle appartenait Fillon comme tous les autres a vécu, ce n’était pas une raison pour assassiner ce qui nous restait de respect envers nous-mêmes. Il lui en faudra du courage pour se sortir de ce piège dans lequel il est tombé, et l’aide du Saint Esprit, puisqu’il est croyant,  lui sera salutaire, mais je doute de son efficacité.

Reste l’espoir, mais il va en falloir des messes à Solesmes pour qu’un miracle ait lieu.  Qui sait, puisque la malédiction du Saint Esprit n’est qu’un rêve du diable.

Roland Pietrini