ATHENA-DEFENSE

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Frappe en Syrie. Au secours, le docteur Folamour s'est réveillé...

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Docteur Folamour- 1958. Peter George

 

Ainsi cette nuit les trois puissances Etats-Unis, Grande-Bretagne et la France ont frappé des installations syriennes réputées comme étant celles qui conçoivent et stockent les capacités chimiques syriennes.  Il est difficile de se prononcer sur l’opportunité et l’efficacité de telles frappes. Mais puisque les coups sont partis, il apparait difficile de s’en désolidariser, même si de toute évidence, nous aurions pu agir différemment.

 

L’histoire retiendra si la fermeté affichée sera ou non productive. Assad,  avec l’appui de Poutine, sans lequel rien n’eut été possible,  a gagné sa guerre, et ce ne sont pas quelques frappes aussi précises et ciblées  qui feront changer le cours des choses. La Syrie et la Russie ont gagné et la Russie ne lâchera pas Assad, bien au contraire.  Ces frappes vont pérenniser cette collaboration. La Russie s’installe, et pour longtemps, au Levant.  Si un bloc, Russie-Iran-Syrie- Hezbollah  se dégage de manière forte,  c’est aussi pour contrer la coalition, Etats-Unis -Grande-Bretagne- France -Arabie Saoudite  qui apparaît,  elle,  moins solide. Nous alimentons sans cesse  et avec beaucoup de maladresse ce conflit entre sunnite et chiite  qui ne peut avoir de fin.

 

Au milieu Israël, même soutenu par les Etats-Unis,  reste plus que jamais en danger et il n’est pas exclu que la Syrie réunifiée ait un jour de nouvelles visées contre le Liban.

 

Derrière ces frappes se cachent d’autres enjeux, bien plus graves que ceux que l’on veut nous faire avaler. Ces frappes sont en fait un aveu de faiblesse des  Occidentaux, contraints de montrer leurs muscles, tant ils se sont mis hors-jeu en mettant Assad au ban des nations.  Il aurait été plus intelligent de tenter de le contrôler, « de l’utiliser », en quelque sorte, en tant que contributeur et supplétif pour l’éradication de Daesh, qu’il a d’ailleurs  avec les Américains (en Irak) contribué à faire naître.  

 

Sur le plan militaire, les mises en garde répétées des 3 puissances occidentales,  (les seules dotées de moyens capables de frapper à grande distance des installations adverses, grâce à des missiles lancés de navires ou d’avions à distance de sécurité des moyens sol-air adverses), n’auront, bien entendu, servi à rien, sinon à recréer une nouvelle guerre froide dans laquelle, il n’est pas certain qu’en cas de confrontation directe, nous ayons, cette fois-ci,  l’avantage.

 

La France dans cette affaire joue un jeu dangereux, car nous sommes en première ligne en Méditerranée. Imaginons une de nos frégates touchée -par inadvertance- par un missile russe ou une torpille inconnue ? Qu’elle serait notre riposte ? J’espère que Jupiter y a pensé, à moins de considérer que ce risque est totalement exclu.

 

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photo mer et marine

 

Nos missiles de croisière SCALP, que nous avons en nombre plus que limité, cette fois-ci, ne suffiraient pas et l’OTAN serait contraint d’intervenir.

 

 

Les frappes militaires occidentales en Syrie sont ressenties comme  étant  « une insulte à l’encontre du président russe », un acte qui sera suivi de conséquences, a également averti l'ambassadeur de Russie à Washington, Anatoli Antonov. « Nous avions averti que de telles actions appelleraient des conséquences », a écrit le diplomate dans un communiqué. « Nos mises en garde ont été ignorées », a-t-il déploré.

 

« Aucun des missiles de croisière tirés par les États-Unis et par leurs alliés n'est entré dans la zone de responsabilité des défenses aériennes russes qui protègent les installations à Tartous et à Hmeimim », a toutefois indiqué le ministère dans un communiqué cité par l'agence de presse d'État RIA Novosti.

 

Nous sommes, donc,  de nouveau, entrés dans ce jeu de c’est « qui qui, qui a la plus grosse ! »  Le fait de penser qu’un acte de fermeté est la seule réponse (aux velléités de Poutine  et  d’Assad) montre que nous n’avons plus de marche de manœuvre et c’est ce qui est le plus inquiétant.  Au secours, le docteur Folamour s’est réveillé.

 

 

 

Roland Pietrini

 



14/04/2018
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