ATHENA-DEFENSE

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Haute intensité, la fin des illusions.

 

 

 

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Le conflit en Ukraine révèle, s’il en était besoin, le décalage qui existe entre la réalité et l’intention.

 

 

 

Si l’intention est bien d’aider l’Ukraine dans son combat contre la Russie en lui transférant un certain nombre d’armes, la réalité est que nous sommes dans l’incapacité de satisfaire leurs demandes sans entamer le peu d’équipement qui nous reste.

 

 

 

Nous ne pouvons plus cacher la réalité. Parler de guerre haute intensité lorsqu’on ne possède plus que 59 système Caesar, 8 LRU, quelques SATCP, aucun système sol-air moyenne couche et moins de 200 chars Leclerc et un stock de munitions à l’étiage, relève d’un discours parfaitement utopique et superfétatoire, voire manipulatoire.

 

 

 

Il est désormais devenu impossible de cacher la faiblesse de notre corps de bataille et nous ne pouvons plus faire illusion, y compris lors du défilé du 14 juillet.

 

 

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La livraison de 4 systèmes Crotale de défense sol-air censés défendre certaines de nos bases aériennes et prélevés sur les 12 unités de Crotale NG en service au sein des escadrons de défense sol-air (EDSA) de l’AAE, des radars GM200, trois malheureux LRU (trois lance-roquettes unitaires) ponctionnés sur le parc du 1er régiment d’artillerie de Bourogne, sur les 13 dont un est transformé en pot de fleurs, 2 ou 3 en réserve de pièces, est une véritable insulte à la raison.

 

 

 

Nous sommes en queue de peloton parmi les alliés de Kiev (Londres a annoncé cette semaine la livraison de missiles AMRAAM, l’Espagne de systèmes Hawk).  Alors on a beau affirmer que nos livraisons sont qualitatives, cela ne trompe personne, après 40 ans de coupes sombres nous ne pouvons plus faire qu’illusion.

 

 

 

En réalité, nous avons à peine pu sauver une armée médiane dimensionnée pour des conflits de basse moyenne/ intensité ou de « maintien de la paix » et le système Scorpion réparera à peine le secteur médian à l’horizon 2030.

 

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 Un nombre insuffisant

 

 

 

 

 

Nous sommes incapables en l’état de nous engager de manière crédible dans une coalition face à un Etat agresseur dans une phase de haute intensité, sans dépendre pour l’artillerie et notre défense sol-air moyenne couche de nos alliés.  

 

 

Que dire de notre aviation de combat qui n’a pas reçu de Rafale depuis quatre ans et qui possédera moins de Rafale en 2025 qu’elle n’en avait en 2021, compte tenu des 24 cédés à la Grèce et à la Croatie et des délais de livraisons. (1)

 

 

Quant à la Marine, la Royale ne peut au mieux aligner qu'un PAN, 14 frégates et 5 SNA. Alors que nous possédons le deuxième domaine maritime mondial, après les États-Unis. Le contrôle et la surveillance d’espaces maritimes de plus de 10,2 millions de km², répartis sur tous les océans, représentent autant d’enjeux économiques que stratégiques. 

 

 

Nous payons cache aujourd’hui la politique de gribouille qui fut celle de nos dirigeants depuis 40 ans.

 

 

La signature avec Kiev, jeudi 13 octobre, d’un accord créant un « fonds spécial de soutien » de 100 millions d’euros qui permet aux Ukrainiens d’acquérir du matériel militaire « directement auprès des industriels français » est un aveu d’impuissance.

 

 

 

On ne peut donner ce que l’on n’a pas, mais aussi on ne peut produire plus que la capacité réelle de notre BITD ( base industrielle et technique de défense ).

 

 

 

L'analyste François Heisbourg, conseiller spécial à la fondation pour la Recherche stratégique, est allé "au principal centre de distribution" d'armes en Pologne afin d'évaluer le "tonnage" d'armes et munitions livrées par chaque pays. Or, sur la totalité de ces dons, la France arriverait neuvième, avec 2%. Même si ce chiffre peut être contesté, (un Caesar pèse moins qu’un obusier chenillé) il ne peut l’être qu’à la marge.  

 

Et cela n’est pas étonnant. Dans trois domaines essentiels, l’artillerie sol-sol, l’artillerie sol-air et les chars nous ne représentons même pas en volume celui de l’armée de terre italienne ou espagnole.

 

 

 

Nos propositions dans les domaines de la formation, notre aide dans le domaine du renseignement ne saurait cacher la réalité, nous ne pouvons offrir aux Ukrainiens qu’une aide marginale, sans aucune mesure avec l’aide proposée par nos principaux partenaires européens, Pologne et Allemagne en tête, sans parler des Etats-Unis, qui sont les principaux fournisseurs d’armes et de services.

 

 

C’est pourquoi, l’impérieuse nécessité de reconstruire un corps de bataille crédible s’impose.

 

 

Mais là aussi, on ne saurait se bercer d’illusions, il faudra des années d’un effort constant et le programme Scorpion indispensable pour le système médian, ne saurait cacher le besoin de reconstruire un système blindé lourd cohérent, protégé des menaces 3D, CME, Cyber…

 

 

 

C’est bien un minimum pour la 7° puissance mondiale qui possède encore, (pour un certain temps) un droit de véto au conseil de sécurité et seule puissance nucléaire indépendante en Europe.

 

 

 

 

 

C’est donc en remettant les réalités de la haute intensité au premier plan médiatique que nous pourrons convaincre de l’absolue nécessité de construire de toute urgence un corps de bataille puissant.

 

 

 

La force nucléaire dont la mission est de garantir la survie du pays en dissuadant tout adversaire potentiel de s'en prendre à notre existence même, ne saurait cacher l’impérieuse nécessité de s’appuyer sur une force classique crédible.

 

Le général Beaufre (2) dans « Dissuasion et stratégie » l’affirme : « Pour faire face à ces différentes éventualités, un pays doit disposer d’un système militaire « adaptable », basé sur les constantes des missions des forces armées : empêcher la guerre, appuyer la politique nationale par des actions de stratégie indirecte, gagner la guerre. L’auteur estime qu’à cette fin il est nécessaire d’avoir des forces de trois niveaux : la force nucléaire, correspondant essentiellement à l’emploi « spasmodique », le corps de bataille assurant la couverture et le combat, capable de mener les opérations tactiques nucléaires, une armée nationale, organisée sous forme de milice inspirée du système helvétique, qui serait apte à faire face à toutes les situations imprévues. » En réalité la doctrine russe est le copié colle de cette réflexion, en ayant mis au rebus notre force tactique nucléaire (3) sous la pression de l’Allemagne nous avons changé de paradigme bien trop tôt.

 

Il faut tout reconstruire. La seule question qui se pose est : en aurons-nous le temps ?

 

 

 

Roland Pietrini

 

 

 

 

 

(1)  RAFALE : Livraisons et coûts - RAFALE : The omnirole fighter (omnirole-rafale.com)

 

(2)  Dissuasion et stratégie (defnat.com)

(3) Le missile Hadès est un ancien missile sol-sol nucléaire tactique (à courte portée) mobile français, démantelé depuis 1997.La doctrine concernant son emploi a évolué vers un rôle d'ultime avertissement, faisant officiellement de l'Hadès un « missile 



15/10/2022
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