ATHENA-DEFENSE

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L’enjeu européen : le jacobinisme et fédéralisme, la carpe et le lapin.

 

L’enjeu européen : le jacobinisme et fédéralisme, la carpe et le lapin.

 

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va falloir....

 

 

Presque deux mois après le début du mouvement des gilets jaunes, et en dépit d’un apaisement apparent de la situation, la colère reste profonde et le lancement du grand débat citoyen montre les limites de l’exercice, tant ce débat semble n’être que l’occasion pour le président de lancer une grande campagne de justification de ses choix sans que quiconque en comprenne l’issue.    

 

Les premiers échanges face aux maires ont,  certes,  permis de libérer la catharsis et les rancœurs  de ceux qui se considéraient ignorés par le pouvoir, mais surtout cela a permis au président Macron de se donner l’illusion d’exister  à nouveau  et d’être en campagne face à un auditoire d’élus essentiellement ruraux, par ailleurs désignés par les préfets.  

 

Il apparait évident qu’il s’agit, en premier lieu,  de recréer le contact perdu avec les élus de terrain qui se sentaient ignorés, voire méprisés,  par une pratique du  pouvoir bien trop verticale et peu démocratique, dont le 80 km/h en est un exemple. 

 

Mais on voit bien que la méthode risque de cristalliser sur le Président toutes les colères. Gagner la  bataille  de la communication ne suffira pas pour l’apaiser. Pire, à trop vouloir en faire, son omniprésence risque d’être contre-productive et le débat entre les citoyens est pour l’instant totalement confisqué au profit de sa seule personne.

 

Certes, on ne peut reprocher à celui-ci de vouloir reprendre l’initiative,  il est dans son rôle, mais dans cette stratégie de reconquête,  la monarchie semble se substituer à la République. Nous en avons l’exemple  lorsque certains individus lui demandent de bien vouloir solutionner leurs problèmes personnels comme s’ils s’adressaient à un seigneur. Cela en devient pathétique, et lorsque dans une maison de retraite, il plaisante avec les petites mamies  qui tricotent devant lui, son numéro de charme et de condescendance est totalement décalé. Est-ce bien sérieux à ce niveau de crise ? 

 

Après avoir aggravé la fracture sociale, en commençant les reformes à l’envers, en privilégiant en premier lieu les ultras-riches et en taxant fortement les petites classes moyennes et les retraités, cette tentative de justification ne peut que réussir auprès des esprits faibles et de ses supporters.  

 

Il est inutile de revenir sur les maladresses et le mépris de ce pouvoir sans socle et sans ancrage territorial.  Ivre de sa victoire de 2017,  le président qui a oublié qu’il devait être avant tout celui de tous les Français tente par tous les moyens de redresser la barre.  Lui, Emmanuel qui  rêvait de révolution, une autre révolution l’a rattrapé, mais ce n’est pas celle qu’il pensait. César qui n’était que Néron (1)  pensait tuer le mouvement de colère en quatre étapes successives puis simultanées :  

 

La première en l’ignorant, la seconde en le caricaturant et le minimisant, la troisième en le réprimant et en ouvrant parallèlement un « débat citoyen » censé l’endormir. Une quatrième phase semble se dessiner, celle de diviser ce mouvement en s’appuyant sur quelques figures du mouvement, par la création de listes éponymes  pour les européennes et par celle de mini-partis politiques. Le piège est grossier, mais plus c’est grossier plus ça marche !

 

Nous sommes dans cette troisième/quatrième  phase. Le président Macron sait, car c’est une personnalité complexe mais très intelligente,  qu’il paye son erreur de diagnostic originel qui lui a fait croire que les Français l’avait élu pour ses choix, alors qu’il ne fut  élu  que par défaut. Alors, contraint pas ce constat, il se sait condamner à faire de la pédagogie.  C’est pourquoi il est à la poursuite de  sa propre légitimité de président, 18 mois après,  se lance a posteriori dans une nouvelle campagne électorale.  Alors comment croire à la sincérité de ce débat qui ne débouchera que sur une impasse ?

 

L’omni présence de Macron depuis une semaine, justifiant la suppression de l’ISF et l’augmentation de la CSG,  se heurte aux réalités de ce que vivent les gens et notamment les salariés pauvres et les classe moyennes  inférieures. Ces salauds de pauvres qui coûtent « un pognon dingue », n’auraient-ils ils  rien compris ?

 

Cette tentative de reprise en main en forme d’enfumage est certes remarquable, mais ne saurait cacher la réalité, il est piégé et ne peut que défendre l’indéfendable.  Changer de cap reviendrait à s’opposer à la politique de rigueur imposée par la haute finance et Bruxelles.  

 

Il faut s’y résoudre, car rien ne peut être possible et aucun des problèmes qui sont les nôtres ne peuvent se régler sans un changement radical de la politique imposée par la communauté européenne.  C’est donc la communauté européenne et sa gouvernance qui est en cause  et qui a favorisé l’émergence d’une  classe de technocrates qui ont une règle à calcul à la place du cerveau.  Cela est amplifié par notre centralisation outrancière qui aggrave cette gouvernance.

 

La France est malade de son organisation administrative trop lourde de ses  mille feuilles redondantes et inutiles : commune, communautés de commune, cantons, départements  et préfet, régions et préfets. Elle est malade de ses institutions figées et de son système électoral injuste qui n’a pas su évoluer avec son temps. Paris décide de tout, pense à tout, dicte nos comportements, impose ses choix. Faut-il s’étonner que le mouvement des gilets jaunes soit avant tout un mouvement populaire et décentralisé ?     

 

En fait deux conceptions s’affrontent, (1) celle en France du jacobinisme à la Macron, contre le girondisme et les montagnards des régions. La France a un fort besoin de décentralisation réelle, il faut redonner le pouvoir aux régions.

 

Deux conceptions s’affrontent aussi en Europe. Celle du fédéralisme,  de la mondialisation et de la haute finance  et celle de l’Europe des nations défendues par les souverainistes dont le RN, avec l’idée assez gaullienne d’une "union des nations européennes".  Si ce choix avait été fait la Grande-Bretagne serait restée dans l’Union Européenne. Si nous ne redonnons pas aux nations la capacité d’agir sur leur destin tout en acceptant un certain nombre de règles communes simples en construisant des convergences sociales et commerciales, alors l’Europe telle qu’elle fonctionne aujourd’hui,  les peuples n’en voudront plus. Tant que ce problème crucial ne sera pas résolu, aucune réforme sociale remettant l’humain au centre des préoccupations ne pourra régler nos problèmes.

 

Au fond, Macron est métissé à la fois jacobin à l’intérieur et pour le fédéralisme en Europe au détriment de l’idée même de nation.  Il est tout et son contraire, adepte de la théorie de la carpe et du lapin.  Ainsi, il ne peut avec la vieille droite qu’accepter et amplifier les règles de  l'union européenne,   qui édicte des normes (règlements et directives), dans ses domaines de compétence, qui ont primauté sur le droit national (droit interne) des États membres et qui s'appliquent automatiquement.

 

De cette Europe-là,  nous n’en voulons pas.  

 

Pour ma part, entre ces deux conceptions, j’ai fait mon choix. Ce choix est celui du souverainisme, il  est plus proche du gaullisme auquel je suis resté fidèle que du giscardisme,  qui fut ce qu’est Macron aujourd’hui, le mépris en moins et l’humain en plus.  

 

Il ne faudra donc pas tomber dans le piège qui se dessine à nouveau. Je voterais pour ma part pour la liste qui ne favorisera pas l’aggravation de ce processus d’affaiblissement de notre indépendance. Soit, nous sommes en capacité de changer profondément l’union européenne  de l’intérieur, soit  alors, il faudra   se résoudre à  la quitter.

 

Dans l’attente, battons-nous pour défendre ce qui nous reste : notre dignité.

 

 

 

Roland Pietrini.

 

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27/01/2019
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