ATHENA-DEFENSE

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Un article passionnant.. RAPPORT DE RECHERCHE N°9

 

 

Gérald Arboit, Le renseignement, dimension manquante de l'histoire contemporaine de la France , Rapport de recherche n°9, mars 2013.

 

 

La phrase rapportée par les Britanniques Christopher Andrews et David Dilks, dans leur étude décisive pour l'histoire du renseignement, est connue : «  Le renseignement a été décrit par Sir Alexander Cadogan, un éminent diplomate, comme étant "la dimension manquante dans la plupart des histoires diplomatiques"  » . Ainsi pointaient-ils à l'orée des années 1980 les travers de la recherche dans leur pays.

Trente ans plus tard, ce constat pourrait s'appliquer à d'autres pays, aux premiers rangs desquels se trouvent la France. Les initiatives restent individuelles et désordonnées. Elles témoignent souvent d'une incompréhension de la part des chercheurs, influencés par une présentation médiatique caricaturale. Elles résultent surtout d'un déficit culturel évident dans notre pays qui reste marqué par les conséquences de l'Affaire Dreyfus.

Outre la question des archives, une histoire du renseignement semble devoir buter plus généralement sur la notion de « secret ». C'est prendre l'histoire à rebours, à partir de la Guerre froide, et rechercher dans le passé les traces confirmant la situation prévalant entre 1947 et 1990. Il s'agit d'une erreur, à la fois épistémologique et paradigmatique qui conduit à une vision déformée du renseignement et de son histoire.

Car le renseignement est d'abord l'outil du décideur, quel qu'il soit, étatique ou non. Il a trait à l'information nécessaire à l'activité humaine, qu'elle soit politique, diplomatique, militaire ou économique. Il ramène à l'unique raison pour laquelle les organisations humaines, étatique ou non, se sont lancées dès la nuit des temps dans cette activité particulière. L'information est un élément central, un moyen de contraindre l'environnement à la volonté du décideur.

Toutefois, si la décision de recherche revient bien à ce dernier, l'histoire du renseignement la néglige trop souvent, comme d'ailleurs elle minore le rôle de l'analyste, autre acteur de la plus haute importance dans le cycle du renseignement. Arguant que ces activités ne délivrent que peu de traces, l'histoire porte plus aisément son attention sur la collecte : personnels, institutions et contenant informationnel.

Cet intérêt bien légitime permet d'affiner la vision de la fonction renseignement. Par ses fonds d'archives disponibles, par sa chronologie particulière à l'intérieur des histoires moderne et contemporaine qui ne se limite pas aux seules crises et guerres, pour suivre les filiations et les continuités de ce que, médiatiquement et populairement, on nomme toujours l'« espionnage », le renseignement apparaît comme un objet historique comme les autres.

 



12/04/2013
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