ATHENA-DEFENSE

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A ppropos des sociétés de sécurité

 

Sociétés de sécurité : le coup de gueule de Bruno Delamotte

Patron d'une des principales entreprises françaises de sécurité, Risk&Co, Bruno Delamotte vient de pousser un coup de gueule qui risque de faire grincer de nombreuses dents dans ce petit monde discret. Dans une tribune, publiée par Le Monde, Bruno Delamotte estime que "les marchands de peur" seront les "bénéficiaires" de la prise d'otage de sept salariés d'Areva et de Vinci au Niger.

Le Pdg de Risk and Co n'y va pas avec le dos de la cuillière, en dénonçant "ces sociétés de sécurité qui se veulent sociétés militaires privées (SMP) en devenir et ne sont que vautours qui mêlent douleurs des familles et recherchent du profit immédiat. Comme ceux qui se sont rués chez les industriels, catalogues sous le bras, pour proposer des services aussi inadaptés que coûteux. Auréolés d'un passé militaire aussi récent que classifié, ce qui peut être pratique pour dissimuler telle ou telle bévue, ils tentent d'impressionner par un discours guerrier qui ne fait que confirmer, s'il en était encore besoin, à quel point ils peinent à s'extraire de l'institution militaire et à comprendre les attentes des entreprises. Ces donneurs de leçons passent sans doute sous silence les quelques libertés prises avec l'éthique, la neutralité de la fonction publique ou, tout simplement, l'efficacité."

 

Ma réponse

Caviar grillé –Les Coulisses de l'intelligence économique- Un monde déprimant vu et corrigé par un responsable d'entreprise jeune et sans aucun doute compétent. Je ne suis pas loin de penser que son coup de gueule est une manière de communiquer habilement sans grand «risk ».  Mais comment ne pas recruter sur « parole » ceux qui se vendent comme anciens des forces spéciales ou du renseignement,  ce qui est loin, en effet, d'être déterminant pour la compétence requise. Et sur ce point, je rejoins volontiers Bruno Delamotte, Pourtant, « les consultants de Risk § Co issus du secteur privé et de l'administration, aux profils variés civils et militaires (sic) en quoi se différencient-ils de ceux œuvrant au sein des sociétés  concurrentes. Problème d'éthique certainement ? Difficile de croire que ces recrutés n'usent de leurs réseaux pour « connaître »  le dessous des cartes.  Et d'ailleurs cela (éthique ou pas) ne me dérange pas outre mesure. Ce qui me gêne, c'est que notre hypocrisie est d'un niveau comparable au pragmatisme anglo-saxon. Ils savent ( américains, britanniques,  et autres dont l'appartenance pourrait surprendre) mettre les structures, les moyens, les formations, le recrutement en phase avec le problème complexe qui est celui de la protection globale des entreprises en zones grises ou non, celles-ci étant tout autant cibles en Europe, qu'en Iran, Afghanistan ou ailleurs simple question de curseur de sureté  à placer là où cela s'avère nécessaire et prioritaire. Nos Ecoles de commerce et nos grandes écoles,  pas si mal placées que cela, devraient sérieusement  se préoccuper de la formation de leurs cadres dans le domaine de la sécurité. Le danger est multi présent et multiforme, je  dirais même que ce danger est d'autant plus grand qu'il est négligé, voire ignoré dans le confort apparent de nos démocraties. Nous sommes bien discret sur le sujet, un peu franchouillard dans le solutionnement, bref nous sommes égaux à nous-mêmes, parce qu'il s'agit là comme en bien d'autres "ailleurs" d'un problème culturel, celui de notre propension à commencer à « conceptuer » plutôt qu'à nous somumettre à la dure réalité du monde.

(Suite)

Ce débat est loin d’être anodin, je dirais même qu’il devrait être un élément essentiel à la réflexion sur l’avenir de la défense et des conflits, et nous sommes dans cette réflexion très en deçà de là où nous devrions être. Devrons-nous un jour déresponsabiliser notre engagement de Nation en confiant à des sous-traitants privés un certain nombre de missions périphériques au cœur du métier de soldat ? Ce processus n’est-il pas déjà engagé dans le domaine de la formation ? Du soutien ? De la santé ? N’avons-nous pas commencé ce processus au nom de cette quête sans discernement d’économies de court terme et d’approche uniquement comptable des grands budgets de l’état ? Au détriment de l’avenir, en poussant cette logique de non-plan à long terme ou bien de plan bidon aussitôt oublié alors que l’encre n’en est pas encore sèche… De politique de courte vue, rythmé au tempo des élections successives, et mesuré à l’aune des sondages d’opinions d’autant moins judicieux que cette opinion est dans le meilleur des cas sous-informée et dans le pire des cas manipulée. On voit bien que cette question est avant tout un débat politique au sens noble du terme, et non pas technique. Certains parlent à tort et à travers d’éthique, mot fallacieux s’il en est pour cacher souvent le « on n’ose pas faire ! » et l’excuse « des droits de l’Homme »? Ces fameux droits qui pardonnent autant les massacres khmères que le sacrifice consenti des moines de Tiberi, sans chercher à comprendre à qui et pourquoi profite le crime où le génocide. Nous ne sommes pas si éloigné du sujet. Alors offrir ou non des protections armées consiste aussi à savoir si nous sous-traitons ou non la protection de nos ressortissants à des « mercenaires ». L’hypocrisie consiste à nier l’évidence, nous le faisons déjà, sans le dire, en projetant des agents du service action là où cela est nécessaire. En offrant aux spécialistes (ex GIGN, Ex 1°RPIMA etc) des niches de reconversion pour la protection d’autorités étrangères qui « servent « la France, en Afrique notamment, en essayant d’éteindre des incendies par précaution, en multipliant les actions de renseignement préventives. Mais dans ce jeu, il est nécessaire de mettre en place les moyens qui s’imposent. La réflexion de l’Etat et des politiques sur une évolution du statut des sociétés privés de sécurité et de prévention des risques, en leur donnant une couverture juridique imposant des droits et des devoirs, est nécessaire, mais je doute que nous débouchions sur quoi que soit d’efficace, les oppositions et les résistances culturelles de notre Cher Pays étant ce qu’elles sont. « On » sera plus apte à pointer du doigt les aspects négatifs d’une telle évolution que les aspects positifs, en laissant une fois de plus à d’autres le soin de combler le vide que nous sommes incapables de combler, tant notre propension est plutôt celle de contempler le monde en mouvement, plutôt que d’accompagner le tempo afin de participer à sa conduite. Certes il est plus confortable d’être confortablement assis dans le wagon pullman que de se salir les mains dans la locomotive, question de choix. Non ?

 



02/10/2010
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