ATHENA-DEFENSE

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A propos d'une élection peu ordinaire...

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J’écrivais,  il y a a peu de temps à propos  de Fillon, « Ils se sont trompés de calibre les apôtres, en tirant sur Fillon au canon,   les effets collatéraux risquent de leur retomber sur le pif », nous y sommes, nous vivons les effets collatéraux et nous les vivrons au-delà du second tour et des législatives à venir. 

 

Ces effets collatéraux sont nombreux, parmi ceux-ci, il y en a un qui n’est pas le moindre, c’est l’élimination des partis traditionnels au premier tour, gauche, droite et centre confondus, alors que seul désormais  le Front National apparait comme  un parti presque ordinaire, que l’on peut désormais classer parmi les partis anciens, les institutionnels en quelque sorte, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes.  

 

Le second mouvement, dénommé « En marche » par le coup de Jarnac (1) audacieux d’un Macron qui a eu raison de ne pas avoir tort, a coupé le jarret des autres, et s’est placé en position pour remporter la course à la présidence. Sauf  que le doute subsiste sur sa capacité à gouverner avec une majorité franche, ce qui serait aussi le cas pour Marine le Pen.

 

Alors, le coup de Jarnac de l’un rejoint étrangement  la pièce de théâtre jouée par l’autre « Une chatte sur un toit brûlant » (2) Dans la famille, les deux ont tenté de tuer le père. Macron a trahi Hollande,  son père en adoptif en politique,  et Marine pour exister a éliminé papa. Tous deux en voulaient à l’héritage, les monstres en politique se ressemblent souvent.

 

Et nous voilà marris, nous les électeurs studieux qui rêvaient de voter pour un programme. Entre un « Attrape tout si je peux » et une Marine qui se prend pour Jeannette  (Jeanne d’Arc dans son pays était appelé Jeannette (4) le choix pour l’électeur est un non-choix, celui de voter plutôt contre l’un que d’adhérer pour l’autre. La malédiction se perpétue,  c’est désormais une règle,  après un Chirac qui a été élu avec le pourcentage que l’on connait grâce à un front républicain dirigé contre le Pen, un Hollande qui fut élu par un rejet de Sarkozy, il ne reste désormais au second tour,  que deux candidats qui se disent antisystème.  Alors, comme Jonas, nous sommes condamnés à entrer dans la baleine et d’en appeler à Dieu pour en ressortir. (5)

 

L’une se veut le porte-drapeau des « patriotes » contre les « mondialistes », et l’autre entend rassembler les « progressistes » face aux « conservateurs ». Tous deux essayent de récupérer les électeurs de gauche et de droite afin de recréer ce qu’ils se tuent à combattre, car la nature a horreur du vide. Un nouveau système et une nouvelle oligarchie seront  remplacés, il n’est pas certain qu’on y gagne au change.

 

Ainsi vont les choses, Macron, s’il est élu,  ne le sera quasiment pas pour l’adhésion à son programme mais  pour le rejet des idées foireuses de Marine le Pen,  prisonnière de l’histoire du Front National qu’elle souhaiterait transformer en Front Populaire afin d’attirer ainsi les électeurs perdus de la gauche et les électeurs en colère de la droite et du centre.  

 

Le diable se  cache dans les détails et se pare des habits des anges (6).  

 

Marine le Pen en dépit de ses marches arrière sur l’Euro et l’Europe, ne peut ignorer que la quasi-totalité de son programme est inapplicable en raison à la fois de notre constitution basée sur les trois piliers de notre République, la liberté, l’égalité et la fraternité, ce qui exclut toute forme de préférence nationale  et le poids des institutions européennes dont la sortie ne peut être qu’une longue marche semée d’embuches, et qui ne pourra aucunement solutionner les problèmes urgents qui sont les nôtres.  Se lancer aujourd’hui dans une telle aventure serait parfaitement stupide. Le modèle du Brexit n’est pas un argument, la Grande-Bretagne est une île et sa monnaie n’est pas l’euro,  la réussite de ce divorce est loin d’être garantie.  

 

Alors que faire, si on ne veut pas jouer les observateurs. Chacun fera ce qu’il voudra. En ce qui me concerne, je me suis prononcé clairement pour le premier tour, je  me prononcerais donc  tout autant clairement pour le second, en mon âme et conscience je voterais pour celui qui représente le moindre danger et avec lequel une cohabitation apparait possible. Je ferais pour une fois mon Mélenchon, je voterais contre Marine Le Pen, et  je voterais contre Macron aux législatives. J’ai pris désormais l’habitude, comme mes contemporains,  de voter résolument contre...

 

Comme dirait le chanteur Charlebois :

 

.... Autour de moi il y a la guerre La peur,

     la faim et la misère

     J'voudrais qu'on soit tous des frères

     C'est pour ça qu'on est sur la terre

      j'suis pas un chanteur populaire

      Je suis rien qu'un gars ben ordinaire....

 

Pour une élection peu ordinaire.

 

Roland Pietrini

 

 

 

  1. « Gui de Chabot Jarnac, dans un duel, le 10 juillet 1547, fendit d’un revers de son épée le jarret à son adversaire François de Vivonne, seigneur de La Châtaigneraie. Ce coup fut trouvé très habile et fournit une expression proverbiale, qui a pris un sens odieux ; mais c’est un tort de l’usage, car le coup de Jarnac n’eut rien que de loyal, et le duel se passa dans toutes les règles de l’honneur. À la suite de cela, un jarnac s’est dit aussi pour un poignard. »

  2. Dans une villa du sud des États-Unis, la famille se réunit pour fêter l'anniversaire du patriarche malade, Big Daddy. Maggie et Brick forment un couple en pleine crise : Brick est déprimé par le suicide de son meilleur ami et se réfugie dans l'alcool. Maggie est frustrée car son époux ne veut plus accomplir son devoir conjugal.  Brick la considère comme responsable de la mort de son ami, Skipper. Big Mama reproche à Maggie de ne pas avoir d'enfant. Maggie, comme Gooper, le frère de Brick, et son épouse (Maeà)  sont en fait venus pour tenter de s'approprier la majeure partie de l'héritage du père dont ils savent la fin prochaine.

  3. Pièce de Tennessee William: Dans une villa du sud des États-Unis, la famille se réunit pour fêter l'anniversaire du patriarche malade, Big Daddy. Maggie et Brick forment un couple en pleine crise : Brick est déprimé par le suicide de son meilleur ami et se réfugie dans l'alcool. Maggie est frustrée car son époux ne veut plus accomplir son devoir conjugal. Brick la considère comme responsable de la mort de son ami, Skipper. Big Mama reproche à Maggie de ne pas avoir d'enfant. Maggie, comme Gooper, le frère de Brick, et son épouse (Maeà)  sont en fait venus pour tenter de s'approprier la majeure partie de l'héritage du père dont ils savent la fin prochaine

  4. « “Dans son pays on l’appelait Jeannette”. Essai sur le discours et l’usage anthroponymiques dans les procès de Jeanne d’Arc », dans P. Beck (sous la direction de), Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, 4, Discours sur le nom. Normes, usages, imaginaire (VIe-XVIe siècle), Tours, 1997, p. 163-177.

  5. Jonas et la baleine livre de Jonas II-1-11.

  6. 2 Corinthiens 11- Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et cela n'est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n'est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres).

 



01/05/2017
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