A propos de l'usage du renseignement
En réponse à un article de Olivier Kempf le mercredi, août 17 2011
Surprise dans le champ stratégique (suite : 4/5))
« Contre l’évidence, on prétend s’obstiner follement, dans les sphères dirigeantes, à nier du « renseignement », le trop catégorique impératif. Et à quoi nous serviraient d’innombrables légions, même supérieurement outillées, si ces troupes ne disposaient pas, à l’heure du danger, d’yeux pour la diriger, d’oreilles pour surprendre les projets de l’adversaire ? Or cette fonction primordiale de clairvoyance et de clairaudience doit être assurée par nos services de renseignements, dont la réorganisation s’impose comme une nécessité vitale contre laquelle rien ne prévaut »
Or le renseignement stratégique comme le renseignement tactique impose aux analystes de ne pas négliger les « signaux faibles » comme vous le dites, les données structurantes. L’échec du renseignement comme vous semblez le dénoncer et plus un échec de son usage que de l’outil lui-même.
Robert Boucard dont je cite une phrase, a écrit un livre remarquable et désormais introuvable en 1939 sur la guerre des renseignements. Commandant, ancien chef du 2° bureau lors du premier conflit mondial, il avait tout compris, tout deviné de la montée du nazisme. Mais lorsque culturellement l’autisme est de rigueur en matière de renseignement, comme l’a été notre pays durant de nombreuses années, l’issue ne peut être que fatale, et même lorsque le renseignement donne l’heure et l’axe de progression d’une offensive, il y aura toujours des généraux incapables de se remettre en cause.
Il en est de même aujourd’hui, la clairvoyance indique qu’un certain nombre de signaux sont passé au rouge. Crise financière qui montre à quel point nos sociétés sont fragiles, déliquescence de certains Etats dont les structures sont remplacées par celles des cartels terroristes, retour vers les extrémismes, mauvaise analyse des émeutes urbaines, communautarisme qui place la communauté (ethnique, religieuse, culturelle, sociale, politique, mystique) comme une valeur plus importante, que les valeurs de liberté, d'égalité, de laïcité.
Les capteurs comme les décideurs ne peuvent ignorer cela, mais ils sont complices afin de préserver un semblant de paix sociale de plus en plus menacée. Il y a le prévisible, par exemple la famine en Ethiopie dont la cause est autant économique que démographique, la sécheresse n’étant finalement qu’un élément mineur en tout cas gérable si la volonté de la gérer existait. Autre exemple, notre retrait d’Afghanistan sonne le glas d’une certaine forme de droit d’ingérence. Nous reparlerons plus tard de la Libye, dans quelques mois.. Ce prévisible connu, est volontairement je ne dirais pas unknowns, mais occulté. L’observation des signaux faibles corrompt simplement l’ordre des choses, jusqu’à l’instant où cet ordre ne fonctionne plus. Je reste cependant optimiste à moyen terme, disons deux générations, sur le court terme, il convient d’avoir une clairaudience celle de la fin d’un monde qui devra se reconstruire en tenant compte des hommes, peut-être devront nous passer par une révolution majeure, je crains qu’elle ne soit violente.
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