ATHENA-DEFENSE

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A propos de la crise Libyenne

 

Voilà donc l'occasion, je le suppose, à discourir sur l'opportunité ou non de posséder un porte-avions, voire deux.  Soulignons au passage, tout l'intérêt à posséder un BPC qui démontre sa souplesse d'emploi, en l'occurrence, le Mistral qui accostera dans le port de Zarzis, situé à moins de 100 kilomètres de la frontière avec la Libye pour évacuer 1000 ressortissants Egyptiens, pouvant ainsi regagner leur pays via Alexandrie, et soulager la Tunisie qui ne pouvait assurer longtemps le soutien nourriture et santé de cette population déplacée. Cette action, bien opportune pour redorer notre blason, doit être saluée comme il se doit.

 

Plusieurs questions méritent d'être posées? Le P.A.N dans sa configuration, est-il adapté à une mission d'interdiction d'espace aérien ( no-fly­-zone)  sous commandement OTAN ?

Pourrions-nous assurer cette mission, à partir de nos bases terrestres ?

Avons-nous la capacité de l'assurer ?

 

Pour la première question la réponse est mitigée. La P.A.N dispose, en effet d'appareils capables à la fois de gérer un espace aérien dans une coalition internationale, grâce à ses Hawkeye, et l'expérience de l'Afghanistan est à cet égard précieuse. Les Rafales M. sont des intercepteurs parfaitement adaptés à une mission d'interdiction, il faut rappeler que les SEM (Super-Etendart sont des chasseurs bombardiers, plus bombardiers que chasseurs) et seraient en l'occurrence inutiles sauf si l'on décide de clouer au sol ce qui reste de l'aviation libyenne.

Le problème se situe plus au niveau de la disponibilité de nos appareils, qui se situe au mieux entre 55% et 65% un peu moins pour les rafales marine, ce qui fait que sur la flotte actuelle,  28 rafales livrés pour la Marine dont un certain nombre sous cocon ( dont 3 perdus en mer, (10 en attente de rétrofit en F3), fait que le chiffre de 9 embarqués est le maximum. Est-ce suffisant ?  NON, et par conséquent la cible finale  étant de 58, est-ce suffisant pour  justifier un second porte-avions ? Réponse NON, ce nombre est insuffisant compte tenu de l'attrition prévisible, de la disponibilité en MCO,  d'autant plus que le Rafale est censé remplacer les SEM et d'assurer l'ensemble des missions et pas des moindres,  nucléaires, supériorité aérienne, attaques au sol et bombardement.  Pour disposer d'un second porte-avions, encore faudrait-il avoir des avions en nombre suffisant pour en armer au moins un de manière significative. Un PAN américain  emporte 80 avions…A moins que l'on considère qu'une flotte réduite suffit, mais dans ces conditions c'est cher payer pour une capacité d'emport aussi limitée.  

Question subsidiaire, Notre flotte est-elle adaptée à une mission d'interdiction aérienne au-dessus de la Libye ? OUI à condition de la réaliser au sein d'une coalition internationale,  NON si nous décidions « intellectuellement » de le faire seul.  Aucun pays ne possède de brouilleurs offensifs en Europe à l'exclusion de l'Allemagne de l'Espagne et du Royaume-Uni qui ont gardé la capacité missiles anti-radars. Nous avons perdu cette capacité depuis longtemps. Or l'Allemagne restera bien sagement hors du circuit, L'Espagne a d'autres problèmes à régler, quant au Royaume-Uni après une participation importante en Irak et en Afghanistan, est épuisée sur le plan budgétaire et ses personnels et ses moyens ont atteint la limite d'emploi. De toute façon elle ne possède pas de porte-avions mais des porte-aéronefs à capacité de nuisance bien limitée. L'Europe n'a plus de capacités réelles d'agir seule. Nous sommes que nous le voulions ou pas depuis 1945, (la réalité était que nous entretenions une sorte d'illusion sur notre indépendance depuis la fin de la seconde guerre mondiale), tributaires des Etats-Unis pour toute crise internationale grave dans laquelle nous serions de gré ou de force engagés.

Or la capacité de nuisance de l'aviation libyenne repose sur des décollages d'avion d'opportunité, hors de toute manœuvre coordonnée, puisque de toute façon les radars libyens sont inopérants, compte tenu de la capacité de « brouillage » de la flotte américaine. Mais  cela implique un maintien en vol, compte tenu de l'étendue géographique du Pays, d'un nombre suffisant d'appareils, aptes à détruire soit au décollage soit au sol dans des délais très courts, le peu d'avions libyens capables de nuire.

Enfin avons-nous la capacité d'intervenir à partir de nos bases terrestres, réponse Oui, mais là aussi nous heurtons aux limites de notre flotte disponible. Nous employons déjà, 6 chasseurs-bombardiers  en Afghanistan, 6 aux EAU, 10 à Djibouti, 3 au Tchad, 2 x C-135FR,  un au Tchad, l'autre aux EAU et  il ne reste plus que trois escadrons de défense aérienne en France (un à Orange, un à Cambrai et un à Dijon), plus un escadron  de Rafale dont l'un est engagé  dans la dissuasion. Nous possédons désormais, un instrument guerrier classique sous-dimensionné par rapport à notre devoir de participation à notre sécurité et aux enjeux de  ce monde. Nous nous interdisons une marge de manœuvre suffisante pour régler nos problèmes, à moins de nous replier dans une posture défensive, égoïste et jubilatoire,  imbécile, en notre pré-carré hexagonal.

La réponse à la crise libyenne est donc essentiellement politique et internationale.  A moins que,  nous décidions de donner un coup de pouce à l'histoire, en nous attaquant directement aux forces loyalistes libyennes, mais dans ce cas, quelles en seraient les conséquences sur la conscience collective des populations.

Alors, que nous sommes incapables d'aider au règlement du « petit problème Ivoirien » qui débouchera n'en doutons pas sur une guerre ethnique. Nous nous trouvons devant une crise d'envergure. Que ferions-nous alors,  si l'Algérie tombait aussi dans ce genre de guerre civile ?  Le droit d'ingérence, lancée par Kouchner,  grande idée généreuse des années 90 retombe dans  les poubelles de l'histoire. L'intervention de Bush  en Irak, bâtie sur des mensonges a définitivement mis du plomb dans l'aile, par son détournement  de l'idée et son inflexion coupable. Mais de grâce, alors que la Chine augmente son budget de  la défense de 26%, cessons de faire des économies sur notre assurance vie et expliquons à nos concitoyens sans connotations militaristes les réels enjeux de notre survie. 

 

 



07/03/2011
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