ATHENA-DEFENSE

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Exclusif: Plaidoyer d’un officier de la Marine Canadienne pour équiper la MRC de navires de type Mistral

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Navire de classe mistral configuré pour la marine canadienne et otan

 

Plaidoyer d’un officier de la Marine Canadienne pour équiper la MRC de navires de type Mistral

 

Un officier canadien de la MRC, (Marine Royale Canadienne)  le Ltv  Philippe Larrivé  spécialiste des systèmes de combat embarqué, a servi comme  sous-marinier dans les SM de la classe Oberon, sur les NCSM Athabaskan,   Halifax et Ottawa (1)  détaché  aujourd’hui auprès de la marine australienne, lecteur attentif d’Athena Defense, il m’envoie quelques réflexions issues d’échanges avec d’autre officiers de la MRC concernant l’intérêt que porte la marine canadienne pour les BPC de la classe Mistral. Il pense que la suspension de la livraison des BPC destinée à la Russie pourrait être une opportunité pour le Canada et l’Otan afin de répondre à son besoin d’équipement.

 

Ce point de vue très intéressant par les précisions et les éclairages qu’il apporte mérite d’être lu attentivement. Il reflète une vision différente  de celle que l’on peut avoir et il est toujours enrichissant de découvrir un autre regard et  une autre appréhension des évènements et du monde hors des limites de notre continent.

Je l’en remercie vivement. L’amitié entre la France et nos cousins d’Amérique n’en est que plus éclatante.

Ces réflexions permettent aussi de mesurer  les difficultés (nous ne sommes pas les seuls) d’équipement et de recrutement de certains pays amis, membres de l’OTAN  en Europe et hors d’Europe,  les Marines canadienne et australienne n’en sont  pas exemptées. Au travers de ce regard nous comprenons aussi, que  des opportunités existent pour une meilleur coopération  entre la France et le Canada, y compris dans le domaine de l’aviation où le Rafale pourrait trouver un débouché compte tenu du prix exorbitant du F35 et de sa difficulté à répondre au cahier des charges prévu.

Il n’en demeure pas moins que du point de vue gouvernemental français, ne pas respecter la livraison des Vladivostok et Sebastopol reviendrait à dénoncer unilatéralement les termes d’un engagement  qui s’inscrivait dans une perspective de détente. Ce précédent pourrait d’autre part décourager des acheteurs potentiels,  avec des indemnités fortes que devraient payer la France pour non-respect de son contrat. Il ne fait aucun doute que cela aurait des répercussions sur les relations France-Russie et Europe-Russie en un moment où d’autres fronts plus sérieux s’ouvrent, notamment contre l’Islamisme radical et le daesh.

Roland Pietrini

 

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Plaidoyer pour équiper la MRC de navire de classe Mistral par Philippe Larrivé

 

  

« Le renforcement militaire   de la Russie  pourrait être une opportunité pour le renforcement de l'OTAN, la Marine royale canadienne (MRC) et pour l'industrie de la construction navale française et son économie. 

 

La France pourrait saisir cette opportunité  pour proposer au Canada des BPC de la classe Mistral, dans un intérêt  bénéfique  pour les deux parties.

L’OTAN et le Canada gagneraient à posséder ce type de navire  qui peut fournir un atout considérable.

 

Pour le Canada, un LPH aiderait  à étayer un soutien logistique pour la prochaine classe de  navire de soutien interarmées du Canada (NSI). Le remplacement des vieux  pétroliers de la flotte du Canada à l'origine exigeait un niveau de capacités expéditionnaires qui n’ont finalement pas été inclus dans la conception finale du navire.

En outre, alors que l'un des Mistral russe  est déjà aux essais en mer que le second sera à l'achèvement en 2016, le premier des deux nouveaux Queenston JSS -classe le Chateauguay  pour la MRC n'est pas encore en   construction. Ils le seront à Vancouver qu'à partir de 2017 ou 2018 au mieux, avec  une livraison prévue en 2019 ou 2020

Il y a certainement des obstacles qui pourraient rendre cette proposition impossible. La  première est le coût. Le contrat avec la Russie est de 1,76 milliards de dollars,  926 millions de dollars pour le premier navire et 836 millions de dollars pour le deuxième.

La solution serait que les états membres de l'OTAN s’entendent pour les racheter sur le même calendrier prévu dans le contrat russe. Des coûts supplémentaires seraient liées à l’adaptation aux normes de l'OTAN ainsi que pour  les infrastructures nécessaires, la mise en service, y compris la formation des équipages multinationaux qui les armeront.

Bienvenue les Mistral

Après le transfert éventuel de propriété de la Russie vers l'OTAN dans les chantiers navals STX Europe à Saint-Nazaire, en France, le premier Mistral sur les deux prévus pourrait entrer  en service dans l'Alliance en 2015, basé en Europe et armé par un équipage d’origine  multinational représentant la plupart des Etats membres dont la France.

Le deuxième Mistral russe, prévu pour la livraison en 2016 - serait géré par la MRC sur  un bail renouvelable de cinq ans, basé sur la côte Est à Halifax. Et selon les termes du bail, ce serait  de  partager  ce navire de manière mixte entre l'OTAN et des missions nationales canadiennes.

Le Mistral OTAN, excusez-moi pour ce terme, devra fonctionner selon les modèles opérationnels et de gestion éprouvées, utilisées par la force AWACS et de l'OTAN et le Heavy Airlift Wing de l'OTAN (HAW) équipé de C-17 Globemaster III.

Les missions et  la gestion du programme devraient être spécifié aux normes de l'OTAN. En fait, c'est peut-être le moment opportun et crucial  pour placer les BPC ainsi exploités sous une autorité unique.

Ces navires devenus Otaniens, renforceraient parfaitement les zones de réaction rapide multinationales dressées par le plan de préparation de l'action (RAP) qui a émergé du Sommet de l'OTAN au Pays de Galles le 5 septembre.  Le RAP souligne  des nouvelles capacités de réaction rapide et de renfort sous forme de rotation  de déploiements de troupes; forces aériennes, maritimes et terrestres et la mise en place de moyens dédiés et de nouvelles infrastructures militaires dans les zones frontalières de l'est et du sud.

En annonçant ces mesures, le Secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen a souligné non seulement le conflit en Ukraine, mais aussi l'instabilité croissante et la montée de l'extrémisme au Moyen-Orient et partout dans le Nord et Afrique de l'Ouest qui menacent directement la sécurité des Etats membres.

 

Un navire de classe Mistral pour la Marine Canadienne

Le même organisme de l'OTAN qui gère l'Alliance LPH gérerait les missions de l'OTAN pour le navire de la MRC, le Canada conservant la maîtrise de missions nationales. Armé par le personnel de la MRC, l’équipage du navire devrait initialement inclure une équipe de base de la Marine française familiarisé avec le navire.

 Les capacités interarmées et interalliées multirôles d’un LPH comprennent:

  • Le soutien amphibie et les forces spéciales, y compris NEO et opérations CSAR;
  • Réponse humanitaire - transport et de l'équipement d'exploitation, y compris les engins de débarquement, des bateaux, des hélicoptères et des véhicules, tout en offrant des services médicaux et de servir comme base à flot et QG opérationnel;
  • Opérations  de soutien dans l'Arctique en servant de base à flot pour des opérations et des exercices de souveraineté  pour les exercices combinés et les opérations avec les forces américaines, danoises et norvégiennes; Réponse SAR et les catastrophes maritimes plate-forme pour les  opérations de police et les activités régionales de développement et
  • Mission anti-piratage, contrôle de la mer, ASW et d'autres opérations maritimes;
  • Formation et engagement - navire-école RCN; plate-forme pour les missions régionales de mobilisation, réponse adaptée aux besoins de formation des forces amies dans les zones des Caraïbes, de l'Amérique centrale et d’Afrique de l'Ouest.
  • Transport de véhicules, avions, équipements, et conteneurs ainsi que  pour le personnel pour l'appui de déploiements à grande échelle.

Caractéristiques 

Le Mistral  de conception LPH intègre une plate-forme  pour le transport et le lancement jusqu'à quatre chalands de débarquement; une base mobile pour 16 hélicoptères - une capacité de transport pour un maximum de 60 véhicules, y compris des chars de combat

Une capacité d’accueil  450 à 900 hommes, - un hôpital de rôle 3 - ainsi qu’un Etat-major de forces inclauant, contrôle, communications et renseignement (C3I) et les espaces nécessaires pour soutenir un débarquement de force interarmées.

Un RCN Mistral pourrait accueillir toute la gamme des hélicoptères canadiens, y compris les CH-148 Cyclone et Chinook CH-147F. Idéalement, le Canada devrait obtenir 6-8 Cyclones supplémentaires configurés pour le rôle Commando Helicopter dans le cadre d'un accord financier avec Sikorsky sur le Programme d'hélicoptère maritime (PHM). Commando Cyclones seraient optimisés pour les opérations spéciales, assaut tactique, l'évacuation sanitaire et les missions de services publics, avec des sièges à la place de capteurs maritimes, tout en conservant le système FLIR du CH-148.

Un groupe Air de mesure (TAG) pour la MRC LPH dépendrait de la mission.

Un mélange de Commando Cyclones, Griffon et Chinook pour, SOF, le soutien amphibie de l'Arctique et des opérations humanitaires. Cyclones pour la sécurité maritime et ASM groupes de travail. Les équipages de la US Marine Corps, la Force d'hélicoptères de la Royal Navy et de la Royal Commando danois et norvégiens devraient être intégrés dans l'escadron de cyclone formant le noyau de la TAG. Cela est essentiel pour renforcer l'expertise et l'interopérabilité entre les partenaires de l'Arctique et de l'OTAN, de manière à construire un partenariat plus direct. 

Ce sont les défis auxquels fait face la MRC en manque d’effectif  et le Mistral a été conçu dès le départ pour fonctionner avec un équipage réduit - seulement 20 officiers, 80 officiers mariniers et 60 marins.

Le principal défi pour le Canada est de  convaincre le gouvernement et le public que l'obtention d'un Mistral LPH pour la MRC est raisonnable et abordable, tout en étant en dehors de la SNACN.

Compte tenu des défis qui se font jour pour les Etats membres de l'OTAN et pour le Canada lui-même, la réponse est sûrement un retentissant «Oui».

Le Queenston  et le Chateauguay et les navires de soutien interarmées  qui finiront par être construits au Canada restent nécessaires pour répondre à des besoins urgents, pour leur rôle principal de ravitaillement à la mer, mais un MRC Mistral en service dès 2016 offriraient la possibilité de soutenir un large éventail de missions l'OTAN et répondrait aux besoins du corps expéditionnaire canadien et les opérations d'urgence.

Bien sûr, le président François Hollande pourrait bien décider de procéder à la vente de ces deux navires de guerre dynamiques en Russie une fois la «paix rétablie à l'Ukraine, ce qui rend cette proposition une lettre morte.

 

Lieutenant de vaisseau Philippe Larrivé

Ncsm OTTAWA 

 

(1)  Le NCSM Ottawa sert principalement dans l'océan pacifique pour la protection de la souveraineté territoriale du Canada et l'application de la loi dans sa zone économique exclusive.

Ottawa a participé dans de nombreuses opérations de lutte anti-terrorisme (golfe Persiquegolfe arabique), et patrouille régulièrement l'océan pacifique dans le cadre de missions de l'OTAN.

 

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HMCS OTTAWA



28/09/2014
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