Défense : Les dégâts de la loi de programmation. (réactualisé)
A défaut de moyens, il nous reste des idées..
On le savait, les têtes d’œufs de Bercy, dont la compétence est indiscutable dans leur capacité à subir la crise plutôt qu’à agir, puisqu’on leur doit en partie, ce qu’est la France aujourd’hui, imposent des économies d’illusions, avec des conséquences catastrophiques pour notre défense.
L’étalement de certains programmes mettent en danger le maintien de nos capacités industrielles, menace des emplois d’excellence, et finalement surenchérie chacune des acquisitions indispensables au maintien plancher de nos capacités.
Antoine Bouvier, PDG de MBDA confirme aux députés de la commission de la défense. "On a perdu deux annuités sur deux LPM". Ces pertes se traduiront entre 200 et 500 suppressions d’emploi, en, emploi direct ou en sous-traitance. En 2011 MBDA avait déjà supprimé 400 postes de travail.
Patrick Boissier, quant à lui, PDG de DCNS rappelle que l’étalement des livraisons des FREMM avec seulement six frégates d'ici 2019 à pour conséquence de ralentir la cadence de fabrication. Le décalage est de 4 mois pour une frégate. D’un point de vue industriel, cela nous a fait perdre les effets positifs d'une série. Le surcoût généré est équivalent à celui d'une frégate, soit selon une équation qu'il a présentée, environ 450 MEUR pièce (l’équivalent d’un BPC).
Pour mémoire, la réduction du nombre de FREMM de 17 à 11 navires avait coûté l'équivalent d'une frégate, tout comme le passage d'une cadence de 7 mois à une cadence de dix mois qui passe désormais donc à 14 mois.
Les économies de façade, conséquence de décisions d’un Etat aux abois sur le plan financier ont donc coûté l'équivalent de trois navires. On aura donc moins de frégates pour un prix d’acquisition à l’unité sans cesse révisé à la hausse.
Si, selon Antoine Bouvier, les trois dernières frégates n'étaient pas commandées comme prévu, ( ce qui n’est pas exclu tant le flou sur le nombre de FREMM est patent ) le coût engendré représenterait encore celui de deux autres frégates, pour prendre en compte les annulations de commandes. 500 emplois sont déjà clairement menacés : une centaine à DCNS, une cinquantaine sur les intérimaires, et 300 à 350 sur la sous-traitance.
Si la cadence de fabrication passait à 18 mois, 1.000 emplois seraient menacés, assure le PDG.
Les conséquences sur le programme Barracuda sont aussi dramatiques : le premier Barracuda sera livré avec six mois de retard en 2019 !
Le deuxième SNA serait livré avec un an de retard, le troisième avec 18 mois, et les trois derniers, avec deux ans de retard.
Ce dossier complexe est désormais dans les mains de Bercy, qui pourrait se prononcer d'ici la fin du mois. On peut leur faire confiance, ils choisiront la pire des solutions. 500 emplois seraient menacés par cet étalement. Sans compter le surcoût que les SNA actuels devront subir en raison des chantiers de MCO supplémentaires, qu'il faudra aussi financer. .
Ce surenchérissement de nos acquisitions touche tous les domaines de notre défense. L’étalement du programme Scorpion pour l’armée de terre – entre 3 et 4 ans de retard – avec un diminution du volume des commandes.
Lors de l'Université d'été de la défense, qui s'est tenue à Pau les 9 et 10 septembre, les grands chefs de l'armée de terre ont insisté sur le besoin urgent de renouvellement rapide des blindés légers avec deux programmes dimensionnant : l'EBRC et le VBMR. L'Engin blindé de reconnaissance et de combat, qui doit succéder aux AMX-10 RC et Sagaie et le Véhicule blindé multirôle, remplaçant du vénérable VAB.
Le programme Rafale, sous perfusion, dans l’attente de commandes hypothétiques à l’export.
Le PDG de Dassault-Aviation Eric Trappier a insisté devant la commission de la défense sur les enjeux de le production du Rafale.
«Nous avons besoin de construire un Rafale par mois, et onze par an, pour conserver la capacité de production de cet avion» «cet objectif est important dans la mesure où il permettrait à Dassault Aviation et à ses sous-traitants de conserver un intérêt à produire pour le secteur militaire. En effet, la sous-traitance est aujourd’hui très sollicitée par le secteur civil, économiquement bien plus intéressant, comme le montrent les exemples d’Airbus et du Falcon. Mais la production du Rafale relève aussi de l’intérêt national : il est donc important de maintenir un équilibre en faveur de nos sous-traitants et de préserver leur motivation. (...) De nombreux sous-traitants me disent : « si nous emportons le marché en Inde, ne pourriez-vous pas faire tout fabriquer là-bas, de façon à nous débarrasser de la production de Rafale ? ». C’est vous dire à quel point la sous-traitance est démotivée. En effet, alors qu’à l’origine on lui a parlé de 320 avions, elle voit, tous les quatre ou cinq ans, les décisions systématiquement remises en question. De son côté, Airbus produit entre 50 et 100 avions par mois ! C’est un problème d’intérêt national : voulons-nous garder notre capacité à produire le Rafale ? J’y suis prêt, mais je ne suis pas tout seul : il faut également proposer des perspectives de long terme à la sous-traitance.»
Les auditions qui précèdent l'examen de la loi de programmation militaire continuent selon un rythme jugé impossible à tenir. C’est en fait la meilleure façon de faire passer des décisions ineptes dont les conséquences seront dramatiques pour notre défense.. On maintient dans ce domaine les citoyens dans une ignorance qui donne à nos dirigeants l’illusion de régler un problème. La défense continue à être la variable d’un ajustement coupable qui ne changera rien, bien au contraire, à l’impérieuse nécessité de mettre à plat notre économie désormais exsangue.
« Avant, on avançait dans la mauvaise direction ; maintenant, on recule dans la bonne. »
A lire la réponse limite violente du ministre de la défense"
Quand Jean-Yves Le Drian rappelle au PDG de DCNS qui est le patron"
"La LPM 2008-2014 tablait sur une remontée vertigineuse et totalement irréaliste des crédits d’investissement ; c’était avant la crise. Le président de la République ayant pris la décision de sanctuariser les crédits pour la Défense, cela m’a permis de maintenir l’ensemble des commandes. Il y aura onze FREMM (frégates multimissions) et six sous-marins Barracuda, alors que dans les premières prévisions que l’on m’avait présentées, ce n’était pas le cas. J’ai maintenu ce cap et je suis garant de ce choix."
http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2013/09/24/quand-jean-yves-le-drian-rapelle-au-pdg-de-dcns-qui-est-le-p.html
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