ATHENA-DEFENSE

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L'Afrique: un mal français?

 
Au Niger, le 26 juillet 2023, le président Mohamed Bazoum, élu démocratiquement, a subi un coup d'État mené par le général Abdourahamane Tchiani, pour des raisons plus personnelles que politiques, ce qui a créé une situation confuse, forçant à l’évacuation des ressortissants français et occidentaux.
 
 
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Cet épisode – qui survient après ceux du Centre-Afrique, du Mali, du Burkina Faso, mais aussi de Guinée–  traduit, sur fond de redistribution des cartes en Afrique, notre manque de prévoyance, mais surtout l’inadaptabilité de nos outils de renseignement et d’analyse dans le traitement des crises en général et singulièrement en Afrique.

Cet état de fait donne une apparence de fébrilité, mais, plus grave encore, de faiblesse et d’incompétence, largement exploitées par nos détracteurs.

 

Une tribune politique

Une lettre ouverte au président de la République, publiée dans Le Figaro et signée par 94 parlementaires issus de plusieurs bords politiques, appelle à remettre à plat la politique de la France en Afrique.

Roger Karoutchi, Bruno Retailleau et Christian Cambon en sont les principaux auteurs et dénoncent ainsi l'engagement français : « Aujourd'hui le Niger, hier le Mali, la Centrafrique, le Burkina Faso ont rejeté la France, les forces françaises, les entreprises françaises. À nos dépens, après l'échec de l'opération Barkhane, voilà les milices Wagner. »

Or, ce qui semble faire polémique serait l’échec supposé de l’opération Barkhane, ce qui semble déplacer le problème de fond et fait réagir, à juste raison, le ministre des Armées qui a pris la défense de l'engagement français en ces termes : « Notre armée n'a eu de cesse de faire reculer les groupes terroristes au Sahel, sauvant des milliers de vies sur place et protégeant celles des Français des menaces d'attentats sur notre sol. »

Oui, sur le plan militaire, l’opération Barkhane a été menée, sans nul doute, avec intelligence et compétence. Les Armées ont fait le travail. Mais, ce que ne dit pas le ministre des Armées, et pour cause ; c’est que ni la diplomatie, ni la politique n’ont suivi et n’ont été à la hauteur des enjeux.

Comment a-t-on pu passer, ne serait-ce qu’au Mali, du statut de héros et de libérateurs, au statut d’occupants et de post-coloniaux ? La réponse est, en partie, liée à notre manque d’anticipation, d’action sur les populations et d’exigence vis à vis du pouvoir en place.

C’est pourquoi, il aurait été plus judicieux de la part des signataires, qui ont tous été d’une discrétion remarquable envers la progressive déliquescence de notre outil diplomatique, de dénoncer la désorganisation de la DGSE. Cette désorganisation fut accélérée par le remplacement, en son sein, des militaires formés aux connaissance de terrain par des civils, certes surdiplômés, mais formés dans le même moule de la technocratie dite républicaine.

Par ailleurs il aurait été raisonnable de s’opposer à la diminution des responsabilités, voire des compétences de la cellule Afrique de l’Élysée, qui avait une grande importance du temps du Général de Gaulle à Jacques Chirac.

Ils ont été co-responsables de la diminution drastique – avant 2017 – des moyens financiers consacrés aux Armées et à la Diplomatie. Le manque de vision et d’outils de contre-ingérence ont fait le reste. On en mesure aujourd’hui le résultat, comme dans tous les domaines régaliens.

 

Irresponsabilité à la française !

Nous avons, depuis de nombreuses décennies, laissé prospérer des dirigeants africains, plus enclins, pour certains, à s’enrichir à titre personnel, que de construire des infrastructures pour leurs propres peuples.

Qu'en est-il des routes, chemins de fer, hôpitaux et écoles ? De l'industrialisation et du développement du tertiaire ? Et des politiques éconoiques novatrices ? Le bilan est sévère, et ce n’est pas en accusant l’ancien colonisateur de tous les maux, que l’Afrique progressera. Elle est dépassée par son propre dynamisme démographique, et le mot est faible. L'Afrique compte 1 milliards et 465 millions d'habitants en 2023, contre 1 milliards et 55 millions d'habitants en 2010, et 818 millions et 952.000 d'habitants en 2000. Alors que le PIB en valeur constante a quasiment stagné.

Cette accusation envers la France, relayée en interne par une politique de repentance, aussi stupide qu’inefficace, car elle est excessive et injustifiée, se retourne contre nos intérêts.

Serions-nous plus coupables que d’autres ? Quant à l’esclavage, qui nous est souvent reprochée, quels sont les États qui ont le plus profité de cette manne humaine gratuite, soumise de force et victime des puissants, sinon l’Afrique elle-même, l’empire Ottoman, les États-Unis et bien d’autres.

En vérité, dire que nous avons commis des erreurs et les dénoncer est certainement utile, mais pour qui ? Le rappel de notre responsabilité renforce les arguments de nos compétiteurs.

Aux yeux de beaucoup de populations, la France n’est plus la France, puisque sans cesse elle se réfère à l’Europe et à sa supra-nationalité, qui, d’ailleurs, ne porte aucun intérêt à l’Afrique, sauf comme un potentiel marché.

L’Afrique : il faut l’aimer

Car le problème de l’Afrique est, avant tout, celui des Africains qui souhaitent l’autonomie, mais qui semblent chercher sans cesse des nouveaux colonisateurs ou des eldorados en Europe. Avec la Russie, la Chine et la Turquie, ils risquent d'être servis.

Plus prosaïquement, serait-ce aimer l’Afrique et les Africains que de laisser ces populations à une influence exogène, qui est loin d’être désintéressée ? Serait-ce aimer les Africains que de les laisser à Boko Aram, ou aux islamistes ? Serait-ce aimer les Africains que de les accueillir sans discernement sur notre sol, alors que le besoin de développement chez eux devrait être prioritaire ? Serait-ce aimer les Africains que de les laisser se débattre avec une surnatalité destructrice, pour eux comme pour nous ?

L’Afrique, il faut l’aimer. Mais certainement pas en la laissant aux mains de ceux dont l’objectif n’est pas son développement, mais qui y voit une base de lancement pour la déstabilisation de l’Europe. Plus particulièrement de la France, maillon faible du continent.

Alors, messieurs les contempteurs, vous avez commis les mêmes erreurs que vos successeurs, vous avez donné, sans rien demander en échange. Vous avez contribué à l’affaiblissement de la France, vous avez fermé les yeux en vous taisant quand notre langue a été quasiment exclue de l’éducation africaine, au profit de l’anglais.

Vous ne vous êtes pas battus pour que la francophonie créée justement le 20 mars 1970, à Niamey, au Niger ne soit dirigée par une Secrétaire générale (depuis le 1er janvier 2019), Louise Mushikiwabo, qui aime se décrire comme « citoyenne du monde » et qui a fait ses études aux États-Unis.

Hautement compétente dans de nombreux domaines, mais l’est-elle pour promouvoir le français ? Il serait temps, en effet de remettre à plat la politique de la France en Afrique, en commençant par la remettre en cause, chez nous.

Cela va sans dire, mais encore mieux en le disant.

 

Roland Pietrini

POST SCRIPTUM DÉFENSE

 

 

 



10/08/2023
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