ATHENA-DEFENSE

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Défense: industriels, politiques, états-majors, syndicats - Même sac? Même corde?

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Que la défense soit une variable d’ajustement ce n’est pas un constat c’est un pléonasme: variable d’ajustement et défense sont  désormais, depuis des décennies, un élément intangible de la chose. Mais cela serait insuffisant de désigner nos politiques comme étant les seuls fautifs, les industriels et paradoxalement les syndicats, les Etats-Major et les militaires eux-mêmes en sont tout autant. 

 

Les industriels le sont,  par leur lobbying outrancier afin d’orienter le choix de nos Etats-Majors par le biais de la DGA  sur des préférences nationales dont on sait que malgré leur excellence réelle ou supposée, les séries étant forcement limitées, le coût en est exponentiellement prohibitif.

 

Qu’on en juge, combien de chars Leclerc aurait-il fallu commander pour  que le prix soit compétitif et abordable pour notre défense?  Dans les années 80, l'objectif annoncé était de 1500 afin de remplacer les 1200 AMX-30 et le reliquat d'AMX-13 alors en service. Le mur de Berlin,  certes, tenait encore debout et le danger désigné était l'URSS. Sauf qu'aujourd'hui la Russie de Poutine fairt entendre ses bottes aux portes de l'Europe. 

« En 1993, la DGA ne tablait plus que sur 650 chars de combat pour un budget total de 39 milliards de francs de l'époque, hors engins de dépannage et porte-chars.

" En 2001, l'assemblée nationale estime le coût total du programme Leclerc à 5,7 milliards d'euros (37,4 milliards de francs) dont 3,85 milliards d'euros déjà votés en crédits de paiement. Le coût unitaire moyen est alors de 8 millions d'euros (52,5 millions de francs) (6 549 486,47€ pour un S2), en dépassement de 20 % par rapport aux devis initiaux, en raison des surcoûts du maître d’œuvre industriel et de la réduction de cible tandis que la cour des comptes a évalué le coût unitaire d'acquisition global du char Leclerc (en tenant compte notamment des coûts de développement, d'industrialisation, de pièces de rechange et de systèmes d'armes annexes, de munitions spécifiques, d'infrastructures, d'instruction et d'entraînement) à 15,9 millions d'euros en 2001 »  

Évaluations »Défense magazineno 6,‎ octobre 1993 (ISSN 1243-8669)

Ce qui  en d’autre terme veut dire qu’aujourd’hui personne n’est capable d'estimer  le coût exact d’un Leclerc, d’autant plus que la plupart ne sont pas opérationnels mais sont sur parc.

Ce constat affligeant peut être reconduit pour le magnifique Rafale de Dassault, 39 monoplaces embarqués pour la Marine nationale (Rafale M38 en essai en janvier 2013, 42 biplaces B339 et 45 monoplaces (Rafale C) pour l'Armée de l'air. Il reste donc 54 Rafale à livrer entre février 2014 et fin 2018. Pour atteindre la cible de 286 Rafale, 106 Rafale devront être commandés pour être livrés entre 2023 et 2030. On sait que la cible va encore bouger à la baisse.

Le coût global du programme Rafale (développement, construction, exploitation, modernisation et maintenance), initialement a été  évalué à 33,274 milliards d'euros pour 294 avions en 2005 (Avis no 2572-08 sur le projet de loi de finances 2006 du ministère de la Défense français). Ce coût est revu à la hausse en 2008 à 39,6 milliards d'euros,  puis en 2010 à 40,690 milliards d'euros, pour 286 avions, en incluant les améliorations nécessaires pour s'adapter à l'évolution de la demande. Le coût moyen de fabrication d'un Rafale (toutes versions confondues) est de 101,1 millions d'euros par appareil en 2011 soit une hausse de 4,70 % par rapport au coût de fabrication initial, l'une des plus faibles hausses des programmes d'armements. C'est tout dire. 

En 2011, le programme Rafale est estimé à 43,56 milliards d'euros par le Sénat. Le coût prévisionnel du programme par appareil et sur la durée totale du programme (40 ans) qui était de 142,3 millions d'euros en 2010 selon la Cour des comptes est donc réévalué à 152 millions d'euros

 

En 2013, la marine française estime le coût de l'entretien programmé de sa flotte de Rafale M passant de 23 à 35 appareils en cours d'année à 100,6 millions d'euro; le taux de disponibilité étant de 38,6 %. C'est à dire un tiers en capacité constante de vol, faute de crédit MCO. Tout cela pour notre unique porte-avions, prototype construit en un  seul exemplaire, qui a connu les déboires que l’on sait, déboires limités compte tenu de la prouesse technique de construire en un seul exemplaire un navire nucléaire  alors que l’on aurait dû faire le choix de le  construire en deux exemplaires,  - (choix actuel  des britanniques)  le coût de recherche et développement aurait été maîtrisé. Conséquence il est fort probable que le CDG sera le dernier PA de notre marine, dont les 3/4 des navires restent à quai. 

 

La leçon ayant été oubliée, on reconduit les mêmes erreurs sur le programme des FREMM, je cite les sénateurs  MM. Xavier PINTAT et Daniel REINER, rapporteurs de  la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées 

« Le programme des FREMM a été dès le départ sous-financé. La cible de programmation initialement fixée à 17 frégates a donc été ramenée à 11, avec de surcroît une modification des spécifications et la commande ferme de trois frégates anti-aériennes FREDA. Cette réduction de cible s'est traduite - arithmétiquement - par une augmentation du coût unitaire marginal - hors développement- des frégates. Cela ne signifie pas que l'Etat devra dépenser plus que les 7,8 milliards annoncés, mais que le nombre des frégates ayant été réduit, le prix unitaire de chaque frégate est beaucoup plus cher" On croit rêver. 

 

Un jour, il faudra bien  trouver des responsables. Mais dans notre République, plus les fautes sont lourdes plus l’impunité est de mise. On sanctionne seulement les lampistes, les autres, on les mute au soleil ou on leur donne des promotions. Il suffit de se référer au scandale Louvois. Les politiques et les industriels ne sont pas les seuls responsables, les syndicats le sont tout autant, par leur inertie à accepter toute révision et réforme de notre outil industriel de défense, au nom de la défense de l'emploi à court terme,  ce qui a pour conséquence de renchérir tous les coûts de production et d’entretien.

 

Quant aux Etats-major par leur incapacité à savoir dire non,  ou à céder sur des choix d'équipement d'excellence hors de prix à défaut de choisir le juste suffisant fiable, il sont tout autant fautifs.

Les militaires de base, eux aussi, chantres de la grande muette sont responsables. ils devront comprendre que participer à la réflexion et  aux choix de la politique de défense fait partie  de leur devoir élémentaire d’expert, cela devra en devenir un droit et  il faudra bien un jour se préoccuper de ce doit en se dotant  de structures nécessaires. N'en ont-ils pas assez d'être les sempiternels  cocus de la république, juste bons à mourir pour la patrie qui ne leur donne plus les moyens de combattre au niveau où celui-ci devrait être?  Que diable un peu de décence!

 

La menace des 4 chefs d’Etat-major de poser leurs képis et casquettes en est un premier signe, insuffisant  mais néanmoins encourageant. Normal Premier va-t’en guerre plus à l’aise dans les synthèses que dans les décisions,  laisse pourrir une situation en se prenant pour Mitterrand, sauf que Mitterrand était un homme d’Etat. Cette fois-ci, qu’il s’en persuade, soit il renie sa parole, celle qu’il a prononcée à propos de la sanctuarisation  de ce qui reste de notre outil défense, soit il va au-devant de quelques difficultés. La ras le bol est complet, total et absolu. Ce ras le bol touche désormais les structures profondes de nos institutions régaliennes et rejoint celui de tous les Français.  Le choix de l’autisme serait pire qu’une erreur,  une faute.  L’exaspération a atteint un point de non-retour.

 

Roland Pietrini

 

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Honneur et sacrifice

 

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25/05/2014
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