ATHENA-DEFENSE

ATHENA-DEFENSE

Le rideau de fer s'ouvre, il y a trente ans....

Comme je l'ai fait précédemment pour mon roman "Piège au Levant",  je réserve en exclusivité aux lecteurs d'Athéna défense la lecture d'un chapitre de mon prochain livre au titre non encore décidé...
Le livre aura pour toile de fond la chute de Ceausescu dernier bastion totalitaire d'un monde socialiste à l'agonie.  
Il s'agit d'un document brut, non corrigé. Il faudra donc excuser les coquilles et fautes éventuelles. Le rideau de fer tombait, il y a trente ans…. 
 
REPRODUCTION INTERDITE SANS AUTORISATION DE L'AUTEUR
 
Roland Pietrini
 
 
rideau de fer.JPG
Mai 1989 les Hongrois commencent à démonter le rideau de fer
 
 
 
 

Chapitre XII

13 décembre : La réunion

 

 

Marius et Scipion étaient arrivés avant tous les autres. Quelques heures auparavant, Scipion avait reçu par un canal protégé, qui était resté en sommeil de nombreuses années, un message provenant directement du siège du KGB à Moscou. Cette liaison, inhabituelle, sorte de téléphone rouge entre le KGB à Moscou et la Securitate à Bucarest, avait tout à coup été réactivée à la grande surprise des opérateurs chargés des transmissions secrètes. Ce billet codé, s’adressait directement à Marius, il était laconique, il se composait d’une seule phrase.

 

 

« Devant l’urgence de la situation en Europe, nous proposons,  sans vouloir nous immiscer dans vos préoccupations intérieures,  vous apporter le point de vue de l’URSS et de Monsieur Eduard Amvrossievitch Chevardnadze ministre des affaires étrangères sur la nouvelle place de la Roumanie au sein de notre communauté d’intérêt, nous souhaitons pour ce faire, passer par le canal de nos services respectifs » signé général chef de la première direction générale du Comité de sécurité d'État autrement dit du KGB.  

 

Il paraissait évident compte tenu de la responsabilité du destinataire qu’il ne s’agissait pas de diplomatie, mais d’un contact direct entre le KGB et les hautes instances de la Securitate.

 

Quelques heures plus tard les services de Marius furent contactés par le Premier conseiller de l’ambassade d’URSS à Bucarest qui proposa une audience pour deux « diplomates » directement au siège de la Securitate en précisant que ces personnages ne souhaitaient pas prendre contact avec le gouvernement roumain, ce qui confirmait le contenu du message.  Marius et Scipion, après s’être concertés décidèrent de donner suite et de les inviter à participer à une partie de la réunion secrète prévue et avancée au 13.  Les plus hautes instances de l’état étaient ainsi court-circuitées, un acte suffisamment grave pour être qualifié éventuellement de haute trahison s’il était connu.   

La rencontre eut lieu dans un bunker secret, dont l’accès se faisait dans un immeuble ordinaire du centre de Bucarest situé à proximité du consulat d’URSS, rue Tuberozelor. Un bâtiment de huit étages, composé de petits appartements, avec cuisine et toilette communes, réservés aux petits fonctionnaires du parti. Cet immeuble, comme beaucoup à Bucarest, avait un rôle tactique.   Surmonté d’un mirador sur le toit, il occupait un lieu privilégié pour tenir sous le feu un carrefour important ou une avenue.  

 

Les deux "diplomates" russes ne devaient arriver qu’une demi-heure après le début de la réunion, accompagnés jusqu’au lieu secret par deux officiers de la Securitate placé directement sous les ordres de Scipion.

 

Antonescu, officier de la sécurité militaire, présent lors de la première réunion, était arrivé plus tôt. Radu, l’officier de la direction IV de la sécurité militaire au sein des forces armées, l’avait rejoint ainsi qu’un fonctionnaire de haut rang en civil de la Direcția de Contraspionaj (Direction du contrespionnage). Le sous-chef d’Etat-major des armées en personne en faisait aussi partie. Ils étaient donc cinq dont seulement quatre avait participé à la première réunion à Constanza.

   

Scipion ayant au préalable rappelé les règles absolues du secret, Marius prit la parole.

 

 

-       Notre conducator s’envolera pour une visite d’Etat en Iran le 18 décembre, son retour est programmé pour le 20 décembre, Elena Ceausescu ne partira pas, elle restera à Bucarest. A son retour, nous savons qu’il veut réformer un certain nombre de ministère et la Securitate, des têtes vont certainement tomber  - il se tourna vers le sous-chef d’Etat-major- y compris dans les armées. Peu de personnes sont au courant.

En dépit des informations concordantes qui montrent que des mouvements d’ouvriers dans des villes proches des frontières de la Moldavie et de la Hongrie risquent de se produire, il ne reportera pas son voyage. La politique de fermeté qui en résultera sera sans concession. Nous devrons mater toute forme de révolte. Si l’armée est contrainte d’utiliser les armes nous les utiliserons.

Le sous-chef d’état-major acquiesça. Scipion prit la parole en coupant comme à son habitude Marius.

-       Nous avons deux invités qui vont arriver, ils viennent directement de Moscou pour nous donner, je suppose, la position de Gorbatchev sur le sujet. N’oubliez pas, nos principaux ennemis intérieurs sont les communistes dissidents acquis à la politique suicidaire de Gorbatchev, allié des Américains. Nous sommes désormais les seuls en Europe à défendre l’idée d’une nation indépendante dans le but de construire un socialisme d’état et de progrès.  Il est évident que des agents venus de l’étranger, dont probablement des agents hongrois, bras armés de l’impérialisme, voudront nous déstabiliser. Nous avons donc le devoir de défendre notre nation.

Marius reprit la parole

-       Nous avons aussi le devoir ,en cas d’échec, de prévoir la survie du régime, et je suis ici le seul détenteur d’un plan secret de sauvegarde, je peux vous en révéler le nom, il s’agit du plan Cazinoul (Casino).  Le XIVème congrès nous a fixé les objectifs, nous ne changerons pas, mais nous avons le devoir de préserver, si le changement survenait, les acquis essentiels de notre régime. Parfois, lorsqu’un membre est atteint de gangrène, il est nécessaire de le couper pour sauver le reste…

Scipion reprit la parole,

-       Un membre coupé ne repousse pas, mais avec une belle prothèse…

Chacun avait bien compris le sens de cette allusion, mais quel membre devrait donc être sacrifié dans le cas où tout cela tournerait mal ?

Marius reprit

-       Toutes les hypothèses devront être étudiées, les Français ont coupé la tête de leur roi, quelques années plus tard ils avaient à leur tête un empereur pour les diriger et qui a dominé l’Europe. Nous avons le devoir de respecter notre serment de « a apăra cuceririle democratice și de a asigura securitatea Republicii Populare Române împotriva uneltirilor dușmanilor interni si externi » de défendre les conquêtes démocratiques et d’assurer la sécurité de la république populaire de Roumanie contre les ennemis complotistes de l’intérieur et de l’extérieur. Or, ces ennemis sont au sein même de notre parti et au plus haut niveau de notre appareil d’Etat.

Le discours de Marius s’interrompit, un officier d’ordonnance, celui-là même qui s’était fait humilier dans le bureau de Scipion, annonça l’arrivée des colonels Alexandre Domododevo et Dimitri Gourviesk. Scipion reconnu immédiatement l’un de ses vieux camarades de promotion rencontré lors d’un stage à l’Akademia vnechneï razvedki[RP1] . Dimitri ne paraissait pas surpris, Scipion, lui, l’était fortement. Après les formules de politesse d’usage, ils prirent place en remerciant Marius, qui pour l’occasion se présenta sous le nom de Berbec Sebastian et Scipion sous le nom de Gheorghiu Ionut et qui se souvint tout à coup que Dimitri connaissait sa véritable identité depuis fort longtemps.

Les présentations faites, Alexandre Demododevo prit immédiatement la parole après en avoir demandé l’autorisation à Marius. Alexandrovitch était un bonhomme rondouillard, dont le costume trop étroit trahissait un embonpoint qui s’était accentué récemment. Petit de taille à la peau foncé, il ne pouvait cacher son origine géorgienne. Dimitri était physiquement son opposé. Grand, blond aux yeux bleus très clairs, les cheveux courts, il avait une prestance de guerrier surentrainé, probablement un polkovnik[RP2]  appartenant au corps des Spetsnaz[RP3] .

Alexandrovitch prit la parole en premier.

-       J’espère que vous faites partie des bons interlocuteurs et que notre message atteindra les bonnes personnes au bon moment. Dimitri et moi, nous ne sommes que des messagers, et en dépit des relations difficiles qui furent les nôtres entre le KGB et la Securitate, - il se tourna avec un léger sourire vers Scipion- nous avons tous été formés de la même manière dans le respect des valeurs du socialisme révolutionnaire. Mais aussi, nous n’ignorons rien de ce monde, des réalités et des bouleversements que nous vivons, car nous avons accès à des informations réelles et fiables. Nous constatons que tous les pays du pacte de Varsovie qui nous entourent ont choisi la voie de la vérité et de la transformation. L’URSS avec Gorbatchev, notre secrétaire général, a décidé de montrer la voie et ne pas contrarier les mouvements en cours. D’ailleurs, la chute du mur de Berlin n’aurait pas pu avoir lieu si nous avions décidé de nous y opposer. Nous avons en Allemagne de l’est toutes les forces nécessaires, nos cinq armées et notre armée aérienne aurait pu à elles seules faire régner l’ordre, mais les pays frères du pacte de Varsovie, tels que la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie,s ne nous auraient pas suivis. Avec l’Afghanistan, nous avons appris que gagner des batailles ne signifiait pas gagner la guerre, et nous nous sommes retirés en bon ordre le 15 février.

Dimitri observait un à un les membres de l’auditoire, il émanait du personnage une sorte  de magnétisme froid forçant le respect. Même Scipion paraissait impressionné. Il prit la parole à son tour.  

-       Nous avons donc choisi la voie de la transformation en profondeur de notre appareil d’état. Dans la grande confrontation avec les impérialistes, nous avons fait preuve d’une grande naïveté. Nous avons perdu la guerre des idées et de l’information, et la guerre économique aussi, nous sommes condamnés à de profondes transformations, et le KGB dans sa grande majorité ne s’y opposera pas, car il y a des intérêts suprêmes à préserver et nous ne pouvons pas condamner notre jeunesse à une troisième guerre mondiale qui détruirait au moins la moitié de la planète. Nous n’y sommes pas prêts. Les populations ont besoin de respirer et d’accéder légitimement au mieux vivre. Nous avons appris que nous ne pouvons pas tenir une population uniquement par la faim et la terreur.  Aussi, nous n’interviendrons plus dans les affaires intérieures des états satellites, nous avons suffisamment à faire chez nous.   

Il marqua une pause.

-       Ce langage simple que je vous tiens est un langage de soldat, c’est un langage que nous pouvons tous comprendre, je l’espère…, ces transformations doivent continuer et les pays qui s’y opposeront seront condamnés mais donneront à nos opposants des arguments pour nous empêcher d’aller au bout du processus. Honecker en RDA a perdu la bataille, car il n’a rien compris. Posez-vous la question de savoir si votre « conducator » comme vous dites ici est en mesure seul de la gagner !

Marius et Scipion échangèrent un regard complice. Cet officier du KGB venait précisément d’exprimer ce qu’ils pensaient tous deux. Alexandrovitch et Dimitri venaient de leur rendre un sacré service. Alexandrovitch poursuivit.

-       La Roumanie représente aujourd’hui un obstacle pour mener notre politique nouvelle de détente. Mais ce n’est pas à nous de régler ce problème, mais à vous. Nous avons besoin d’être en paix sur les rives de la Mer Noire et nous avons en Ukraine et en Crimée beaucoup de responsabilités.   

Marius sourit et ajouta

-       Toujours cette théorie de couper un membre pour sauver le reste…

Les yeux de Dimitri fixèrent Marius qui soutint son regard, il se mit à parler presque à voix basse, forçant à l’écoute.   

-       Encore faut-il savoir couper avant que le reste du corps ne pourrisse et qu’il ne soit trop tard ! La gangrène nous menace tous, il n’est pas certain que votre obstination à refuser la voie de la guérison et de la raison ne se retourne pas contre vous. Vous ne pouvez pas aller à l’encontre du courant de l’Histoire. Ce courant-là fini toujours par vous emporter…, et c’est un officier qui a combattu en Afghanistan qui vous le dit et qui a été confronté à un danger bien plus grand que celui de l’impérialisme, l’islamisme fondamentaliste. Ce sera désormais aussi le combat des impérialistes, pour l’instant ils l’ignorent,, mais ils supporteront un jour les conséquences de leurs erreurs, on récolte toujours ce que l’on sème… Et ce combat, ils risqueront de le perdre, alors, ils viendront demander notre aide.

 

Il poursuivit, personne ne souhaitait l’interrompre

-       Vous ne résisterez pas longtemps au mouvement de fond qui emporte notre ancien modèle et si vous voulez survivre, vous devrez faire comme nous, le devancer. Votre conception du protochronisme[RP4]  est une construction sans lendemain, enfin pour l’instant… Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev, depuis 1986, apprécie le courage et l’intelligence de l’un de vos dirigeants écarté, nous pensons à Ion Iliescu, mais il y en d’autres.  Vous devriez penser à une alternative raisonnable, avant qu’il ne soit trop tard.

Demododevo Alexandrovitch reprit la parole.

-       Et pour que les choses soient bien claires, nous avons accepté que le rideau de fer s’ouvre entre la Hongrie et l’Autriche, ce n’était pas pour maintenir le Mur entre les deux Berlin.  Vos dirigeants ont tenté de convaincre Gorbatchev d’intervenir, ils n’avaient pas compris qu’un accord avait été acté entre nous et Miklos Németh[RP5] .  Helmut Kohl et Gorbatchev sont tombés d’accord, l’URSS n’interviendrait pas. Nous avons laissé en Pologne se dérouler des élections libres après la table ronde, ce n’était pas pour contraindre la Hongrie à changer de politique. Erich Honecker est venu pleurer à Moscou pour qu’on fasse quelque chose, tout comme Jikov [RP6] et et Milouš Jakeš, avec votre Ceausescu. Ils ne nous ont pas entendu. Seuls des élections libres peuvent changer notre manière de voir les choses. Toute la politique en Europe va désormais s’articuler autour de la réunification de l’Allemagne, et par votre obstination à ne pas vouloir accepter les réformes, vous êtes condamné à disparaitre, car vous êtes un obstacle. Je ne peux pas être plus clair, même un enfant de dix ans pourrait le comprendre.

 

Visiblement, ils avaient terminé leurs discours et ils leurs firent comprendre en se levant que l’entretien était terminé. Le message était plus que clair, ce n’était pas un message de diplomate, la discussion n’était pas ouverte. Les profonds mouvements de transformation en Europe de l’Est ne pouvaient plus être endiguée ; le tsunami de liberté et d’aspiration à un modèle différent de celui du socialisme allait tout emporter. Seuls ceux qui sauraient à temps le modeler et l’accompagner sauveraient leur peau et leurs avantages. Marius et Scipion avaient compris, les autres n’en pensaient probablement pas moins, mais l’heure n’était pas au partage, il était encore trop tôt pour changer de langage.

Marius se leva.

-Une question, que font tous ces voyageurs russes récemment arrivés dans notre pays ?

La réponse fusa.

-Ce sont des observateurs, il est essentiel que nous ayons des informations fiables, nous aussi nous avons le devoir de nous protéger. Mais rassurez-vous, ils ont des ordres formels de neutralité. Mais que faites-vous des agents de la CIA qui sont partout, avec leurs alliés hongrois. Les problèmes sont devant vous…

 

 

 

Il était inutile d’aller plus loin, Marius remercia les deux messagers pour leur franchise en leur précisant qu’ils avaient parfaitement entendu, mais qu’à son tour il avait un message à faire passer. La Roumanie combattrait toute intrusion d’agitateurs qui tenterait de déstabiliser le régime, car c’était aux Roumains et aux Roumains seuls de décider de leur avenir sans être influencé par des agents venus de l’extérieur d’où qu’ils viennent. Alexandrovitch et Dimitri acquiescèrent. Scipion les raccompagna jusqu’à la porte lourdement blindée de l’abri enterré où les attendaient l’officier, puis ils disparurent.

 

 

 

Marius leva la réunion, il était inutile de la poursuivre, il rappela que le plan prévoyait dans le cas d’un soulèvement généralisé la prise du pouvoir par l’Armée sous la haute surveillance de la Securitate et la fuite des Ceausescu vers un pays ami… Leur travail consisterait à appliquer ce plan. Mais cela impliquait nécessairement de donner des têtes au peuple. Il ne dit pas si le plan allait jusqu’à prévoir dans le détail la liste des têtes à sacrifier.  Mais chacun avait compris que la théorie du membre à amputer devenait chaque jour de plus en plus incontournable et que personne ne serait épargné.  Les réunions n’avaient plus lieu d’être, désormais chacun jouerait pour son propre camp ou pour sauver sa peau.

 

 

 Roland Pietrini

Reproduction interdite

 

 


 [RP1]L'Académie de renseignement extérieur (Академия внешней разведки ; translittération Akademia vnechneï razvedki ou AVR) est un établissement d'enseignement supérieur situé à Moscou spécialisé dans la formation d'officiers opérationnels et de cadres du renseignement, notamment du service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie et d'autres services. Un département de formation au profit des cadres des services de renseignement des pays membres du pacte de Varsovie en faisait partie.

 [RP2]Polkovnik : colonel

 [RP3]Le terme générique Spetsnaz désigne de multiples groupes d'intervention spéciaux de la police, des ministères de la Justice et des Affaires intérieures russes, du FSB et du SVR ainsi que de l'armée russe.

 [RP4]courant pseudo-historique très répandu en Asie et dans les pays anciennement communistes, dont les dictatures ont promu ce courant (qui les précède, mais sans avoir été aussi influent auparavant). Le protochronisme postule pour chaque peuple des racines remontant à l'antiquité ou à la préhistoire et un développement propre, séparé des peuples voisins, dont les influences sont minimisées voire niées. Il est particulièrement développé (au point que ses thèses sont présentes dans les livres scolaires) en ex-Yougoslavie, Albanie, Bulgarie, Macédoine du Nord, Roumanie, Russie, Turquie, Irak, Iran, Chine ou Japon (entre autres).

 [RP5]Premier ministre réformateur Hongrois

 [RP6]Dirigeant bulgare

 

 

 

 

 

 

 

Capture couverture définitive du 8 avril 2019.JPG

 

http://www.editionspierredetaillac.com/nos-ouvrages/periodes-historiques/xxisupesup-siecle/piege-au-levant

 

 



16/08/2019
3 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 1183 autres membres