ATHENA-DEFENSE

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Les apprentis sorciers mettent le feu. Des élections à cinq tours à venir.

Fillon parapluie.jpg

 

 

 

 

 

Après un silence, que certains ont pu trouver un peu long, dû à un voyage -al fin del mundo-  (en Patagonie pour être précis), me revoilà sur les ondes. Seulement  13000 km et quelques heures d’avion nous séparent d’un monde différent, mais les êtres qui y vivent nous ressemblent et possèdent ce que nous avons perdu depuis fort longtemps : la conscience de la précarité du monde dans lequel on vit.

 

Rien n’est immuable, tout est fragile.  Au Chili, ceux qui ont connu les geôles de Pinochet et qui en sont sortis vivants pourraient le confirmer. Seuls, les grands espaces de Patagonie et de la Terre de Feu et leurs glaciers paraissent s’inscrirent dans un temps  géologique qui n’est pas le nôtre.  

 

El Calafate - Glacier Perito Moreno (270).JPG

 

 

 

La France,  vue de l’étranger, et singulièrement de l’Amérique du Sud, est un pays particulier qui apparait  incompréhensible,  peuplé de gens jugés peu courageux et surtout incapables d’apprécier la chance qu’ils ont d’être nés ou de vivre dans un tel endroit. Ce pays si singulier qui leur offre deux joyaux que ne possèdent aucun des pays visités, une protection sociale et de santé exceptionnelle et un enseignement gratuit égal pour tous. Un pays qui fait encore envie, qui est ressenti comme celui des droits de l’homme, mais dont la diffusion de la culture à la fois classique et révolutionnaire le fut  pour une grande part grâce au rayonnement d’une langue française qui établissait ses lettres de noblesse par rapport au latin, et que les européens cultivés, mais pas seulement, se flattaient de  parler aux XVII°, XVIIIe et XIX° siècles. Il en reste quelques  traces dans ce monde où l’anglais est devenu la langue de communication universelle, la culture en moins.  Cette ambiguïté d’une France à la fois désirée et moquée reste fortement ancrée dans l’inconscient collectif des peuples latins d’Amérique du Sud. A force de se regarder le nombril, les Français d’aujourd’hui ne savent plus ce qu’ils furent, et font rêver, non pas par leur culture mais par leurs avantages bassement matériels,  sur lesquels ils s’arqueboutent, sans se douter de leur fragilité.

 

Il est vrai qu’au Chili, comme en Argentine, la durée du travail est de 46 heures par semaine, avec deux semaines de congé par an, le salaire moyen est de moins de 300 euros, la sécurité sociale n’existe pas, et ceux qui veulent une assurance de type mutuelle proposée par certaines entreprises doivent la payer très chère et ne couvre d’ailleurs que 30% des frais de santé engagés.

 

La misère est visible,  il suffit de voir la longue ligne de bidonvilles en tôles à la sortie de Buenos Aires ou de Santiago pour s’en rendre compte. Bref, la France reste une exception dans le monde avec quelques pays qui se comptent sur les doigts d’une main, un îlot de paix relative dans un monde relativement en guerre où la misère est la norme. Les Français,  comme une partie des Européens,  sont incapables de comprendre leurs privilèges et  sont, dans un élan suicidaire,  en train de dilapider l’héritage que leur a légué leurs anciens,  faute de comprendre que le système pour être sauvé doit être profondément réformé.

 

Or, ce qui se passe actuellement en France est d’une gravité sans précédent. La démocratie,  dans cette phase importante de pré-sélection des candidats pour une présidentielle hors norme est mise à mal par des apprentis sorciers qui jouent avec les allumettes et participent à la grande manipulation des consciences. Il faut constater que certains ont le souci de la vertu très  sélective et semblent cibler plus particulièrement un candidat en « oubliant »  d’en viser d’autres, qui n’apparaissent pas exempts de reproches.

 

L’attaque envers l’un  fut particulièrement  soudaine et coordonnée, à un point tel que, sans être un adepte irraisonné de la théorie du complot, il apparait cependant légitime de se poser la question de savoir  si la  préparation en amont d’une telle attaque ne fut pas concertée entre le pouvoir, la presse et la justice,  dont l’indépendance n’est toujours pas garantie.  Cette indépendance serait-elle,  (souvenons-nous du mur des cons) cela n’empêcherait pas de suspecter certains de ses membres de jouer le jeu d’une gauche revancharde et retors. La tentation de faire monter  dans les intentions de vote un FN, épouvantail toujours aussi commode,   afin de pousser sous le tapis ses  propres échecs et tenter de  placer un candidat plus conforme à la vision d’une France immobile en position  de challenger au second tour, susceptible de profiter d’un sursaut républicain, remake du 8 mai 2002 en quelque sorte,  n’est pas simplement une hypothèse  mais pourrait bien être une réalité.  

 

Pour être clair, le candidat de la droite et du centre mis hors-jeu laisse des chances à un candidat de nulle part,  qui comme le vin nouveau n’augure pas de la qualité à venir. Sa mollesse a l’avantage de ne pas effrayer le citoyen dont la vertu cardinale n’est pas la prise de risques et possède cette incapacité à comprendre que l’immobilisme  est le plus sûr moyen de  perdre ce qui nous reste comme avantages, dits « acquis ».

 

Fillon, certes,  n’est pas exempt de reproche, lui qui a eu l’imprudence de se placer avec aplomb en chantre de la morale et qui a mis, tout en respectant la loi, la main dans le pot de confiture. Même s’il n’est pas le seul,  loin de là, il a oublié de se nettoyer la frimousse avant de se présenter devant les Français. La confiture, ça colle énormément.

 

Ainsi,  la démocratie et les élections dépendent-elles du bon vouloir des juges, relayés par une presse et des médias qui se délectent de ce bordel ambiant, non sans arrière-pensée, laissant la part belle aux « tous- pourris ». C’est en cela que les apprentis sorciers qui, à défaut de maitriser le feu, risquent de brûler avec la colère d’un peuple,  qui pour une part,  se sent frustré de ces élections à quatre tours, car chacun l’oublie,  après les présidentielles, il y aura les législatives, et le cinquième tour lui, se fera dans la rue.

 

Chacun se fera son opinion, chacun votera en son âme et conscience, mais nous sommes face à une crise majeure de notre démocratie. Le pire n’est jamais certain, le meilleur non plus.

 

 

 

Roland Pietrini

 



04/03/2017
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