ATHENA-DEFENSE

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Scorpion, un choix sans retour qui engage l’Armée de Terre pour des décennies.

 

Infovalorisation.jpg

 

 

 

Au sein des Etats-majors, et notamment aux niveaux les plus élevés, les officiers chargés de réfléchir à la doctrine future, compte tenu de  la maturation du  programme Scorpion, s’activent tout autant que la DGA.

 

Ceci est la  conséquence de la mise en place imminente, voire de l’accélération possible du programme Scorpion et d’un process novateur d’expérimentation tant technique que tactique, à partir de plateformes de simulation éprouvées.   

 

L’enjeu est d’importance, l’Armée de terre sera profondément transformée à l’horizon 2025-2030 et cette transformation déterminera la tactique face aux menaces terrestres prévisibles pour les 30 années suivantes.

 

Sans entrer dans le détail de ce que je peux en connaître et en dire, un mot à partir duquel découle tout le reste est nécessaire à sa compréhension, il s’agit du mot infovalorisation concrétisé par un SIC, le SICS, (système d’information commandement scorpion).  

 

Cette infovalorisation est en fait une intégration de différentes tuiles technologiques qui,  au lieu de se superposer,  se fondent dans un même outil, accessible à tous ceux qui ont à le connaitre, afin de faire en sorte que chefs et subordonnés retirent une compréhension tactique exploitable pour une optimisation des capacités. Réagir avec un temps d’avance face à un ennemi et le traiter par des vecteurs de létalité différents. Renseigner et connaître, concrétiser et exploiter avec un temps d’avance sur l’ennemi en levant autant que possible le brouillard de la guerre.  

 

La notion de combat interarmes prend alors toute sa dimension, appuis et acteurs de contacts menant  désormais ensemble un même combat, un combat collaboratif assumé et organisé grâce à la vétronique-  (cf 1 : chapeau l’artist !) des vecteurs de combat.

 

Aujourd’hui, nous sommes probablement très en avance et sans équivalent dans le monde par comparaison avec d’autres armées occidentales.  Ni les Etats-Unis, ni le Royaume Uni, pas plus que l’Allemagne, n’ont pu aller au bout de leurs avancées en la matière. Pour ce qui concerne la Russie,  son choix restera culturellement celui de la masse et du nombre, en dépit de tentative d’allègement des structures,  avec une utilisation en grand nombre  des drones et aussi de la robotique terrestre, dont les recherches sont très avancées, afin de gagner la bataille de « l’avant par l’arrière », d’affaiblir l’ennemi  par des appuis massifs avant de le submerger.  

 

Ce temps d’avance,   nous le devons à nos ingénieurs, à nos industriels et à la méthode d’étude adoptée en amont avec l’Etat-major de l’armée de terre (les différents laboratoires du combat Scorpion) et la DGA,  (LTO, le laboratoire technico-opérationnel),  qui associent avec un pragmatisme certain des intervenants extérieurs et les régiments pour prendre un temps d’avance sur la tactique future, imaginer des solutions novatrices d’emploi et d’organisation, afin d’étudier toutes les hypothèses,  qui sont testées et expérimentées sur des plateformes de simulation,  Soult, Janus, et autres.

 

Le choix qui est celui des concepteurs de Scorpion,  celui de l’infovalorisation du champ de bataille dans une bulle opérationnelle aéroterrestre, sera rendu possible par un réseau de communication protégé et réactif et l’introduction d’une nouvelle dimension dans la décision du chef au plus bas niveau, celle de la proposition instantanée de solution d’esquive face à une menace et celle de son traitement par ses propres moyens ou par des moyens amis. Le tir de missiles (MMP sur Jaguar ou à terre avec une portée de 4 km,  ou TAVD – tir au-delà de la vision directe, portée 8 km) sans vue directe mais illuminé et guidé par un autre effecteur permettra de traiter l’ennemi avant que celui-ci ait détecté sa propre menace. 

 

Le - je sais où je suis, je sais où sont mes amis, je partage où est l’ennemi et j’ai des solutions pour le traiter-  où alors, je reçois une solution pour traiter avec le meilleur effecteur, canon ou missile ou artillerie, celui qui menace mon ami, prend tout son sens,  dans un temps extrêmement contraint et bref.  

 

 

Griffon et jaguar.jpg

 

 

En 2020-2025, la brigade Scorpion, étape 2, sera à même de manœuvrer grâce à une organisation novatrice avec des engins capables,  grâce à une diffusion d’alerte en réseau, de s’autoprotéger,  avec ses moyens détecteurs DAL (détecteur laser), DDM, Slate, brouilleurs, Galix, de coordonner ses attaques, de renseigner et d’anticiper grâce aux robots terrestres et aux drones, voire avec des engins déshumanisés et télécommandés.

 

Pour ceux qui veulent aller plus loin dans la compréhension, un certain nombre de travaux sont accessibles par simples clics sur internet. Voir les quelques liens en annexe.  

 

Toute la problématique est de savoir si cette tactique de « type caméléon » grâce à son adaptabilité anticipe judicieusement ou pas les conflits à venir dans un cadre interallié, car n’en doutons pas, la France ne subira jamais un conflit majeur seule,  (le Mali est un contre-exemple) sans une coopération étroite avec ses alliés.

 

Mais d’autres réflexions doivent aussi être menées, car l’homme devra rester dans la boucle, l’Etat-Major en est certainement conscient.

 

Les conflits récents contre l’EI et les talibans démontrent qu’un gamin de 10 ans entouré de quelques chèvres peut être un effecteur efficace contre lequel on ne peut pas grand-chose, qu’un simple drone acheté dans le commerce, un vecteur létal, un simple téléphone portable, un déclencheur d’IED, un  VIED,  (camion surblindé bourré d’explosif et conduit par un kamikaze drogué),  aussi efficace qu’un missile. Le combattant ne devra pas se sentir déconnecté des réalités du terrain, fasciné par son écran de synthèse, sollicité par une hiérarchie avide d’information, enfermé dans une bulle confinée, sans regard vers l’extérieur. La fatigue induite par un combat de plus en plus intense, en connaissance des menaces adverses sur son environnement ami, devra être prise en compte. Cela imposera un questionnement sur la surabondance de l’information et la tentation pour le chef de commander au plus près, en oubliant son rôle de coordinateur et de prospecteur des solutions à venir. Le chef devra, dans tous les cas,  se laisser le temps de la réflexion.  

 

Ainsi, la conduite d’une action devra toujours rester prioritaire sur la nécessité de lire le journal du combat en cours.   

 

Les guerres d’aujourd’hui ont décidé de certains choix techniques qui ont eu pour conséquence d’alourdir autant le fantassin que les engins.

 

Il suffit de constater que le poids des VBCI, afin de résister aux mines et autres IED, a subi une augmentation exponentielle... Un VBCI pèse aujourd’hui  environ 30 tonnes, alors qu’un AMX10P pesait 14 tonnes, soit deux fois moins. Un Griffon pèsera 25 tonnes, alors que le VAB,  qu’il est censé remplacé, pèse 13 tonnes. Quant au Jaguar qui remplacera les AMX10 RC et autres Sagaie, pèse 25 tonnes aussi, soit 10  et  15 de plus que ses prédécesseurs. (2)

 

Le poids n’est certes pas un élément déterminant, sauf que,  cela dimensionne l’ensemble de la logistique de transport y compris aérien. Ainsi le Grizzli  A400M, en théorie pouvait transporter 3 Sagaie, ou 3 VAB,   il ne pourra, au mieux,  que transporter un VBCI ou un Jaguar à 4500 km. 

 

Le programme Scorpion révolutionnera l’ensemble des process du combat. Les choix industriels et les budgets dédiés, imposeront « de faire avec », mais cette révolution est salutaire,  si elle ne joue pas, une nouvelle fois,  sur la diminution des vecteurs de combat,  au prétexte que la qualité et l’efficacité permettent de faire plus avec moins. Pour garder l’avantage sur l’ennemi, il ne suffit pas de penser que celui-ci n’a pas l’équivalent de ce que l’on détient, encore faut-il ne pas oublier qu’il possède lui aussi l’intelligence du combat et que sa volonté de gagner est au moins aussi grande que la nôtre.

 

Pour l’avoir  oublié,  nous avons subi dans l’histoire des défaites humiliantes. Le pire ennemi est de croire que nous sommes les meilleurs en tout, car on ne peut construire de défense efficace qu’en songeant à la capacité de ses ennemis possibles. Cela va sans dire, mais encore mieux en le disant.

 

Roland Pietrini

 

 

La bulle opérationnelle aéroterrestre

 

(1)   L'ARTIST de la BOA

 

ARTIST est un sigle anglais dont la signification correspond à " Architecture Real Time Integration System Testbench ". Ce vocable, quelque peu ésotérique, peut se traduire par " démonstrations communes de l'interopérabilité de fonctionnalités opérationnelles distribuées sur des plates-formes terrestres dans un contexte info-valorisé ".

 

Derrière cet acronyme se cache un accord de coopération sous forme d'arrangement technique avec l'Allemagne. Son objectif est de concevoir une démonstration commune qui permettra de mettre en application des fonctionnalités opérationnelles innovantes rendues possibles par des échanges d'informations entre systèmes d'armes connectés en réseaux.

 

La démonstration devra permettre de prouver l'efficacité d'un tel système d'armes distribué, sur la base de quatre fonctions clairement identifiées :

 

- le contrôle distribué de robots terrestres pour permettre la téléopération d'un ou plusieurs robots à partir d'une ou plusieurs plates-formes ; - le contrôle du tir indirect pour permettre à des plates-formes géographiquement distantes de participer à une séquence de tir, en dissociant la détection, l'identification et le feu par exemple ; - la capacité d'entraînement conjoint embarqué pour permettre aux équipages de blindés de s'entraîner ensemble sur un même scénario de mission simulé, cela dans leur environnement de travail habituel, c'est-à-dire directement à bord de leurs blindés ; - les télécommunications avec les fantassins débarqués pour assurer la continuité des communications avec le groupe de combat, y compris lors des phases de débarquement des blindés.

 

Les acteurs des démonstrations ARTIST.

 

Ces fonctionnalités seront réparties sur un groupement constitué de plates-formes terrestres allemandes et françaises. Un autre enjeu essentiel de la démonstration réside dans la capacité de mise en œuvre d'un nouveau type d'architecture " vétronique ", encore un néologisme qu'il convient d'expliciter...

 

La " vétronique " permet de constituer un ensemble de réseaux de communication redondants et fiables à bord d'un blindé, de manière similaire à ce que l'on peut trouver dans une voiture moderne. Mais dans un blindé, cette vétronique permettra de remplacer les commandes mécaniques classiques par un système de commandes électriques pour la conduite, introduire des échanges informatiques simplifiés au sein du véhicule : du moteur aux systèmes d'armes embarqués en passant par le système de pilotage ou de navigation.

 

La mise en réseau efficace de plates-formes terrestres suppose que les architectures vétroniques qui équipent ces véhicules soient conçues pour acquérir, traiter et restituer de nouveaux types de flux d'informations : images vidéo, voix, informations à forte contrainte de temps réel, etc., avec une qualité de service et une sûreté de fonctionnement garantie.

 

Ces nouvelles architectures constituent un enjeu technologique et financier important (40 % du coût global d'un char) pour la définition des véhicules de combat de demain.

 

https://www.lajauneetlarouge.com/article/la-bulle-operationnelle-aeroterrestre#.WljAMHly6P8

 

  1. La LPM prévoit la livraison du premier Griffon en 2018 et celle du premier Jaguar en 2020. Au total, l'armée de la Terre recevra 1.668 Griffon et 248 Jaguar ainsi que les moyens de soutien logistique associés."Le programme Scorpion renouvellera les capacités du combat de contact autour de deux véhicules blindés Griffon et Jaguar et d'un unique système d'information et de communication, SICS, qui permet la mise en réseau de de tous les acteurs du combat terrestre", a précisé le ministère. Scorpion intègre également l'acquisition de véhicules blindés multi-rôles légers, la rénovation du char Leclerc et des systèmes modernes d'entraînement au combat exploitant la simulation et la réalité virtuelle

 

Liens :

 Le programme Scorpion

http://www.defense.gouv.fr/dga/equipement/terrestre/le-programme-scorpion

 

SCORPION : sur mesure, infocentré et infovalorisé

http://www.defense.gouv.fr/terre/actu-terre/scorpion-sur-mesure-infocentre-et-infovalorise

 

 

 

SCORPION : sur mesure, infocentré et infovalorisé

 

https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/fs72_hemez.pdf

 

La simulation opérationnelle au profit de l’armée de Terre

 

Par Monsieur HENRI BUENAVIDA

 

https://www.penseemiliterre.fr/la-simulation-operationnelle-au-profit-de-l-armee-de-terre_2013663.html

 

 

 

 

 

 

 



09/12/2019
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