Ukraine: la vertu et le monstre
Les divergences qui séparent les Etats Unis et la Russie se sont traduites récemment par des échanges musclés entre les diplomates russes et américains à propos de l’Ukraine. Ce qui est nouveau, c’est leurs débordements sur d’autres réseaux sociaux dont Weibo, le « Twitter chinois » par le biais du compte officiel de l’Ambassade de Russie en RPC. « Huit messages, visant les diplomates américains, envoyés en l’espace de 10 minutes le 9 mars, ont attiré l’attention des internautes chinois et des médias. Ces messages ont été partagés plusieurs milliers de fois, et les internautes chinois ont laissé près de 3000 commentaires sur les comptes Weibo officiels des missions diplomatiques de la Russie et des Etats-Unis en Chine » rapporte la Voix de la Russie.
La publication des citations du communiqué de Loukachevitch, traduites en chinois, sur le compte Weibo de l’Ambassade de Russie en Chine, a suscité la perplexité chez les internautes chinois. « Cela prouve que l’opinion publique de la Chine importe pour la Russie. Une nouvelle guerre sans feu a commencé », commente sur Weibo Zheng Keqiang, haut fonctionnaire de l’Institut polytechnique de Nanchang, dont le compte Weibo totalise plus de 95.000 lecteurs.
Il faut rappeler que le gouvernement de la République Populaire de Chine prône le règlement pacifique de la crise ukrainienne, tout en soutenant l'unité territoriale de ce pays. Selon les experts, la Chine aura un rôle d'observateur passif dans cette crise, refusant de soutenir la position de la Russie et évitant de prendre le parti des pays occidentaux.
Voilà donc le tableau dressé. Une crise en Europe que l’on croit ukrainienne et qui n’est que la traduction d’un mal plus culturel que politique. Si la géopolitique est l'étude de l'influence des facteurs géographiques, économiques et culturels sur la politique des Etats et sur les relations internationales, il me semble que cette définition prend tout son sens lorsque l’on place tout en avant, le culturel devant les deux autres facteurs. Le cerveau reptilien des peuples est celui de la culture dont il est issu. C’est vrai en Europe, en Asie et c’est tout aussi vrai en Afrique. La crise est baptisée à tort ukrainienne, ses racines profondes, ce sont celles d’un espace géographique et culturel qui n’a digéré ni les conséquences de la première ni de la seconde guerre mondiale (qui n'ont rien réglé). L'effondrement de l’URSS a généré sur son pourtour des situations qui avec le temps paraissent transitoires. Eliminons la remise en cause des frontières de l’Est de l’Europe (Pologne, pays Baltes) qui serait, n’en doutons pas, une évidente cause de conflits inter-nations dans lesquelles nous serions de nouveau directement impliqué.. Les autres Etats et leurs frontières, Ukraine et Russie, Belarus et Russie ne sont que des « conceptions » plus politiques que géographiques et encore moins culturelles. Ceux qui pensent que nous vivons un monde figé et immuable se trompent. J’ai souvent dénoncé à mon tout petit niveau d’observateur libre, donc un peu iconoclaste, les discours délivrés par ceux qui sont censés savoir, ceux qui sont censés choisir à notre place, chantres des approximations conscientes : à défaut de pain, donnez-leur de la brioche ! A défaut d’analyse ils nous servent des concepts plutôt binaires qui ne fatiguent pas les neurones. Ainsi Poutine serait le monstre et l’Europe la vertu. Objectivement est-ce réellement identifiable comme un axiome ? "Définir signifie fixer et en dernière analyse la vraie vie n'est pas fixe", disait Marguerite Yourcenar, qui n’a pas dit que des bêtises. Définir la crise ukrainienne en désignant un fautif, c’est fixer une analyse aussi réductrice que de croire en la vertu des nations.
Si la Russie se tourne vers la Chine pour parler de la crise ukrainienne, c’est pour internationaliser cette crise et probablement dans ce jeu d’échec Poutine ne joue pas en aveugle, donne la cadence, la déesse Caïssa (1) déesse des échecs n’est probablement pas inconnue pour Poutine. Jusqu’où repoussera-t-il les avances du Dieu de la guerre? N’en doutons pas, il l’évitera tant que cela sera possible, mais n’hésitera pas lorsqu’il comprendra la faiblesse de nos nations et leur lâcheté.
Nous sommes aussi faibles que Caïssa, on acceptera des concessions qui n’en seront pas, puis on fera semblant d’avoir gagné, comme d’habitude…
(1) Caissa: or The Game of Chess écrit en hexamètres latins par William Jones en 1763. Outre le texte en latin, le poème comprend de larges passages en anglais
Dans ce poème, Caïssa repousse d'abord les avances du dieu de la guerre, Mars. Blessé par ce rejet, Mars cherche l'aide du dieu des sports, Euphron, frère de Vénus, qui crée le jeu d'échecs comme cadeau pour que Mars gagne le cœur de Caïssa.
L'Europe aujourd'hui
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