Ukraine: retour au tragique
Alors que le retour au tragique nous rattrape et que nous nous retrouvons face à un conflit qui pourrait de nouveau dégénérer en Europe, que les sirènes de la guerre ont retenti à Kiev, c’est-à-dire à moins de 3 h en avion de chasse de Strasbourg, que des missiles Iskander successeur du Scud tombent en Ukraine et dont la portée de 450 km permettent déjà de menacer à partir de la Biélorussie, Vilnius, Riga, Tallinn ou Varsovie, nous sommes devant une surprise stratégique qui n’avait pas lieu d’être. Car tout était écrit et annoncée par Poutine dès 2014. Cette pseudo surprise a saisi nos dirigeants, alors qu’ils sont payés pour justement la prévenir.
Pire encore, depuis la chute de l’URSS, l’occident et l’Europe avait hâte de jouir des dividendes de la paix, cette paix factice qui a permis à l’Otan de bombarder la Serbie durant la guerre du Kosovo de mars à juin 1999, pour donner suite à des rumeurs concernant un plan d'épuration ethnique à grande échelle mené au Kosovo par la Serbie. Ce qui n’était pas démontré et qui s’est avéré faux. Cet épisode que les Russes n’ont pas oublié a été ressorti par Poutine pour justifier son intervention dans le Donbass.
Je faisais partie de ces optimistes et je l’avais déclaré lors de mon interview avec Rachel Marsden, [DÉSORDRE MONDIAL] Un ancien espion français « plutôt optimiste » sur une résolution en Ukraine par Sputnik France (soundcloud.com). J’étais optimiste en espérant qu’il n’oserait pas, (lui, Poutine ex-agent du KGB) comme l’était d’ailleurs la majorité de la population ukrainienne et des analystes bien plus capé que je ne le suis.
Pourtant, intimement, je savais, mais je ne voulais pas y croire, en tout cas, j’aurais pu, à la limite, me persuader d’un règlement à la russe de la crise du Donbass avec une avancée jusqu’à Marioupol, mais je ne voulais pas croire au scénario catastrophe, celui d’une attaque contre l’Ukraine dans sa totalité. Quel que soit les responsabilités de l’occident, La Russie veut régler par la force un problème certes réel, celui de sa sécurité qu’il estimait menacée, mais au mépris des droits internationaux les plus élémentaires, voire en imitant nos propres errements, ce qui n'est pas une excuse. Nous sommes tous coupables, nous serons tous perdants
Reste le scénario du pire que j’avais envisagé en avril 2021. Et si l'apocalypse n'était pas une hypothèse ? Le scénario des peurs - Défense actualités geopolitique (athena-vostok.com). Ce scénario n’est pas certain, mais c’est un fait, il est désormais possible, car au Kremlin un dirigeant, celui de la seconde puissance nucléaire au monde a estimé que l’occident, Europe, USA, Australie, Canada…, était définitivement en déclin et ne pourrait se relever de leurs défaites successives après avoir semé ici ou là le chaos.
A l’instant même où j’écris ces lignes, toutes les options sont ouvertes, y compris un conflit majeur au centre de l’Europe dans lequel nos faibles moyens seraient engagés. Nous n’avons pas fini de payer ces fameux dividendes de la paix, puisqu’en réduisant drastiquement nos budgets de la défense, (ce que je dénonce depuis des années) en ne voulant pas regarder la formidable montée en puissance des forces russes nous sommes nus, fragiles et acculés à des solutions qui ne peuvent être que mauvaises.
Aucune instance internationale, ONU, OTAN, CSCE ne sont en mesure de résoudre cette crise dans l’immédiat, car l’ours est sorti de sa tanière et il faudra autre chose que des sanctions économiques pour le faire rentrer
Roland Pietrini
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