ATHENA-DEFENSE

Les défis du livre blanc en matière de défense.

Réflexions personnelles inspirées par l’audition de M. Michel Foucher, ancien ambassadeur, directeur de la formation, des études et de la recherche de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), sur le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale devant la Commission de la défense nationale et des forces armées (L’IHEDN ne participe pas au travaux du livre blanc selon Monsieur Michel Foucher,  un conseiller du Président de la République lui a indiqué que l’IHEDN étant un service du Premier ministre, il n’était pas souhaitable de l’associer aux travaux de la commission, ce qui n’empêche naturellement pas l’IHEDN d’agir en diffusant des notes ou en échangeant avec les présidents des commissions. Il était également nécessaire de laisser une place à MM. Wolfgang Ischinger et Peter Ricketts, représentants allemand et britannique).

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Alors que les budgets de défense augmentent partout dans le monde, y compris au Japon, en Russie, en Inde, au Brésil, sauf en Europe, les budgets militaires des États-Unis et de l’Union européenne cumulés représentent  53 % de l’ensemble des dépenses militaires mondiales en 2011. La forte croissance des dépenses militaires chinoises, qui représentent 8,2 % des dépenses mondiales en 2011, contre seulement 5,8 % en 2008 traduit la volonté de

la Chine à peser à la hauteur de son économie devenue la seconde mondiale.

Le monde n’est plus ce qu’il était et un rééquilibrage s’effectue au profit d’une planète devenue plus « asiatique » avec une ressource humaine largement en leur faveur. Cette population aspire désormais à un niveau de vie moyen comparable à celui de l’occident. Un occident qui n’a pas vu venir une mondialisation qu’il vit comme une sanction au gré de désindustrialisation sauvage et décline et régresse alors que l’orient au sens large connait des croissances à deux chiffres.

Dans ce monde nouveau : La France a-t-elle vocation à être une puissance mondiale ou une puissance régionale ?

La France peut-elle avoir une défense de type Gaullienne ? C’est-à-dire une défense,  outil diplomatique d’affirmation de puissance, politique qui n’avait pas fondamentalement changée sous Mitterrand ou simple outil de participation au sein d’une coalition dans laquelle elle abandonne une partie de sa souveraineté ?

Il semble que nous nous dirigeons vers la seconde hypothèse. La France seule en Europe   (la Grande Bretagne est définitivement ancrée au continent nord-américain ), ne peut seule affirmer une puissance que les autres ont abandonné depuis fort longtemps. L’Allemagne au profit de son économie et d’un repli diplomatique conséquence de son histoire, l’Italie qui ne fut jamais une puissance mondiale, mais qui se défend fort bien sur le plan des exportations et l’Espagne  de moins en moins tournée vers le continent sud-américain ne sont que des puissances régionales qui ne revendiquent pas un statut de puissance mondiale.

La France a-t-elle une vocation de gendarme du monde ? En tout cas, la France se situe d’abord  sur l’échelle régionale des menaces dans un arc de crise un peu flou en Afrique notamment ou dans le monde arabo-musulman pour faire simple, Maghreb, le Sahara et le Sahel «dans un rayon de trois à sept heures de vol de Paris, où la France a un rôle d’acteur régional, seule ou avec d’autres »  et ses interventions ( Afghanistan exclue) se situe essentiellement dans cette zone depuis la fin de la décolonisation.

Nous avons pourtant des  intérêts commerciaux et financiers importants au-delà de Kaboul ou du détroit d’Ormuz , et la sécurisation des voies maritimes dans cette zone constitue un enjeu de sécurité au moins aussi important pour les Européens que pour les Américains et singulièrement la France qui possède une vocation maritime  évidente, puisqu’elle possède le deuxième espace maritime de la planète avec 11 millions de km². C’est un atout stratégique qu’il conviendrait d’exploiter avec conviction et de présenter comme étant une chance pour notre avenir.   Or faire de la stratégie maritime française un axe majeur de la stratégie économique du pays  est affaire de survie et pour cela nous devons assumer notre défense sur les mers. 

Il faut donc comprendre que de la France membre permanent du conseil de sécurité cinquième puissance mondiale en terme de PIB en 2012  derrière les EU, la Chine, le Japon et l’Allemagne, mais en baisse de 7,1% juste devant la GB en hausse de 0,1%, et le Brésil –En classement par PIB en PPA, la France est la 10^e puissance économique^[]. Mais en terme de compétitivité, il faut  le rappeler,  la France arrive au 21^e rang des pays les plus compétitifs au monde, ce qui est un signe de son déclin.  

Il y a donc une forte contradiction entre la place réelle de la France, la place qu’elle imagine être la sienne et la réalité.  La volonté de réduire sans cesse l’importance de ces forces, alors que ces dernières années les forces françaises ont été fortement sollicitées est-elle le signe de son incohérence ? La France devra choisir, entre puissance régionale ce qui n’a aucun sens pour la France ou puissance d’importance mondiale, ce que son histoire et sa présence sur les trois océans lui imposent. Mais on voit bien qu’un président normal,  sans véritable vision géopolitique du monde,  ne peut que mener la France  à un manque d’ambition, une minorisation de notre importance et un abandon de sa souveraineté.     Le président Hollande applique au moins sur ce point les promesses de campagne : Le ministère de la défense ne fait pas partie des ministères dits prioritaires et le budget défense passera de 1,6 % à 1,5 % du budget de la Nation. Cela est insuffisant pour maintenir une capacité suffisante pour faire face à l’impondérable.

Tout est affaire de  cohérence et de volonté politique.  A vous de juger….

Guerre et conflits depuis de 1945 à 2004, la France par l’effet des alliances ou seule a participé à la majorité d’entre eux.