ATHENA-DEFENSE

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Affaire du TANIT

Chloé Lemaçon, dont le mari Florent a été tué par un commando-marine lors de l'assaut du voilier Tanit sur lequel ils étaient retenus en otages par des pirates somaliens, a bien voulu répondre à nos questions.

 

On vous accuse de faire monter les enchères pour obtenir plus d'argent. Que répondez vous ?

Je réponds tout simplement que la somme de 500 000 euros a été avancée par le président lui-même, et non par ma famille ou mes avocats. Il n'est en aucun cas question de "faire monter les enchères"... La question est vraiment indécente et je remercie certaines personnes d'avoir soulevé le vrai problème: pourquoi me proposer tout cela ?


Vous attendez que l'Etat reconnaisse sa responsabilité dans la mort de votre mari. Considérez vous que le communiqué du procureur et celui du ministre de la Défense vaut reconnaissance ? Si non, qu'attendez vous de plus ?

Je n'attends plus rien depuis longtemps car la dignité n'est pas le point fort des hommes politiques auxquels j'ai eu à faire. Je ne soulève pas le problème que cela pose sur la coïncidence de ces déclarations alors même qu'ils connaissaient depuis longtemps la date de sortie de ce livre et que Monsieur Pavy, le procureur de Rennes, était en possession du dernier rapport depuis le 22 avril. Ce rapport était attendu depuis juin 2009, je ne poserai pas non plus la question de la coïncidence qui le fait arriver maintenant.

A mon avis, et cela n'engage que moi: si je ne m'étais pas battue, si je n'avais pas écrit ce livre, nous n'aurions jamais eu la vérité étant donné que l'instruction en cours ne poursuit pas ce but contrairement à ce qu'en dit Monsieur Morin.

 

Sur le déroulement de l'action à bord du voilier, vous affirmez que votre mari, au moment où il été tué, "avait les mains en l'air" et qu'"il ne s'est pas mis debout mais juste bien visible sous le hublot ouvert". De tout cela, en avez vous parlé avec le commando "Alain", - qui a ouvert le feu -  lorsque vous l'avez rencontré par l'intermédiaire de l'amiral Gillier ?

Cette rencontre était très représentative de la grande différence qu'il y a entre militaires et politiques qui n'ont pas les mêmes convictions.  Sur le moment, "Alain" a effectivement expliqué son tir en me racontant qu'une dizaine de coups de feux étaient partis de l'intérieur vers l'extérieur... un tir nourri en somme comme on dit en langage militaire. Seulement, ces tirs n'ont jamais existé, et les seules balles qu'il a pu voir sont celles des tireurs d'élite (de la Marine - ndlr) qui tentaient de rattraper leur premiers tirs ratés. Maintenant, je ne me permettrai pas de le juger sur ce point... car je ne saurai jamais pourquoi il m'a dit ça. Etait-ce une communication réfléchie, savait-il qu'il s'agissait des tirs de ces confrères?

 Blog secret défense de Jean Dominique Merchet

 

Commentaire

 Nous avons compris à quel point, il sera impossible de  faire reconnaître  à Madame Lemaçon, une quelconque responsabilité dans ce drame, car cela en est un. Toute son histoire et celle de son mari est celle d’un couple dont le credo est celui d’une certaine population peu nombreuse mais très bien informée des faiblesses de nos institutions, cette population qui ne se reconnaît pas dans l’ensemble de nos valeurs place les leurs bien au-dessus des nôtres.. Et c’est leur droit puisque nos sociétés sont suffisamment tolérantes pour les tolérer. Dont acte.. Quant à la responsabilité de l’état elle est engagée, je note simplement que de plus en plus nous devrons faire face à des situations de ce genre.. La responsabilité des agents de l’état, pompiers, policiers, gendarmes, militaires, mais aussi des non institutionnels, chirurgien, personnel de santé, accoucheur, radiologue, sera de plus en plus engagé au nom de la judiciarisation de notre société. Toute action devra donc être réfléchie dans son acte et dans ses conséquences. L’erreur, la bavure devra désormais faire partie intégrante du scénario.. Cependant en interne, il conviendra de réfléchir à l’emploi des troupes dites spéciales dont l’hyper entraînement les poussent à des actes réflexes parfaitement conditionnés et qui se justifient dans la plupart de leurs engagements à haut risque.. Là aussi il peut y avoir danger d’une certaine dérive.. Il faut y penser sans esprit de polémique entre professionnels et en toute bonne foi.



09/05/2010
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