Danger islamiste : environnement et danger NRBC
Une note du ministère de la santé français évoque le risque NRBC lié au terrorisme. Ce n’est pas nouveau, mais la montée en puissance de Daesh et des mouvements qui peuvent lui être affiliés imposent de regarder ce risque de manière objective sans céder à une forme de peur mais sans en minimiser la portée. « La menace NRBC-E doit être prise en compte par tous les acteurs susceptibles d’intervenir après un d’attentat de cette nature pour assurer la prise en charge des victimes et la protection des populations. Les autorités sanitaires collaborent dans ce sens avec le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), les autres ministères impliqués, notamment les ministères de l’intérieur et de la défense ainsi que les partenaires européens et internationaux, notamment l’OMS et les pays du G7 »
Depuis la proclamation de l’Etat Islamiste en 2006 par les djihadistes irakiens et de sa collusion avec la frange salafiste du djihad en Syrie, cet état sans structure au tout début, s’est rebaptisé EIIL, Etat Islamiste d’Irak et du Levant qui inclut la Syrie, le Liban, la Jordanie et aussi la Palestine historique… Leur objectif est la conquête de ces territoires et la destruction des anciennes structures d’Etat qui les sous-tendent. Mais il s’agit là d’une phase intermédiaire, la seconde étant d’imposer par la force la radicalisation et le djihad sur l’ensemble du pourtour méditerranéen. La France est donc, comme les pays européens, directement visée et sera un objectif prioritaire pour des raisons historiques. La France a été le seul pays européen à posséder des colonies dans le Maghreb et elle a sur le territoire une forte concentration de français d’origine immigrée de seconde génération issue d’Afrique du nord et aussi d’Afrique noire de religion musulmane.
Exécution
Or, il faut constater que jusqu’à présent cette population massivement pacifiste reste relativement passive et neutre face à ce mouvement islamiste. Le phénomène de délinquance dans les banlieues dites sensibles et de non-droit est particulièrement lié au trafic de drogue et on le sait, c’est un élément de stabilisation. Les barons de la drogue souhaitent continuer leur business sans que l’on vienne regarder de trop près leurs activités. Souvenons-nous du soulèvement des banlieues des années 2005, les quartiers qui avaient le moins bougé étaient ceux quadrillés par les dealers. Pas bon pour le commerce toutes ses agitations ! D’ailleurs, l’agitation socio-politique des jeunes dont les parents sont d’origine étrangère, n’a pas (encore ?) été récupérée par les prosélytes. Cela a été fortement souligné par les RG, les imams fondamentalistes musulmans n’ont pas cherché à puiser dans un vivier de jeunes rebelles, peut-être déjà trop marqués par des influences égalitaristes et antiétatismes, plus proches de la revendication républicaine (même version « anar ») que de la volonté de pureté.
En 2005, il n’était pas encore temps, il n’est d’ailleurs pas certain qu’une telle révolte puisse naitre spontanément aujourd’hui et il est probable que les banlieues soient mises sous observation, pas forcément par ceux auxquels on s’attendrait qu’elle le soit. Il ne faut jamais sous-estimer l’adversaire, ni l’adversaire intérieur ni l’adversaire extérieur. Une nouvelle donne est celle du retour en France des djihadistes qui déçus ou pas du nouvel ordre pour lequel ils sont partis combattre en Syrie sont potentiellement une armée de l’ombre. Ils sont définitivement marqués en tant qu’individu mais potentiellement aptes à s’organiser le moment venu pour agir. Ne pas souhaiter agiter les peurs n’empêche pas de mesurer le danger auquel nous sommes soumis. Pire, un certain nombre de ces djihadistes de l’ombre proviennent de familles bien franchouillardes de nos petites campagnes proches de nos clochers et bien éloignées des Imans radicaux œuvrant dans les mosquées qui ne connaissent pas plus les sourates que les prières et qui n’ont qu’une très vague idée de la religion et de la géopolitique.
Des paumés qui dans les années 60 auraient manifestés contre la guerre au Viêt-Nam, auraient été maoïstes, ou auraient voyagé jusqu’à San Francisco. Le mouvement May flower avait un avantage , leur bombe était l’amour, leur drogue la Marie-Jeanne moins dangereuse après tout que le captagon, petite pilule blanche à base d'amphétamines et de caféine qui est devenue le nerf de la guerre pour les combattants de l’EIIL, sous son influence, on ne ressent plus aucune émotion, ni peur. Bref, avec le captagon, on peut couper les têtes et crucifier avec le sourire et se faire sauter sur un marché avec la satisfaction béate de celui qui pense coucher au paradis avec des vierges même en arrivant un peu éparpillé et en petits morceaux. « Pour ceux qui craignent [Dieu], ce sera un succès: des vergers et des vignes, des belles aux seins arrondis, [toutes] du même âge, et une coupe débordante (78:31-34). » Voilà donc un programme alléchant pour les ahuris qui croient aux balivernes. Sans faire de blasphème, bien entendu.
Il est possible de penser que l’EIIL est aujourd’hui dans sa tentative de phase d’extension territoriale, dans la bande sahélienne et au levant. La destruction active de nos démocraties, qui sont loin d’être parfaites, viendra dans un second temps.
Actes terroristes origines confondus
Dans l’attente, ils maintiennent une pression terroriste somme toute modérée et passeront à l’offensive lorsqu’ils seront en mesure d’exploiter la déstabilisation de nos Etats. Etats dans lesquels il est encore possible de vivre relativement en paix, et qui peuvent s’offrir le luxe de « lutter contre les violences routières ». Combat de riche s’il en est alors que le reste du monde est, soit dans la misère la plus noire, soit soumis à la corruption et à la violence. La société humaine ressemble de plus en plus à un capharnaüm, par extension Vulg en arabe ou bordel pour être clair.
La misère crée la violence
Le patrimoine mondial total détenu par les habitants de la planète est estimé à 240 900 milliards de dollars en 2013, selon les données du Crédit Suisse dans son rapport Global Wealth Databook 2013 (en anglais), soit une moyenne de 51 634 dollars par individu. Ce patrimoine est réparti de façon profondément inéquitable : 83,3 % est détenu par seulement 8,4 % de la population dont le niveau de fortune est supérieur à 100 000 dollars. Les 1 % les plus fortunés contrôleraient pas moins de 46 % du patrimoine mondial total. En revanche, ceux dont la valeur de leur patrimoine est inférieure à 10 000 dollars (68,7 % de la population mondiale) disposent seulement de 3 % de l’ensemble.
Les 10 % les plus riches du monde détiennent 86 % de la richesse mondiale alors que la moitié de la population mondiale ne dispose que de 0,5 % de cette richesse.
Il ne faut donc pas s‘étonner que nos côtes sont envahies par des immigrants que l’on ne saurait confondre avec des « salauds d’étrangers » ils ont pour l’immense majorité simplement faim et espèrent pour leurs enfants une vie meilleure.
Pas seulement les vivants arrivent sur nos côtes les cadavres aussi.
Lorsque je lis sur les réseaux sociaux certaines commentaires de followers et autres facebookers qui sollutionneraient le problème en envoyant à coup de 12,7mm les bateaux par le fond avec les gens dedans, (qui sont, me semble-t-il, des humains) je constate que notre capacité à traiter les problèmes qui se situent, non pas sur nos côtes mais en amont, sont loin d’être solutionnés. Quant à fermer nos frontières, cela revient à mettre un chiffon pour colmater une trou béant dans une coque de sous-marin déchiré par une mine par 50 mètres de fond.
Ceci étant posé, j’ai bien conscience de ne pas avoir fait avancer beaucoup le dilemme. L’alternative consiste à choisir un mal contre un autre avec la certitude que tout pourrait très rapidement s’aggraver.
Alors, menace NRBC ? Oui, bombe sale posée dans un métro, certainement possible, mais ce qui m’apparait comme le danger le plus important est celui du risque chimique et biologique : peste, charbon, ebola et tularémie (une maladie infectieuse liée à la bactérie Francisella tularensis). Utilisée comme arme chimique, elle pourrait contaminer l’eau ou des aliments, ou être dispersée par aérosols.
Le risque n’est pas tant la réalité des conséquence en terme de mortalité mais la panique que ces attaques pourraient générer dans les populations habituées depuis des décennies au principe de précaution.
Certaines toxines ou substances toxiques, comme la toxine diphtérique ou la toxine botulique, sont aussi potentiellement utilisables comme arme biologique.
Le risque chimique concerne aussi bien les toxiques industriels que les toxiques de guerre, qui peuvent être utilisés notamment lors d’attaques terroristes. Ces toxiques peuvent être à l’origine d’une pollution atmosphérique ou d’une contamination des eaux superficielles et/ou souterraines, qui se traduisent souvent par un risque sanitaire d’expression immédiate (intoxication aiguë).
Une catastrophe chimique peut entraîner, dans certaines circonstances, un grand nombre de victimes.
Exercice NRBC
Tous ces risques sont connus, nous sommes préparés pour de telles attaques. Le plan pirate NRBC du SGDSN est classifié et on peut comprendre pourquoi. Si une attaque devait avoir lieu, se serait pour moi celle du début de la seconde phase, celle d’une attaque directe de déstabilisation de nos institutions, plus fragiles qu’on ne le pense. C’est pourquoi, nous ne pourrons faire l’impasse d’un engagement plus direct sur les lieux où aujourd’hui des combats. Mais une victoire militaire sur l’EIIL ne changera pas la donne de la menace, celle-ci est d’un autre ordre, tant que perdurera une masse exponentielle de populations pauvres qui veulent simplement ne pas crever.
Roland Pietrini
http://www.sante.gouv.fr/terrorisme-nrbc-e-accueil,3500.html
http://www.monde-diplomatique.fr/2006/08/DUCLOS/13741
- Plan gouvernemental Pirate-NRBC du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN).
- Doctrine interministérielle d’intervention en cas de menace chimique :
- Fiches Piratox/Piratome de prise en charge thérapeutique élaborées par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
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