Exclusif: Propositions du Président de la République, une défense pour la France.
30 mai 2017
UNE DEFENSE POUR LA FRANCE
La France est en guerre,
Dans les premiers jours qui suivront mon élection, en ma qualité de chef des armées, je convoquerais un conseil de défense restreint, réunissant le ministre de l’économie et des finances, celui de la défense, celui des affaire étrangères, le délégué général de l’armement, le secrétaire général de l’administration, et sous l’autorité du chef d’Etat-major des armées, les trois chefs d’Etat-major des armées de terre, de l’air et de la marine, ainsi que les principaux directeurs du renseignement.
Arès avoir reçu les informations nécessaires sur les conditions d’engagement de nos forces sur les différents théâtres où nous sommes présents, je veux que chacun d’eux me présente un rapport détaillé de l’état des forces, leurs besoins immédiats et urgents, leur réflexion sur la menace, leurs vision à court et moyen terme.
Dans les six mois suivants, je réunirais un second conseil de défense afin de fixer les priorités qui s’articuleront autour des six fonctions stratégiques : connaissance et anticipation, dissuasion et protection, prévention et intervention, conformément au livre blanc de 2013.
L’objectif est de remettre sur les rails une politique de défense cohérente, en relation avec nos partenaires européens, qui dimensionneront des forces taillées en fonction des menaces, afin de faire de la défense une priorité absolue dans une enveloppe budgétaire fixée à 2°/° du PIB, hors pension, dès 2020 et 2,5 °/° en 2025.
D’ores et déjà, je peux donner un certain nombre de pistes de réflexion.
Pour l’armée de terre, je souhaite que le programme Scorpion soit accéléré afin de réaliser des économies substantielles sur le maintien en condition opérationnelle de matériels dont certains sur-employés sont à bout de souffle et hors d’âge. Il n’y aura d’ailleurs, une fois que les décisions seront prises, aucun étalement de programme qui pénalise le budget et surenchérit les acquisitions.
Dois-je rappeler que le seul étalement du programme des SNA Barracuda, à lui seul, a précarisé l’emploi de 200 personnes dès 2014 et celui de 500 autres par la suite, et coûtera plus de 300 millions d’euros supplémentaires, tout en risquant de poser des problèmes en matière de maintien des compétences industrielles, et donc à terme, à la capacité de la France à pouvoir assembler ses propres sous-marins.
Il en est de même du programme FREMM pour la Marine. DCNS aurait dû livrer une FREMM tous les 10 mois. Or, le projet de LPM de 2013 avait prévu d’ajouter au minimum 4 mois de plus entre chaque livraison. Le coût de cette mesure a été estimé à 450 millions d’euros, soit le prix d’une frégate ou d’un Bâtiment de projection et de commandement (BPC). Or, le passage de 17 à 11 FREMM (prévu par la LPM 2009-2014) avait déjà coûté l’équivalent d’une frégate.
Pour la Marine, les livraisons de Frégates de taille intermédiaire (FTI) devront être avancées, et les études porteront sur la construction d’un sister-ship au PAN Charles de Gaulle, afin de réduire les études, les coûts et les délais de construction. Une dizaine de Rafale marine sera commandée en supplément de la flotte actuelle et un certain nombres d’hélicoptères d’attaque et de transport équiperont les BPC dont l’un sera transformé en PHA (porte-hélicoptères d’assaut). En outre, un BPC supplémentaire sera commandé et deux sous-marins d’attaque de type aérobie du même type que ceux construits pour l’Australie seront commandés et affectés en Méditerranée. Le coût en sera ainsi réduit. Le nombre de SA (sous-marin d’attaque) passera ainsi de 6 à 8.
Pour l’armée de terre, le programme Scorpion sera complété par une commande complémentaire d’hélicoptères intermédiaires de transport léger et d’attaque basé sur le H160. Il sera armé pour certaines versions et remplacera tous les hélicoptères de type Gazelle, Alouette 3 et Dauphin. Une flotte réduite (une dizaine) mais cohérente d’hélicoptères de transport lourd sera acquise sur étagère. Le CH47D de Boeing offrirait l’avantage de maitriser le coût de son MCO, les autres forces européennes en étant équipées et leur mise en commun possible au sein d’une structure de type European Air Transport Command souhaitable, si cette solution était retenue.
Un effort particulier devra être fait pour que l’Armée de Terre conserve une force blindée significative qui a été fixée à 200 chars Leclerc. Or cette force ne tient aucunement compte des attritions éventuelles. En conséquence, une remise à niveau a minima d’un certain nombre de chars Leclerc stockés devra être envisagé.
Cette force complémentaire du volume d’une brigade blindée de 80 chars avec ses appuis, dite Delta, sera armée par des équipages de réserve, tous issus de l’active et provenant des régiments de chars. Ils serviront sous statut de réservistes opérationnels avec des contrats renouvelables.
L’Armée de l’Air recevra dans un délai très court ses 12 ravitailleurs A330MRTT, au rythme de deux par an, à partir de 2018, indispensables à la dissuasion et à la projection des forces, relevant ainsi les Boeing C 135FR, âgés de plus de 50 ans.
La question du rythme des livraisons des Rafale pour l’armée de l’air se pose compte tenu de son succès à l’exportation. Les premiers avions livrés étant pris sur ceux qui étaient destinés à l’Armée de l’Air.
En 2017, un seul Rafale sera livré, ce qui implique un rétrofitage des Mirage 2000D, par ailleurs très sollicités sur nos différents théâtres d’interventions. Or l’Armée de l’Air ne peut projeter actuellement que 20 Rafales.
La cible du nombre de rafale est passée lors des différentes révisions de programme de 320 à 294, puis de 286 à 228 Rafale. Au 31 août 2016, 146 avions ont été livrés sur les 180 commandés au titre des 4 premières tranches.
La question se pose de savoir si cette cible est réaliste et s’il ne convient pas de revenir à 294. Le chef d’Etat-Major de l’Armée de l’Air devra me faire des propositions.
En matière de transport, la cible de 50 Atlas apparait comme raisonnable, à condition que ceux-ci puissent voler et posséder l’ensemble des spécifications demandées. Une flotte complémentaire de 18 Hercules C130, dont 4 C130J et de 27 Casa apparait sous-dimensionnée, puisque nous continuons à faire appel à des transporteurs privés, en l’occurrence russe et ukrainien. Les Antonov AN 124-100 que loue l’Armée de l’Air pour compenser son déficit en avion de transport stratégique lourd coûtent 30 millions d’euros par an. L’achat de trois Boeing C-17 reviendrait à environ 600 millions d’euros, mais nous redonnerait notre indépendance stratégique.
Quant à nos six services de renseignement, je veillerais à ce qu’ils possèdent chacun dans leur domaine les moyens de leur action et une coordination efficace. La (DGSE), chargée de l’espionnage et du contre-espionnage à l’extérieur du territoire national , la (DRSD) chargée de la sécurité du personnel, des informations, du matériel et des installations sensibles, la (DRM), chargée du renseignement tactique et stratégique sur les théâtres et les futurs théâtres d’opération de l’armée, la (DGSI), chargée du contre-espionnage et de la lutte antiterroriste, la (DNRED), à compétence nationale, chargée des enquêtes douanières et des mouvements de marchandises douteux et le (TRACFIN), à compétence nationale, chargé du renseignement sur les circuits financiers douteux et clandestins devront échanger leurs informations. D’autre part, le commandement opérationnel de cyberdéfense (COMCYBER ou COCYBER), verra ses trois missions principales, le cyber-renseignement, la cyber-protection, et les opérations cyber offensives, renforcées.
Cette politique ambitieuse a un coût, elle devra être assumée, afin de redonner à notre défense une visibilité et une efficacité pleine et entière. Un effort particulier devra être mené pour une politique d’entretien du matériel (MCO) efficace.
Il est inadmissible que 50 pour cent en moyenne de notre parc soit cloué au sol ou ne puisse rouler ou quitter les ports, faute de pièces. Chaque industriel devra désormais assumer ses responsabilités ou subira de lourdes sanctions financières, s’il n’est pas en mesure d’assumer les délais de livraison et les coûts compatibles avec les contrats signés. D'autre part, une remise à niveau des stocks de munitions et de missiles devra être menée avec les kits de guidage nécessaires pour les chasseurs bombardiers.
Il faut cesser de gérer la défense de manière uniquement comptable, sans inclure les retombées économiques positives en terme d’emploi, de capacité industrielle, de prospectives.
La commission européenne a d’ailleurs admit que chaque euro investi dans la défense génère un retour de 1,6 euro notamment grâce aux répercussions sur les emplois qualifiés, la recherche et la technologie ainsi que les exportations.
La France, seule puissance nucléaire en Europe, investit 730 millions dans ses programmes de recherche, elle devra faire un effort supplémentaire, cette somme est à comparer avec le programme de recherche européen qui est de 500 millions d'euros.
Cette puissance nucléaire, gage de notre indépendance et de notre sécurité, devra être conservée à niveau, ce qui implique un investissement de 6 milliards d’euros par an, afin de renouveler les composantes aéroportées et océaniques de notre dissuasion.
Il s’agit de construire de nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE 3G) ainsi que de développer l’ASN4G, c’est à dire le successeur du missile de croisière ASMP-A.
Or, l’enjeu industriel et notre compétence dans des domaines de très hautes valeurs ajoutées sont menacés. Il est admis que pour la construction de sous-marins nucléaires, il est nécessaire de détenir au moins 30 compétences rares, dont 12 dites orphelines (navigation inertielle, sûreté nucléaire des armes, sûretés réciproques des armes, pyrotechnie, furtivité par l’invulnérabilité, etc). Certaines entreprises françaises possédant un savoir-faire lié à l’arme nucléaire ont été reprises par des investisseurs étrangers. C’est le cas, par exemple, du sidérurgiste Industeel par ArcelorMittal, groupe né de l’OPA de Mittal Steel Company sur Arcelor, qui produit des aciers à haute résistance (notamment aux hautes pressions) destinés à la construction des coques de sous-marins conçus par DCNS.
Sans trop entrer dans les détails des approvisionnements stratégiques, le cas du tritium, qui permet d’accroître le rendement des armes thermonucléaires, sa rupture pourrait poser problème.
Si nous voulons conserver des armes nucléaires dissuasives et crédibles, donc une force de frappe garantie de notre indépendance, cet effort sera indispensable. J’y veillerais.
En ce qui concerne les effectifs, ils seront augmentés d’un millier de poste dans les trois armées pour compléter et former les nouveaux équipages et assumer certaines missions supplémentaires dans la cyberdéfense et le renseignement. Simultanément, une politique particulière et volontariste sera menée au profit des réservistes, dont le statut devra faire l’objet d’un consensus avec des perspectives de carrière et de services compatibles avec la vie professionnelle. Un service civique obligatoire de 4 mois, avec un volet militaire de 6 mois construit sur le volontariat et limité à 50000 personnels, sera constitué.
Cette force de réserve de type garde nationale recevra pour mission la défense opérationnelle du territoire. Son équipement sera pris sur les stocks existants, la formation des personnels sera effectuée par des anciens membres des forces, qui signeront un contrat spécifique complémentaire et pourront ainsi poursuivre leur carrière, en conservant le même niveau de grade et de rémunération. La Gendarmerie, anciennement mobile, en fera partie et sera équipée en conséquence. Une force blindée adaptée au territoire et aux menaces terroristes lui sera attribuée.
Adaptation, cohérence, détermination, pragmatisme et respect des objectifs seront les maitres-mots.
La France membre du conseil de sécurité, 3e puissance nucléaire mondiale, derrière la Russie et les États-Unis et devant la Chine, est aussi le seul État européen à posséder la capacité d’appréciation de la situation spatiale et détient la capacité de détection et de suivi des satellites en orbite basse, grâce aux radars de l’Armée de l’air, GRAVES et SATAN. Elle s’est dotée d’un commandement interarmées de l’espace. Dans les années qui viennent, avec la montée des menaces, elle ne peut baisser la garde dans un monde multipolaire et de plus en plus instable.
La France possède le deuxième domaine maritime mondial de 11 millions de kilomètres carrés, ce qui fait d’elle la deuxième puissance maritime mondiale, juste derrière les Etats-Unis, se doit de posséder une Marine capable de protéger ce domaine essentiel pour les générations futures.
Je compte redonner à la France sa place de leader mondial dans le domaine du transport maritime et de l’exploitation des recherches en mer. Nous possédons des ressources immenses, des hydrocarbures, des sulfures hydrothermaux riches en cuivre, zinc, plomb, cobalt, argent et or, des encroutements cobaltifères, des nodules polymétalliques contenant du fer, du manganèse, du cuivre, du nickel et du cobalt les terres rares comme l’erbium et le lutetium, indispensables à la production d’appareils électroniques courants (téléphones mobiles, ordinateurs…) ces ressources devront être exploitées dans le respect des contraintes écologiques.
C’est donc une réflexion globale, stratégique et géopolitique, qui devra être engagée. La défense de la France contribuera au réveil de notre économie.
La France, par cet effort, n’en sera que plus respectée, car il ne faut jamais oublier que seuls les intérêts de notre pays doivent dicter notre attitude et nos actions.
Le 14 juin 1960, le général de Gaulle est venu à la télévision prononcer une allocution qui reste célèbre à plus d'un titre. L'allocution commence par "Il était une fois un vieux pays, tout bardé d'habitudes et de circonspection, naguère le plus peuplé, le plus riche, le plus puissant de ceux qui tenaient la scène, il s'était, après de grands malheurs, comme replié sur lui-même, tandis que d'autres peuples allaient croissant autour de lui »
Aujourd’hui, il est temps de redonner à la France cette force et de donner aux Français cet espoir. Construisons l'avenir ensemble.
Signé : X
Président de la République
Pour éviter toute confusion je rappelle que j'en suis l'auteur.
Roland Pietrini
janvier 2017
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