ATHENA-DEFENSE

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La guerre commence infiniment mal, il faut continuer...

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Nous passerons un jour de la résilience à l’habitude et de l’habitude à l’indifférence.  

Une tête coupée suspendue aux grilles d’une usine de France entre deux drapeaux islamistes,  ce qui est le quotidien en Syrie, en Irak et ailleurs sur notre bonne terre, n’a en fait, à l’échelle de  l’intérêt de nos contemporains élevés au biberon des fantasmes post soixante-huitard,  pas plus d’importance que la dernière incartade entre vedettes minuscules  à « On n’est pas couché » et des dernières aventures de Francis aux « Guignols de l’info ». La suppression de cette émission risque de mobiliser d’ailleurs plus de monde que ne mobiliserait une hypothétique manifestation de soutien à nos soldats en opération pour qu’ils aient les moyens simplement de  remplir leur mission, sur le territoire national et ailleurs.

 

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Quand le premier ministre de ce « grand pays » qu’est la France,  déclare à qui veut bien l’entendre que nous sommes en guerre, alors la cohérence voudrait  que nous mettions en corrélation les moyens humains et matériels avec le combat à mener.  

Dans ce contexte, ce même Premier ministre en rajoute, on ne peut lui en vouloir, en définissant cette guerre contre le terrorisme comme étant une  guerre de civilisation,  ce qui voudrait dire que la barbarie des AQMI au Sahel de Daech et de Jabhat An-Nusra au Levant, de Boko-Haram au Nigéria, des Shebabs en Somalie, Ansar Beït al-Maqdess au Sinaï,  sans oublier de ceux qui se sont ralliés à l’EI au Caucase,  au Pakistan, en Afghanistan et ailleurs,  serait l’exemple d’une forme de civilisation,  ce que je conteste.  Non, c’est beaucoup plus simple, ce sont des mabouls qui ont simplement pour objectif d’entrainer vers l’obscurantisme le plus noir ce qui reste de notre Occident. Et cela nous posent problème, puisque nous sommes face à un ennemi que nous avons contribué à enfanter.

 

Nous avons depuis des générations toléré l’intolérable, c’est-à-dire accepté, alors que nous  nous remplissions  la panse en consommant  plus que l’on ne  pouvait, à ne pas  prendre en compte le désarroi,  puis la révolte de ceux qui nous regardaient crever de cette  mal bouffe alors qu’eux crevaient de malnutritions, de manque d’eau et du pillage de leurs propres richesses. Je sais, certains vont me traiter de gauchiste. Gauchiste, moi qui fut traité de facho  la plus grande partie de mon existence parce que je portais l’uniforme ?

 

Pire encore,  on a tenté de leur apporter sur un plat d’argent notre démocratie, c’est-à-dire la forme la plus élaborée de notre hypocrisie, celle qui consiste à faire croire que nous sommes libres et égaux en droit. Alors que voilà depuis fort longtemps,  nous avons oublié les idéaux de la révolution française et remplacé les aristocrates à la lanterne par nos politiques pendus aux lustres de la république et de leurs privilèges.  

Nous avons essayé de vendre à la terre entière un modèle  réputé meilleur, celui du libre-échange puis de la mondialisation, alors qu’il n’était que bidon, bâti sur un quiproquo, celui qui a, au XIXème siècle comme au XX°, divisé le  monde et créé des Etats  à grands coups de crayons sur des cartes approximatives  sans s’occuper le moins du monde, ni des peuples , ni des religions.

 

Nous leur avons exporté la liberté, à ces "sauvages",   c’est-à-dire le droit d’échanger leur culture contre la nôtre et ça coince. Plus récemment celui d’échanger leur  totalitarisme terrifiant contre nos lumières et notre bienfaisante capacité à savoir pour eux ce qui leur convient, coince tout autant.

Nous avons généré donc, cette terrifiante terreur des mabouls qui remplacent le vide que nous avons créé, alors peu importe que ce soit au nom d’Allah qu’on décapite, on écartelait tout autant  ou on brûlait au  nom du Dieu chrétien. Tout cela est un peu kif kif, ils font avec un certain retard,  ce que nous faisions avec enthousiasme quelques siècles plus tôt, en Espagne, en Amérique du sud, en Amérique du Nord,  une  pseudo guerre de civilisation à l’envers en quelque sorte. Tiens, Valls aurait-il raison,  lui qui a du sang espagnol dans les veines ?  

 

La religion,  quant à elle, ou plutôt ce que l’homme en a  fait et contre laquelle la révolution avait lutté,  revient en force, alors qu’on la croyait mourante. Cette appartenance aveugle et sectaire  en raison de la Foi,  remplace partout où elle s’installe d’autres religions humaines qui nous ont emmené tout autant à l’horreur, tels que le communisme et le nazisme.  Ce sont ces échecs et ces   horreurs que  nous leur avons  donnés en exemple.

Que l’on ne se méprenne pas, je ne les excuse pas, ces barbus à kalach et au sabre,  je les conchis, mais avec un bémol, celui de rester parfaitement  conscient de notre incommensurable responsabilité.

 

Nous sommes à la fin d’un cycle, nous sommes sur le fil du rasoir, nous sommes mûrs pour  un effondrement sans  précédent de notre modèle de société. Cela peut arriver à tout moment et nous risquons alors de vivre un nouveau totalitarisme qui par un réflexe de survie des masses peut nous être imposé à tout moment, puisqu’il sera réclamé et accepté avant qu’elles ne s’aperçoivent de leur erreur.  

C’est pourquoi nous ne pouvons être victorieux face  au terrorisme en apportant des solutions  uniquement militaires. La réponse n’est pas à la hauteur de l’enjeu.  C’est en luttant bec et ongle pour régénérer nos valeurs morales, en revenant à des fondamentaux simples. Respect de la laïcité, lutte contre les sectarismes et les communautarismes, valeur renouvelée  envers l’éducation, une éducation qui redonne à l’écrit et au verbe toute son importance. Il faut imposer une égalité réelle devant le droit au travail,   et probablement étudier le retour d’un service national obligatoire civique ou militaire au choix, mais indispensable pour redonner à une partie de notre jeunesse,  qui en a tant besoin,  le goût de l’effort,  de la parole donnée et le respect des autres.

 

Remplacer l’imbécile diktat du risque zéro par une culture du risque raisonné et abolir le principe de précaution qui fait que nos apprentis couvreurs ne peuvent monter sur les toits et nos apprentis menuisiers utiliser une scie.

 

Cela n’est pas du détail, mais le signe de notre infernale descente dans un monde ubuesque totalement déconnecté de la raison du monde. Celui de faire de nos sauvageons des citoyens tout simplement conscients de leur appartenance à une société qui pour être imparfaite   n’en est pas moins  digne d’être défendue. Cela évitera, peut-être,  un jour le départ de certains  vers l’horrible choix du djihad  dévoyé.  Il faut garder espoir cependant puisque avec de Gaulle on peut encore dire :   la guerre commence infiniment mal ; il faut donc qu'elle continue. En attendant il faut tenir.

Roland Pietrini


 


02/07/2015
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