Mali: La rançon d'un bataille..
François Hollande est donc accueilli en libérateur au Mali tel l’imperator… Qui aurait pu croire, il y a 3 semaines à peine un tel consensus national autour de son action, ? Qui aurait pu croire que l’Afrique grâce à cette action militaire majoritairement française face à un terrorisme organisé sous couvert de guerre sainte, de djihad et autres« al-ǧihād bi anfusikum » (Lutter avec votre âme) (qui aurait bougé sinon la France ?) commence à prendre conscience du danger qui les menace ? Celui de la négation de leur propre culture et de l’asservissement. Cela valait bien un dromadaire ! (Cadeau de bienvenue à Tombouctou pour François Hollande )
Mais rien n’aurait été possible, sans nos armées françaises, que la gauche défiante (pas toute) avait l’habitude souvent de négliger et de considérer comme étant une variable d’ajustement au profit de ministères considérés comme prioritaires. (mais, la droite en la matière n’a pas de leçon à leur donner !) À Sévaré, le président a félicité les militaires, il le leur devait bien. Il est indéniable qu’il a marqué des points, et quelques-uns dans les sondages… Cette visite, bien opportune, il faut le dire, est une réussite, d'un point de vue militaire et diplomatique,..
Mais cela est fragile, pour plusieurs raisons :
La première est que le plus difficile reste à faire tant sur le plan militaire que diplomatique.
François Hollande a délivré un message sans ambigüité : «Le terrorisme a été repoussé, il a été chassé, mais il n'a pas encore été vaincu. Je n'oublie pas que lorsque la France a été elle-même attaquée, qui est venu alors ? C'est l'Afrique, c'est le Mali. Merci, merci. Nous payons aujourd'hui notre dette à votre égard» a ajouté François Hollande en faisant référence aux tirailleurs africains. Ce qui en d’autres termes indique que le retrait de nos troupes s’effectuera qu’après avoir fini le job.
Ce langage de fermeté agrémenté d’un rappel salutaire est comparable toute proportion gardée au « Lafayette nous voilà » des américains à notre égard, et cela est habile. Mais il ya a un risque, celui de l’inconstance des foules, celui de la constitution d'une force multinationale autour de la CEDEAO pour nous remplacer, qui demandera du temps, de la constance, des moyens financiers, du doigté en donnant des signes aux Maliens qu’ils sont maîtres chez eux, et que nous sommes présents que pour les aider. Ce qui n’est, bien sûr, qu’un discours de façade, chacun sait que nous serons en première ligne pour un bon moment encore, avec les quelques forces africaines capables de nous aider, en majorité des Tchadiens et des Nigériens. A terme, ce seront 5 700 soldats ouest-africains et 2 200 Tchadiens qui devraient épauler une armée malienne totalement défaite pour tenir le nord du pays. Nous sommes plus de 3400 français, 4000 prochainement, et nous sommes condamnés à rester longtemps.
La seconde raison est celle de l’inconnu que représente l’attitude de l'Algérie, qui se tient à l'écart, malgré l'attaque d'In Amenas sur son territoire, Or l’Algérie dispose d'une armée bien équipée, en nombre et surtout aguerrie à la lutte contre le terrorisme, mais avec des méthodes qui ne sont pas les nôtres. Pour l’instant, on ne peut pas dire de quel coté, elle se rangera, ou si elle jouera double jeu, compte tenu de sa situation intérieure plus que délicate. L’Algérie est un chaudron en ébullition, dont le couvercle peut sauter à tous moments.. La France qui se retrouve désormais en première ligne est toute proche des territoires considérés comme étant d’intérêt stratégique par l’Algérie. Elle saura nous le faire savoir.
Autre danger :celui des règlements de compte possibles, pour lesquels la France risque de se trouver indirectement accusé, si ceux-ci étaient incontrôlés « Les «farouches» soldats maliens de la vingt-cinquième heure, auteurs des exactions contre les «teints clairs», oublient que ceux qui les ont libérés de l’étreinte terroriste ont le teint encore plus clair que les «teints clairs» et qu’à ce jeu raciste et tragique de la pigmentation, la prochaine débandade risque de ne pas s’arrêter à Bamako » Abdallah Ould Youba Amnesty international..
La troisième raison est celle de nos alliés occidentaux, américains et européens. Les premiers, alors que en son temps, Hillary Clinton avait estimé que "seul un gouvernement démocratiquement élu aura la légitimité pour parvenir à une résolution négociée au Nord Mali et mettre un terme à la rébellion" ce qui était une forme déguisée pour ne pas s’engager, ont apporté leur aide à reculons, jusqu’à souhaiter faire payer leurs services et leur matériel engagé sur place. Ils sont redevenus plus coopératifs, après avoir compris que la lutte contre le terrorisme restait un objectif tout azimut . Mais comment leur en vouloir ? On leur demande de l’aide et on les laisse se débrouiller seuls en Afghanistan, en leur imposant un retrait anticipé de nos troupes pour des raisons de respect de paroles purement électorales. Mais le ton a changé désormais, Joe Biden, le nouveau secrétaire d’Etat a la défense a rendu hommage au "courage" et à la "compétence impressionnante" des soldats français engagés au Mali, et a félicité la France pour son "action décisive" dans ce pays, tandis que le chef de l'État français a remercié Washington pour son "soutien politique, matériel, logistique". En tout cas, sans leurs C17 dans une première phase et leurs ravitailleurs et sans leurs drones, nous aurions eu des difficultés pour nous déployer et pour détecter les poches terroristes dans un secteur aussi vaste que la France. Ce fut d’ailleurs le cas pour notre engagelent en Libye. Nos moyens de renseignement et de projection restent insuffisants.
Quant à nos « amis » européens, le moins que l’on puisse dire c’est qu'en dépit des applaudissements de circonstances ceux-ci n’ont pas bougé ! A l’exception de ceux qui ont bien voulu nous apporter des moyens aériens gros porteurs que nous ne possédons pas. L’Allemagne est restée en retrait. Il est vrai, qu’enfin, le 12 février, commencera la mission EUTM, qui se résumera par l’envoi de 450 Européens pour la formation de l'armée Malienne pour une durée 15 mois. Bref l’Europe reste l’Europe, c'est-à-dire un nain sur le plan militaire et international, alors que son PNB (produit national brut) est égal à celui des États-Unis.
Restent les cotés positifs : Sur le plan intérieur, le président Hollande a épousé son rôle de président. Il a donné des signes forts pour faire comprendre à l’opinion que la défense de la France se fait aussi au-delà de nos frontières, et que cela a un coût. Cela suffira-t-il pour cesser de lessiver nos moyens de défense et diminuer notre budget ? Des rendez-vous son programmés avec le livre blanc et la nouvelle loi de programmation. Nous verrons et jugerons. Sur le plan extérieur et diplomatique, Hollande commence à prendre une stature internationale..
Mais il faut qu’il se souvienne : « L'essentiel, pour jouer un rôle international, c'est d'exister par soi-même, chez soi. Il n'y a pas de réalité internationale qui ne soit d'abord une réalité nationale. »
de Gaulle, le 13 décembre 1959.
Et les otages, ne les oublions pas : «Nous sommes présents, nous sommes tout près. À partir de là, les ravisseurs doivent comprendre que le moment est venu de libérer les otages » François Hollande
Roland Pietrini
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