ATHENA-DEFENSE

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Sous-marins australiens, un fiasco et un signe de notre déclin.

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Sous-marin australien de type Attack dérivé du Barracuda

 

 

Ainsi, nos deux amis Scott Morison l’Australien et Boris Johnson le Britannique ont signé une alliance stratégique avec « notre très grand ami de la France » Joe Biden l’Américain.

 

Cet  accord tripartite vise notamment à contrer les activités de la Chine dans le bassin Indo-Pacifique.

 

Au passage, nous subissons la perte d’un contrat de 50 milliards de dollars signé sous la présidence Hollande pour la construction de 12 sous-marins anaérobie (1).

 

Sous la pression américaine et de l’inénarrable Boris, les Australiens ont changé de paradigme et choisi l’achat de sous-marins nucléaires, probablement américains.

Or, nous sommes nous aussi présents dans la zone indopacifique où nous avons des intérêts, mais nous n’avons plus les moyens d’être un acteur de poids après la destruction constante depuis 30 ans de notre Marine qui ne peut, au mieux, que faire de la présence avec des frégates tellement furtives et rares qu’on ne les voit pas…

 

 

Lorsque l’on veut vendre 12 sous-marins et que l’on n’en possède que 5, on ne peut que rester modeste dans nos objectifs (5 SNA sur 6 et 4 SNLE).  Nous payons aujourd’hui la destruction de notre outil naval, tout comme de nos outils terrestres et aériens. En réalité, nous sommes devenus un nain stratégique.  

 

Cette humiliation, certains parleront de trahison, était prévisible depuis que la France soustraite sa souveraineté à une Europe, elle-même soumise aux Etats-Unis et à l’OTAN, qui est lui-même  instrument commercial des Etats-Unis pour vendre ses armes à une Europe sans défense sérieuse.  

 

Nous en récoltons les fruits, d’autant plus que la France de Monsieur Macron croit encore à une défense européenne, dont elle en serait le leader.  

Pourtant tout démontre l’irréalité de ce projet. Ni l’Allemagne, ni la Pologne, ni l’Italie pas plus que l’Espagne ne le souhaitent. Quant au Royaume-Uni, il est désormais un vassal décomplexé des Etats-Unis.

 

 

L’histoire est têtue. La perfide Albion a toujours été hostile à la France, elle combat depuis des siècles toutes ses velléités de puissance. Après avoir paralysé la communauté européenne depuis qu’elle y est entrée, elle en est sortie, tout en estimant  que l’Allemagne finirait  le travail qu’elle avait si bien commencé, celui de faire entrer  la France dans le giron atlantique.

  

Les Etats-Unis, qui avaient auparavant imposé leurs chasseurs F16 à la Pologne puis le F35 aux autres, (Suisse comprise), sont sur le point d’imposer à la Grèce leurs frégates éliminant de nouveau toute velléité française.

En réalité, ils nous laissent que les miettes d’un marché de l’armement et de la sécurité qu’ils dominent.

 

Ce partenariat Ankus qui permettra à l'Australie de devenir le septième pays au monde à disposer à terme de  SNA, alors qu’il y a à peine 18 mois elle n’en voulait pas, démontre a postériori la fragilité d’un accord franco-australien pour la construction de 12 sous-marins de type Barracuda dont huit devait être construits en Australie. Mais au-delà, la fragilité de tous nos accords. 

 

Pour comprendre ce revirement,  il est essentiel de percevoir ce qui se joue actuellement dans la zone indopacifique.

La Chine, qu’on le veuille ou non, qui domine désormais le monde sur le plan économique, ne cache plus ses prétentions de dominance mondiale géostratégique et militaire.

  

Avec des sous-marins classiques, l’Australie pouvait défendre au mieux ses abords maritimes mais avec des sous-marins nucléaires dont l’autonomie est illimitée, elle participera aussi à la défense stratégique des Etats-Unis.

 

Même si nous aurions été capables de fournir à la marine australienne des sous-marins nucléaires si elle l’avait demandé, ce qui n’est pas prouvé, car nous avons toutes les peines du monde à respecter notre propre calendrier d’équipement, nous n’aurions pu remporter ce marché.  

 

L’Australie, qui jusqu’à aujourd’hui était hostile à ce mode de propulsion, en interdisant dans ses ports les navires nucléaires, a donc changé de paradigme sous l’influence des Etats-Unis.

 

Cela ne pouvait se faire que dans notre dos, et les gesticulations de la France qui avait envoyé un sous-marin dans cette région et quelques Rafale ne pouvait changer l’inéluctable constat de notre nanisme stratégique. L’Australie en a tiré les conséquences et s’est réfugiée définitivement sous l’aile protectrice de l’oncle Sam.

Mais, ce revirement australien dans le dos de la France montre une nouvelle fois notre incapacité à réagir et nos faiblesses. Alors, on fera comme d’habitude, après quelques aboiements de caniche effarouché, nous rentrerons dans la niche.

 

 

En réalité, ces alertes de revirement australien sous l’influence US n’étaient pas des signaux faibles.  

 

Depuis 18 mois, des négociations étaient en cours entre les EU et l’Australie, et des lobbies puissants démontraient que l’accord franco-australien était fragile.

À moins de considérer nos services de renseignement comme totalement incompétents, le pouvoir ne pouvait l’ignorer.

 

D’ailleurs, Scott Morrison le premier ministre australien expliquait à une radio australienne : "Lorsque j'ai rencontré le président (Macron) à la fin du mois de juin, je lui ai clairement fait part (...) de nos inquiétudes concernant la capacité des sous-marins conventionnels à faire face au nouvel environnement stratégique". Et selon lui, Emmanuel Macron lui aurait même répondu que "c'était une question sur laquelle l'Australie devait se décider en prenant compte son intérêt national".

 

Ils ont suivi son conseil. Le président Macron aura une nouvelle fois considéré comme acquise une situation qui ne l’était pas et bradé notre souveraineté au profit d’un aveuglement coupable, conséquence de sa suffisance et de son complexe de supériorité.  

 

Une légèreté et un revers de plus pour un homme qui voulait jouer dans la cour des grands, sans en avoir la stature  et qui illustre notre déclin. 

 

Nous allons perdre encore et encore, jusqu’à ce que l’on comprenne que notre espoir se situe dans la mise en place de dirigeants nouveaux capables de reconstruire une France forte et souveraine.  

 

Je crains que ce ne soit trop tard, bien trop tard.

 

Roland Pietrini  

 

(1)    Les systèmes de propulsion anaérobie (ou AIP, abréviation de Air Independent Propulsion en anglais) sont un type relativement récent de systèmes de propulsion pour sous-marins pouvant fonctionner longtemps sans utiliser d'air extérieur, ce qui évite au sous-marin anaérobie de sortir son schnorchel, limitant sa vulnérabilité. Le système de propulsion anaérobie apporte aux sous-marins d'attaque conventionnels une amélioration notable de leur autonomie en plongée (quelques jours contre quelques dizaines d'heures pour un sous-marin à propulsion classique) et par conséquent de leur discrétion, leur furtivité.



18/09/2021
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