Une exfiltration risquée. toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite ( suite)
Un autre extrait du roman -La Menace- dans l'attente d'une éventuelle publication. Les extraits que je mets en ligne n'obéissent pas forcément à la logique du récit.
Toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
La première station d’écoute de la DGSE qui capta le signal envoyé par la balise de Charles fut celle de St Laurent de la Salenque. Elle se situe au milieu des marais, sous le mont Canigou, à quelques kilomètres de Perpignan. Ses antennes " parapluies " qui mesurent à peu près quatre mètres de haut sont orientées vers la Méditerranée. C'est un lieu isolé, sans perturbations électromagnétiques. La seconde fut celle de Domme en Dordogne. Elle est l’une des stations d’écoute les plus importantes au monde, elle possède treize immenses antennes paraboliques qui espionnent, jour et nuit, toutes les communications internationales qui transitent par les satellites visés. Sa vocation n’est pas celle d’écouter ce type de signal, mais il est probable que quelques antennes annexes agrémentent la mission principale d’écoute dirigée vers l’extérieur du territoire. La DRM localisa aussi le signal très particulier à partir l’un des deux C160 Gabriel qui volait pour une toute autre mission en décrivant une ellipse proche du Liban. Dans les minutes qui suivirent, le navire espion Dupuy-de - Lôme confirma, il voguait loin des côtes au sud de Chypre. Avec tous ces éléments, il fut facile de trianguler et de préciser le point exact d’émission du signal.
Simon en fut immédiatement informé et réunit les principaux responsables de la cellule de crise. Spontanément, le commandement des opérations spéciales proposa de sursoir à l’exfiltration de la cellule déjà en place, dans l’attente de nouvelles directives. Simultanément, Sacha et Lucien reçurent l’ordre par message flash sur le canal d’urgence de rester sur place.
La mise en alerte d’un commando du CPA 20, spécialisé dans la récupération des pilotes éjectés et isolés en zone hostile, fut décidée. D’autre part, ordre était donné à un élément santé composé d’un médecin et d’un infirmier de se pré-positionner au Liban sur la base militaire de Rayak. Charge était donnée à François, chef du poste DGSE au Liban, de prendre contact avec les autorités libanaise pour obtenir toutes les autorisations nécessaires. L’opération baptisée Arak, du nom d’un alcool local syrien, était lancée. Dans l’hexagone de Balard, au ministère de défense, le CPCO fut informé qu’une opération spéciale aurait lieu dans la zone 111 couvrant les frontière Syro-libanaise du Qalamoun.
Sur le terrain, Sacha et Lucien reçurent très rapidement des directives. Celles-ci comportaient, le positionnement exact de Charles, baptisé pour l’occasion RC, les codes et fréquences à activer sur ordre, la conduite à tenir dans le cas d’un contact avec les présumés hostiles sur place, les différents itinéraires possibles pour arriver jusqu’à la position de RC. Toutes ces informations furent reçues par une procédure particulière en message flash crypté, qui dura moins d’une seconde. Le message concluait par un ordre, - prendre les initiatives nécessaires en fonction de vos réalités de terrain pour ramener RC de toute urgence. - Sacha envoya l’aperçu réglementaire. Il était 23h 00 GMT, 22h 00 à Paris.
Sacha et Lucien se concertèrent. Dans ce genre de situation, toutes les décisions sont prises en commun. Après étude de l’itinéraire, ils choisirent de rattraper la piste en contrebas empruntée la veille par la katiba du Hezbollah, puis, de faire un léger détour par une voie paraissant plus carrossable et moins étroite jusqu’à atteindre la position de RC. La distance entre leur position et le point à atteindre était d’environ sept km. Le retour s’effectuerait par le même itinéraire. Ensuite, ils aviseraient s’il serait encore possible de rejoindre la DZ de récupération de l’autre côté de la montagne, près du village abandonné de Tfail, au Liban situé à une distance de quinze km.
A 23h 30, le binôme commença sa progression. Lucien ouvrait la marche, il était le plus expérimenté dans la conduite du Quad. Ils conduisaient avec leurs lunettes d’intensification de lumière sur le casque. La descente vers la piste en contrebas s’avérait périlleuse, outre la raideur de la pente, de gros blocs de pierres déstabilisés par leur passage, roulaient, les contraignants à piloter sur des trajectoires parallèles et sur une seule ligne. Le quad de Sacha resta bloqué en équilibre instable, le pont arrière touchant un rocher. Il fut nécessaire de le faire riper avec l’aide d’une barre de fer servant à ancrer l’extrémité du treuil. Ils mirent ainsi plus d’une demi-heure pour franchir les six cent mètres les séparant de la piste qu’ils atteignirent aux alentours de minuit. Debout, sur leur quad afin d’observer au mieux la piste au-devant d’eux, ils franchirent les kilomètres restants sans un autre incident notable. A cent mètres du but, ils s’arrêtèrent et coupèrent les moteurs. Le silence revint, un silence seulement troublé par le bruit du vent agitant quelques feuilles sèches des arbres alentours.
Sacha partit à pied en reconnaissance, prêt à tirer, si nécessaire, avec son fusil d’assaut HK 417. Dans ses lunettes, il repéra assez rapidement un rocher caractéristique, entreprit de faire le tour et reconnut dans cette forme recouverte et tassée, le corps d’un homme. La procédure aurait voulu qu’il le maitrise afin de l’identifier, il ne put s’y résoudre car l’homme qui le regardait avait la moitié de la tête totalement gonflée et noire. L’homme, les yeux ouverts, lui dit simplement.
- Bonsoir, il est temps, je suis Charles -
Il était 0h 25. La suite fut relatée lors du débriefing de Sacha et de Lucien et dans leur note de renseignement qui suivit.
- Dès l’arrivée sur le site à 0h 25 GMT, nous avons jugé la situation sanitaire de RC préoccupante. Même s’il arrivait à s’exprimer, on sentait une grande difficulté à la concentration. On lui demanda quel était le niveau de sa souffrance, il nous répondit que c’était supportable. Dès les premiers instants, il nous indiqua qu’il avait en sa possession un objet dans la poche intérieure droite de son blouson et qu’en cas de problème il était de la plus grande importance que nous le rapportions au responsable de la mission. Nous l’avons rassuré et nous lui avons indiqué que nous avions parfaitement compris. Nous avons décidé de tenter de l’évacuer sur le quad de Lucien, sans être certains que l’effort physique demandé serait dans ses possibilités. Il comprit qu’il était nécessaire de s’assoir à califourchon derrière le conducteur. C’est ainsi que nous avons effectué la première progression jusqu’à la frontière. A deux reprises, sur les 12 km qui nous séparaient de la frontière nous avons marqué un arrêt pour le protéger du froid avec les couvertures de survie que nous avions attachées autour de lui avec des liens. Dès que nous avons constaté que nous étions dans un lieu plus sécurisé, nous l’avons allongé sur une couverture. Nous avons constaté une dégradation de son état, un ralentissement du pouls, sans réellement savoir comment nous pourrions l’aider. C’est alors que nous avons décidé de contacter le capitaine de vaisseau « Bertrand » chef de l’opération, auprès duquel nous avons pu rapidement décrire la situation. Il nous demanda de changer de destination et de nous rapprocher de Aïn Ej Jaouze au Liban. Nous estimions alors notre distance à environ 2,5km avant de nous mettre en attente de l’évacuation qui aurait lieu à 5 h GMT. Il était 2h 30. A 3 h00 nous avons reçu une information nous demandant de faire à RC une injection d’atropine, ce que nous avons fait. Peu après, son pouls s’est stabilisé. Nous ne cessions de lui parler afin qu’il ne s’endorme pas. Nous lui avons parlé d’une évacuation dans les deux heures par hélicoptère jusqu’à Rayak, où il serait évacué immédiatement vers Paris. RC nous demanda alors de faire en sorte que soit présent à notre arrivée un certain François de l’ambassade de France à Beyrouth. Nous lui avons répondu que le nécessaire serait fait dès que les conditions de sécurité seraient réunies.
Il parlait avec difficulté et très lentement mais de manière très distincte. Son visage présentait des hématomes très importants, nous avons alors confirmé par message la nécessité d’une présence médicale d’urgence à notre arrivée. Il nous parlera à aucun moment d’autre chose que de la nécessité de parler à « François »
à suivre...
Roland Pietrini
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