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Mistrals russes: les dés sont jetés

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Les dés sont jetés, la cause semble entendue, les deux navires de type Mistral destinés à la Russie ne seront pas livrés. Les conséquences tant politiques qu’industrielles sont encore difficilement mesurables. Il semblerait que Vladimir Poutine souhaite temporiser. En effet, il n’est pas dans son intérêt de  montrer que la Russie serait affectée par cette déconvenue.   « Le refus de livrer ces navires est évidemment un mauvais signe, mais je vous le dis sincèrement – cela n’affecte en rien notre défense nationale » précisant que la Russie avait conclu ce contrat pour la construction des Mistral avec la France, « avant tout pour soutenir nos partenaires et assurer le fonctionnement de leurs chantiers navals ».

 

On apprend donc par cette adresse que la Russie peut se passer de cette livraison et que cette commande n’avait que pour but de soutenir le chantier de Saint Nazaire qui en avait bien besoin. Le ton est modéré mais la maîtrise de la syntaxe n’empêche pas l’intention d’humilier, ce qui ressemble à un prêté pour un rendu, après la non représentativité des autorités françaises au 70° anniversaire de la « grande guerre patriotique » à Moscou.

 

Au passage, Poutine n’omet pas d’enfoncer le couteau là où cela fait mal  « Nos partenaires perdent une partie de leur souveraineté en la cédant volontairement à l’OTAN, ce qui remet en question leur fiabilité », a-t-il déclaré.

Moscou,  qui a déjà payé 890 millions d'euros à l'État français, est en droit de réclamer des dommages et intérêts pour rupture de contrat, d’autant plus que la partie avant des navires a été construite aux chantiers  navals russes Baltiiski Zavod de Saint-Pétersbourg.

 

Selon le quotidien Kommersant se référant à ses sources dans le domaine de la coopération militaire et technique, la France propose de rembourser à la Russie environ  785 millions d'euros que cette dernière ne pourra obtenir qu'une fois que le gouvernement russe donnera  son autorisation par écrit de vendre, sans conditions préalables,  les navires à un pays tiers.

Toujours selon ce journal, Moscou n'est pas d'accord avec cette approche, "les dépenses et les pertes" étant estimées à 1,163 milliards d'euros. (formation des marins russes, construction des infrastructures à Sébastopol et des 4 hélicoptères de combat prévus pour armer les deux navires)  Par ailleurs, Moscou n'a nullement l'intention de donner son aval pour la revente des navires avant de toucher l'argent.

 

Le Vladivostok et le Sébastopol risquent de rester à quai encore longtemps. Avec beaucoup d’habilité, l'expert militaire Ivan Konovalov, directeur du Centre de la conjoncture stratégique, déclare à la radio Sputnik

"Bien sûr, il est difficile de revendre ces navires parce que, premièrement, ils sont dotés d'équipements russes et, deuxièmement, le marché de navires de débarquement universels n'est pas très grand, en principe. D'autant que la concurrence est importante. Des navires de cette classe sont également fabriqués par l'Espagne, les Pays-Bas, la Corée du Sud et les USA et la demande n'est pas très élevée". Ce n’est pas faux, d’autant plus que des transformations pour une occidentalisation sera nécessaire et que beaucoup de marines y compris la marine canadienne  avant de  reprendre des navires destinés à la marine russe se poseront certaines questions sur  plan de l’éthique. Une  opération disons délicate.

 

Il me semble qu’une solution pourrait être envisagée, celle du rachat par l’Europe de ces navires afin de concrétiser une coopération active dans une  Europe de la défense dynamisée. Ces navires, véritables couteaux suisses, ne seraient pas en manque de missions et pourraient porter hauts les couleurs de l’Europe partout où les crises  et les catastrophes justifieraient leur présence. Mais cela est un rêve et une toute autre histoire. Ce serait un signe fort pour une Europe enfin majeure et indépendante… Une fiction en quelques sorte.   
 

 https://www.athena-vostok.com/exclusif-plaidoyer-dun-officier-de-la-marine-canadienne-pour-equiper-la-mrc-de-navires-de-type-mistral

  

 A relire, un article du 15 novembre 2014.

https://www.athena-vostok.com/mistral-ou-lart-de-transformer-un-outil-dimportance-diplomatique-en-baton-merdeux

 

 



 



15/05/2015
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